Murmur – Murmur

Murmur nous vient de Chicago et sort son deuxième album chez Season of Myst. Pour ceux qui aiment des Dodecahedron ou autre formation Black Metal qui sortent des sentiers battus, vous allez être servis. Ici le groupe, dirigé par le guitariste et chanteur Matthias Vogels, vous entraîne vers des ambiances complètement inattendues, déroutantes, inspirées par des musiciens qui osent sortir du carcan classique du Black Metal dans un Prog underground jazzy déconcertant.

La musique, c’est de l’algèbre, mathématique en 3D, ça change de rythme, ça part dans tous les sens mais tout en montrant un travail méticuleux, avant que tous s’effondre soudainement comme un château de carte que l’on va transformer en catacombe dans un moment d’égarement. Construire pour déconstruire, pour transformer, pour imploser.

Murmur n’a pas peur de mélanger les influences du Black Metal, du Noise, du Punk américain pour se retrouver dans des envolées jazzy expérimentales et même parfois proche du drone...

Il faut être curieux (ou un peu dingue) pour essayer de comprendre une langue que l’on ne maîtrise pas obligatoirement. Mais avec des gestuelles, des regards, on arrive toujours à se faire comprendre, à apprécier, à aimer voir à s’aimer.
 

Murmur


Déjà qu’ils avaient eu leur petit succès avec leur premier album avec Mainlining the Lugubrious qui avait bousculé l’underground américain de l’Illinois ; mais surtout le split CD réalisé avec leurs compatriotes de Nachtmystium leur avait déjà permi de sortir de la masse visqueuse d’un underground bien noir les portant vers une reconnaissance internationale.

Alors je vous sens curieux de jeter une oreille sur cet album étonnant qui commence par «Water from Water » et ses arpèges qui n’augurent rien de bon. La tension monte tout doucement, les ambiances se font de plus en plus bizarres avant que tout ne s’écroule dans une avalanche de sons où la voix déboule tels des graviers déboulant de la montagne.  Totalement possédée, ce chant essaye de faire son chemin dans les bruitages des instruments dans une impression de déconstruction totale, stridente et stressante. … suivi de « Bull of Crete » (qui doit être le légendaire Minotaure de l'artwork) proche de ce que l’on retrouve dans Kylesa en ce qui concerne le phrasé. C’est vrai que leur musique est un crossover de nombreuses influences (un labyrinthe « musical » comme dirait ces mêmes crétois…) où l’on se plait parfois à retrouver certaines touches particulières de certains groupes. Le travail de Charlie Werber est vraiment intéressant, un traitement à contre sens de ce que l’on serait en mesure d’entendre. Complètement envoutant et déconcertant, un sacré batteur qui apporte encore une touche de bizarrerie à la musique de Murmur !

On va d’étonnement en étonnement sur cet album avec « Al-Malik » et son intro sorti d’un film des Milles et une Nuit et ses riffs abruptes qui n’en finissent plus à la recherche d’une conclusion ; ou une guitare acoustique sur « Recuerdos » où des notes d’un synthé vintage entament une conversation surréaliste dans une ambiance floydienne période Obscured by Clouds ; ou les 2 parties de « Zeta II Reticuli » d’une complexité redoutable poussant à la folie ; le planant « When Blood Leaves » et ses chœurs hypnotisants et osant même une reprise de King Crimson (sur la version digipak) avec « Larks' Tongues in Aspic, Part II » qu’ils s’approprient haut la main…

C’est novateur et original comme Dodecahedron, Blutmond ou encore Deathspell Omega ou Amenra pour les ambiances et restera surement confidentiel pour des amateurs d’underground noirci alimenté par le bouche à oreille qu’on échange sur des feuilles photocopiées.


Lionel / Born 666

 

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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