Kampfar – Djevelmakt

Djevelmakt sort l’année où Kampfar fête ses 20 ans de carrière. En 2011 Mare représentait un voyage dans le monde des sorcières, Djevelmakt creuse conceptuellement plus profondément dans la « boue et la bile des Enfers » et met en lumière un monde « où les rats se nourrissent des âmes noires et où de faux chœurs n'ont aucun pouvoir ». Glups, c’est Dolk qui le dit…

Depuis le précédent album et l’arrivée d’Ole Hartvigsen (guitare) sur la dernière tournée, Kampfar a pris de nouvelle marques. Apparemment la venur de ce sang neuf a propulsé Kampfar dans un processus créatif intense tout en gardant cette marque de fabrique chère au groupe en proposant des titres variés comme « Mylder » ou « Swarm Norvegicus ».

Djevelmakt est le sixième album et fait partie de la troisième vague créative de Kampfar. Jusqu'en 2003, le groupe était le projet de deux musiciens, Dolk et Thomas avec Mellom Skogkledde Aaser et Fra Underverdenen. Ensuite Kvas a entamé la deuxième vague avec l’arrivée d’autres musiciens dans le groupe, suivra Heimgang.

Mare avait commencé le troisième cycle, et maintenant Djevelmakt réaffirme que la musique de Kampfar est intemporelle, mais qu'elle représente le Kampfar d’aujourd'hui. L’enregistrement de Djevelmakt s’est déroulé dans la première partie de l’année 2013, et on se souvient que pendant cet enregistrement Kampfar n’avait fait qu’une apparition sur scène et c’était pour nous au Hellfest, avant de continuer à enregistrer l’album à Bergen et à Parlby en Suède.
 

Kampfar


Pour la première fois dans leur histoire, Kampfar a décidé d'acquérir l'œuvre préexistante pour la conception de l’artwork de l’album. C’est une peinture à l'huile réalisée en 1981 par l'artiste polonais ZdzisŠ‚aw Beksinski. On retrouve dans le livret d’autres éléments d’une autre œuvre du même artiste ainsi que celles d’un tableau du peintre anglais John Charles Dollman.

Cette œuvre, choisie avant d’aller en studio, aurait influencé l’écriture des morceaux aussi bien d’un point de vue musical qu’au niveau des paroles. Le thème principal c’est l’anti-religion mais pas le côté anti-humain. Comme le dit Dolk : « Sommes-nous maître de notre destin, libre de penser ? »

Petites notes sautillantes de piano comme sur l’instrumentale «Vantro » (Heimgang) suivies d’un cri effroyable de Dolk gueulant « Helvete ! » à l’infini, c'est-à-dire l’Enfer pour les nordiques. Ça commence très fort, ça rentre dans la tête entre mid-tempo bien prononcé et blast beat sur les refrains, riffs spartiates. Poignant, « Mylder » possède la construction d’un morceau torturé puissant, indéniablement un futur « incontournable » du groupe en live. Piano que l’on retrouvera encore lors de l’intro de « Fortapelse » et qui donne ce côté unique apportant sa petite note originale avant un vrai déluge dans les règles comme les cris de Dolk sur les refrains. Ou la mélodie kampfarienne de « Svarte Sjelers Salme », jouissive.

Frappe pleine et entière sur la caisse claire, riffs malsains, torturés, voix lointaine, « Kujon » avance, tel un sermon d’une ancienne religion oubliée. Dolk va vous exploser les tympans dans cette fresque nordique tellement prenante qu’elle pourrait illustrer allégrement un épisode des histoires nordiques, limite progressive comme un Enslaved des dernières années.
 

Kampfar


Comme une ritournelle empruntée aux musiques traditionnelles païennes, « Blod, Eder og Galle » ne fait pourtant pas dans le détail. Riffs ensorcelés s’immiscent rapidement dans votre cortex cérébral. Dolk a muri, sa voix a pris de l’ampleur, plus mature, plus solennelle, parfois même un peu trop (comme un Nerghal de Behemoth) sur « Swarm Norvegicus ». Lent, ambiant, bruitages, à tiroirs, sa voix gicle comme des trainés de sang sur une peinture abstraite. Vous saviez que les premiers artistes peintres à faire des œuvres sur la folie étaient des nordiques comme Munch et Le Cri ?

Spartiate achtung ! avec « De Dødes Faneblas » très puissant, voix de shaman, incantation alternant rythme martiaux et blasts. Ambiance Immortal avec l’élégant « Our Hounds, Our Legion » qui a tout du conte nordique, même la voix de Dolk emprunte des intonations à Abbath caressant les cordes à la manière des Sons of Northern Darkness.

Les cris, la violence, l’abstrait, le cinglant, tel est la musique aussi de Kampfar, qui sait gérer une tragédie au sein d’un morceau tel un opéra en 5 actes.


Lionel / Born 666

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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