Kadinja, groupe parisien (ex-Perspectives, le groupe ayant dû changer de nom à cause de la colère d’un groupe australien homonyme) nous arrive avec cet EP de 4 titres de djent pur et dur. Si vous êtes allergiques aux guitares à 8 cordes et aux riffs déstructurés, vous aurez sûrement un peu de mal à rentrer dans l’univers de Kadinja, formé il y a peine 1 an et demi, mais fort de musiciens d’expérience, qui ont déjà eu l’occasion d’exercer leurs talents dans des groupes comme The Algorithm ou Missing Pride.
Or, pour un premier EP, on peut dire que le groupe frappe fort. A défaut de proposer quelque chose d’extrêmement original, les parisiens semblent parfaitement à l’aise dans leur djent très influencé par Meshuggah et Periphery. Les ambiances sont prenantes et témoignent d’un réel soin apporté à la production et à la finition de cet EP.
Le premier morceau, « Shades », illustre bien ce fait, avec son intro progressive superbe qui nous amène progressivement vers le vif du sujet. 7 minutes cela peut paraître long pour une chanson de djent, mais Kadinja parvient à ne pas nous ennuyer en nous proposant une composition variée, étonnamment mature pour un premier titre. Le groupe a la particularité d’avoir 3 guitaristes et en joue, puisque nos oreilles sont bombardées de mélodies et de riffs pachydermiques à chaque seconde, sans répit.
« Reflections » continue sur la même lancée sans être toutefois aussi marquante. Lui succède « Revelations » (Bon, c’est vrai que niveau originalité des titres de morceaux, ils auraient pu faire un effort, même après plusieurs écoutes, difficile de dire laquelle est laquelle) qui surprend en revanche totalement l’auditeur. Une piste instrumentale qui tranche avec le début de l’EP, et où l’on ressent fortement pour la première fois les influences prog de Kadinja comme Dream Theater voire Opeth. Une chanson que l’on pourrait presque qualifier de « douce » en comparaison avec le reste et qui nous amène lentement mais sûrement vers la fin de l’EP…
Et quelle fin ! Car le combo a gardé le meilleur en réserve avec « We Are One » qui devrait sans aucun doute faire remuer pas mal de têtes en live. Terriblement efficace, le single de l’EP termine en fanfare l’écoute et peut sans doute être considéré comme la base sur laquelle Kadinja devra s’appuyer pour de futures compositions.
Evidemment, lorsqu’il s’agit d’un coup d’essai, tout n’est pas parfait. Tout d’abord, les parisiens nous laissent sur notre faim. 4 titres c’est court, très court, même pour un EP. S’ils parviennent à nous proposer une présentation plutôt complète de leur style, 1 ou 2 titres de plus n’auraient pas été de trop pour profiter encore un peu plus de la musique de Kadinja. Autre petit bémol : le chant, qui a quelques fois un peu de mal à s’élever au-dessus de l’instrumental, d’autant plus que les parties en chant clair ne sonnent pas toujours très bien.
Au final, ce que nous propose Kadinja est remarquable, pour une première sortie, avec des compos travaillées et une maturité qui étonne pour un si jeune groupe. Il sera très intéressant de les suivre à l’avenir pour voir s’ils parviennent à encore approfondir leur style et se détacher de leurs influences. En attendant, cette sortie éponyme déjà plus que prometteuse montre au public que dans le sillage de groupes étrangers comme Periphery, la France se dote elle aussi d’une scène Djent de grande qualité.
