Le second album de Hail Esprit Noir (side-project de membres de Transcending Bizarre?) porte le nom d’Oi Magoi qui signifie les Magiciens et propose 7 nouveaux chapitres comme se plaisent à le rappeler les musiciens.
« Un album de Black Metal psychoprog avec des mélodies planantes et de l'ecstasy satyrique, un voyage dans l’obscur, bien Black, sale et psychédélique. »
Après l’accueil plus que chaleureux que la presse et les fans avaient fait à la sortie de Pneuma au Printemps 2012, on retrouve toujours les grecs chez Code666/Aural Music. Masterisé par Jens Bogren en Suède (Opeth, Katatonia, Amon Amarth), mixé par Dim Douvras (Rotting Christ) dont l’artwork a été réalisé par RA Design (Ulver), Oi Magoi garde toujours cette touche particulière faite de riffs modernes et de touches rétros.
Ça part dans tous les sens, la voix caverneuse de Theoharis fait des siennes. Bruitage, sons stridents, accord à la limite du faux, « Blood Guru » reprend là où ils s’étaient arrêtés. Les notes du synthé de Haris ponctuent cette découverte psyché Post Black Moderne avec un riff barbare finissant dans un bric à brac de bruitages avant qu’un melotron doublé des cordes d’une guitare acoustique de Dim viennent nous rappeler où l’on est avec cette mélodie toute en finesse délicate et forte en décollage stratosphérique.
« Demon for a Day » : Amorce classique, rythme binaire, synthé, refrains possédés, voix agressive et ritournelle malsaine saupoudrée de violon en arrière plan. A l’écoute de ses musiques on en arrive à se demander si ils se prennent au sérieux et si ils sont vraiment conscients de leurs tallents de déjantés.
Les fées du prog et les diablotins du Black Metal se sont penchés sur leur berceau, intelligence mais sans prise de tête interminable comme sur « Satan is Time » qui fleure bon la balade printanière avec les fleurs dans les cheveux…mais au fur et à mesure que la journée avance on sent bien qu’il va se passer quelques choses de pas clair. La voix ensorceleuse s’amuse, joue et maîtrise son sujet.
Passer du coq à l’âne avec « Satyriko Orgio (Satyrs’ Orgy) » voilà comment Hail Spirit Noir sait nous retourner comme un vieux 33 Tours. Son cradingue sorti d’un ampli de 10 Watts posé sur votre mange disque, batterie Black Metal empruntée à celle de Fenriz quand il avait 6 ans. Voix écorchée on se demande où est la supercherie quand arrive une note suspendue d’un synthé vintage…
Sons qui s’entrecroisent, mélodies se répercutant dans votre tête, une improvisation basée sur un riff bien là pour arriver sur une plage mid-tempo où la voix « plus 70’s tu meurs » nous charme par sa mélodie « The Mermaid » ne veut-il pas dire sirène ? Avant de partir dans une grande cavalcade complètement psyché, théâtrale, indescriptible. Écoutez-le ; ce sera plus simple !
Ils ont su ne pas faire un « copier-coller » tout en restant toujours aussi singuliers, rythme binaire Black Metal de Valkyries « Hunters » est impressionnant avec ses chœurs à voix claires, possédées ; titre abordable pour un non-initiés.
« Oi Magoi » est une allégorie, un chant de moines bénédictins se promenant le cul à l’air, obsédés par leur vision ecclésiastique d’un monde sans péchés. Il faut se pencher sérieusement sur un tel morceau, travail de la basse envoutant pendant que riff et synthé vous étourdissent, la batterie redonne des petits coups de fouet, pendant que la voix s’écorche jusqu’au sang avant que ça blaste sévère sur la fin.
Divin, vous avez dit « Divin ». Je dirai plutôt « malin » parce que c’est l’œuvre du Malin.
Lionel / Born 666