Les joies du death mélodique
Fallen Joy, jeune groupe français, sort en 2013 son premier album, intitulé Inner Supremacy. Emboîtant le pas de groupes marquants comme At the Gates ou In Flames, les Franciliens servent un death metal mélodique solide qui suit à la lettre les codes du genre. Sans révolutionner cette niche, la joyeuse bande peut se targuer d’une certaine capacité à accrocher l’oreille de l’auditeur.
Fans d’In Flames ou autre groupe de metal de l’AOC Göteborg, réjouissez-vous, la relève est là. En effet, des metalleux de la région parisienne ont décidé de livrer leur interprétation de cette frange bien identifiée du death metal : Fallen Joy. Cinq ans après leur formation, les cinq gaillards délivrent leur premier album, intitulé Inner Supremacy.
Ici, point de bourrinage massif ou de volonté de bombarder les tympans des plus téméraires. Fallen Joy fait dans la finesse et dans le sexy. Ainsi, on a droit à des mélodies propres et accrocheuses, pour la plupart portées par Jean-Baptiste Mutti, guitariste soliste qui joue ici un rôle-clé dans les compositions, essentiellement mélodiques, avec un son précis et assez clair pour transmettre les aspects mélancoliques ("Circle of Illusion") ou épiques ("Hold the Final Breath").
Mais le reste de l’orchestre ne démérite pas, avec un Bastien Thibaut qui abat les riffs de manière carrée et efficace, tout en sachant mettre sa touche agressive sur "Blood on the Wheel". Ce même guitariste pousse aussi quelques growls bien sentis pour accompagner le hurleur principal Gul, qui présente un growl typique du genre, assez aigu et émotif, sans les régurgitations dont les Floridiens sont friands. On peut néanmoins trouver un léger manque de variété dans ses intonnations. Coté rythmique, le bassiste Sam Allié et le batteur Antonio Dalloi accompagnent l’ensemble de l’orchestre avec application, tout en sachant se mettre en avant sur "Circle of Illusion". Chacun bénéficie d’un son propre et d’une production qui donne lui l’espace nécessaire.
Si Inner Supremacy est plutôt solide le long de ses 43 minutes, avec des chansons efficaces qui vont droit au but, on peut néanmoins lui infliger quelques légers griefs. Fallen Joy, en bon faiseur de death metal mélodique, est plein de bonne volonté, si bien qu’il marche un peu trop prêt de ses ainés. On reconnait ainsi un bout d’At the Gates là, un solo façon Alexi Laiho (Children of Bodom) plus loin ou encore un refrain qui rappelle Amon Amarth sur "Hymn of the Silent Soldiers". Il n’est aucunement ici question d’usurpation, mais d’un côté quelque peu scolaire qui pourrait gêner certains.
Néanmoins, Fallen Joy réussit avec les honneurs l’exercice du premier album, en livrant une énergie que ferait des envieux dans le metal moderne, et ce avec une maîtrise instrumentale irréprochable. Il ne leur reste plus qu’à affiner leurs compositions pour s’élever encore, bien que la barre est déjà haut-placée. Le death metal de Göteborg made in France se porte à merveille et a tout pour faire des ravages sur scène.