"I got Rock N' Roll, to save me from the cold"
Si cette citation des sages paroles de maître Lemmy (Motörhead – Rock n’Roll) peut amuser si elle s’applique à un groupe norvégien comme Chrome Division, elle sied l’esprit du groupe. Sortant tout juste son quatrième album, Infernal Rock Eternal, le projet de Shagrath (Dimmu Borgir) abat riffs bad-ass, solos jouissifs et vocaux velus pour séduire le fan de hard rock déchaîné. Montez le son et chauffez votre nuque, ça va déménager.
Chrome Division ouvre le bal de fort belle manière en 2014, en sortant son quatrième album l’année où il doit fêter ses 10 d’existence. Shagrath, frontman du célèbre groupe de black metal Dimmu Borgir, avait décidé de ressortir sa guitare pour pondre des riffs bulldozer sur fond de rythmiques bien huilées, assurées par Ogee (basse) et Tony White (batterie). Continuant son bonhomme de chemin, au fil des changements de line-up divers, le projet, de plus en plus important, accouche d’Infernal Rock Eternal, album qui a de nombreux atouts en main.
Ce disque transpire le hard rock. Le son gras met bien en valeur les riffs de Shagrath, qui s’en donne à cœur joie pour détruire tout ce qui se trouve sur son chemin, en accrochant l’auditeur, que ce soit sur un tempo rapide ("No Bet For Free", "OI"…) ou plus lent ("Endless Nights", "The Absinthe Voyage"…). Pas de quartier, les riffs sont distribués avec autant de générosité et de force que les torgnoles de Stallone dans Rocky.
Pour maintenir cet aspect bien badass, Shady Blue (alias Pål Mathiesen) pose sa voix rugueuse et son phrasé gras en mettant les pieds dans le plat avec son interprétation quasiment toujours juste. On devine ainsi un rictus vicieux sur "(She’s) Hot Tonight" et un discours plus impliqué dans l’épique "Mistress in Madness". Le rockeur sait aussi se faire plus calme, notamment sur le break de "You’re Dead Now". On notera que le passage au chant en norvégien dans OI ne lui fait pas perdre sa gouaille.
Si ces deux comparses mettent tout sur la table pour faire un album direct et efficace, on peut cependant regretter la présence de deux morceaux qui font tâche à la fin de la première moitié du disque : "Lady of Perpetual Sorrow" et "The Moonshine Years". Le premier est une ballade mielleuse à souhait qui ne décolle jamais et le second est un mid-tempo peine-à-jouir interminable. Heureusement, les autres chansons sont bien écrites, avec des transistions bien amenées et des structures simples, pour plus de headbang.
Mais même dans ces moments peu agréables, un membre du groupe arrive à briller de mille feux : Damage Karlsen. Guitare à la main et pédale d’effets au pied, le soliste se montre pertinent dans chacune de ses parties. Phrasé construit et soigné, sens de la mélodie et goût pour la vitesse sont autant d’atouts qu’il a en main, tout en variant ses interventions, en sortant sa talk-box pour "Endless Nights", en se montrant planant sur "On the Run again" ou en dépassant les limites de vitesse autorisées sur "OI".
Avec un Infernal Rock Eternal direct et bien dans ses santiags, Chrome Division ne commet pas le crime hard rock parfait, mais se montre bien à la page. Le son est moderne, les influences sont classiques (on retrouve quelques emprunts à Motörhead, un léger esprit Guns N’Roses, des références aux cadors du glam rock des années 80) et la volonté de faire remuer cheveux et popotins est palpable. Le groupe manie les clichés du genre avec brio. C'est donc un excellent moment de hard rock, à siroter frais et bien alcoolisé.