"Digital Ghosts", le 6ème album studio des proggeux américain Shadow Gallery, est sorti le 23 octobre 2009 chez InsideOut. Le temps d'une interview avec le leader du groupe Gary Wehrkamp pour revenir sur la sortie de cet opus et le contexte de sa création...
Ju de Melon : Première question, à quoi es-tu occupé en ce moment ?
Gary Wehrkamp : Beaucoup de promotion et d'interviews pour la sortie de "Digital Ghosts", mais ça ne me dérange pas bien au contraire ! On vient également de finir une vidéo ainsi que quelques performances en live, bref de bonnes choses de la vie traditionnelle d'un groupe comme Shadow Gallery.
Ju de Melon : "Digital Ghosts" est donc sorti il y a quelques semaines, es-tu satisfait des premiers échos qu'il a reçu ?
Gary Wehrkamp : Oh oui, jusque là je suis plutôt satisfait des différentes critiques. Tu sais, on ne jamais vraiment à quoi s'attendre, on est un peu sur le qui-vive tant qu'on a pas les premières réactions concrètes et ce même si on est sûr du travail accompli. Et franchement nous sommes heureux de savoir que les gens ont globalement apprécié ce CD.
Ju de Melon : Quelles ont été les inspirations principales qui ont permis la création de cet album ?
Gary Wehrkamp : Chacun d'entre nous est arrivé avec pas mal d'idées, on avait beaucoup de choses en tête et on ne manquait pas d'inspiration donc ça a été plutôt simple. On est parti d'un tout, sans forcément s'imposer de limites, on s'est laissé aller sur quelques notes et ça nous a permis de créer des chansons assez rapidement selon les envies du moment. A la base j'avais l'idée de continuer la saga entreprise sur "Tyranny" et "Room V", mais ça ne s'est jamais vraiment matérialisé... Donc on est parti sur autre chose, une idée de base assez générale qui a débouché sur un nouvel album : "Digital Ghosts".
Ju de Melon : Combien de temps l'écriture de cet album et l'enregistrement ont pris ?
Gary Wehrkamp : Le processus d'écriture a démarré très vite, une fois l'album "Room V" terminé. On a très vite eu quelques idées en commun, nous sommes donc très vite partis là-dessus. Mais après nous avons eu pas mal de choses à faire avec nos boulots respectifs mais aussi notre famille, nous avons donc fait un long break de deux ans et demi. Quand on s'est retrouvés, on a pris 6 à 8 mois pour écrire et rassembler nos idées sous forme de chansons, et l'enregistrement en lui-même a lui aussi pris 6 à 8 mois en plusieurs sessions.
Ju de Melon : Quand Mike Baker est décédé, as-tu pensé à arrêter Shadow Gallery ou tu savais de suite que l'aventure allait continuer malgré tout ?
Gary Wehrkamp : Oh tu sais je n'ai été sûr de rien sur le moment, à ce moment-là je ne savais pas du tout ce qui se passerait pour le groupe et je n'avais franchement pas envie d'y penser, personne ne s'attendait à ça. Nous n'avions pas envie d'en parler trop vite, que ce soit entre nous ou avec la maison de disque, on voulait un peu digérer cette tragique nouvelle et ça nous a pris quelques semaines avant qu'on ne se reconcentre sur le futur de Shadow Gallery. Puis finalement on a continué presque naturellement en se basant sur les idées musicales qu'on avait déjà eu auparavant... Le coeur très lourd mais nous n'avons pas abandonné. Puis, vocalement, nous étions en stand by mais on était persuadé que l'occasion se présenterait le moment voulu, on ne s'est pas de suite lancé dans une recherche intensive pour remplacer Mike, on a un peu laissé le temps passer.
Ju de Melon : Parlons justement de celui qui lui a succédé, Brian Ashland, qui fait du bon boulot sur l'album. Comment l'as-tu trouvé et quelle est son histoire ?
Gary Wehrkamp : J'ai entendu chanter Brian sur une piste démo il y a de cela 4 ans. Sans même l'avoir rencontré je lui avais en fait envoyé un e-mail pour qu'il pose sa voix sur une chanson, afin de voir ce que ça donnerait car ce que j'avais entendu de sa voix m'intéressait beaucoup. A l'époque ça m'avait pas mal plus et je lui ai demandé s'il pouvait venir enregistrer en studio et poser son chant sur un projet pour lequel je travaillais. Cependant nous n'avons pas pu aller au bout de cette possibilité et nous avons perdu contact, de plus son adresse e-mail avait changé bref... Puis en janvier-février j'ai discuté avec Carl Cadden-James, mon compère bassiste... car il était temps de trouver un chanteur, vu que nos compos étaient enfin finies (rires) ! Et moi je voulais un chanteur avec une voix assez unique, différente de ce qu'on peut entendre ici et là que ce soit dans le prog ou ailleurs. Bref Carl et moi nous souhaitions recruter un chanteur proche de Geoff Tate niveau voix, et d'ailleurs Brian a un peu de Queensrÿche dans son chant. Et c'est en parlant de tout ça que justement je me suis souvenu de cette démo avec Brian, je me suis donc lancé à sa recherche car c'est lui que nous voulions ! Malheureusement ces recherches se sont avérés vaines, c'était comme s'il avait disparu de la circulation... Ca a duré deux semaines comme ça, et alors qu'on allait abandonner la recherche, Carl s'est finalement souvenu de lui en voyant une photo, et on a pu le retrouver. Là on lui a expliqué que c'était lui que nous voulions et il a très vite accepté de nous rejoindre.
Ju de Melon : Quelle est la chanson dont tu es le plus fier sur ce nouvel album ?
Gary Wehrkamp : Musicalement, je pense que je répondrais sans hésiter la chanson titre "Digital Ghosts". Une des dernières chansons composées pour l'album. J'ai eu cette idée d'un piano très progressif il y a une bonne dizaine d'années, et j'ai toujours voulu l'incorporer sur un CD... Et avec le temps et les membres du groupe, notamment Chris Ingles et son clavier, on est parvenu à en faire une vraie belle chanson. Je voulais un aspect très prog pour ce morceau, ça faisait un moment que j'avais l'idée en tête mais au final ça a pu se faire et je suis plutôt fier du résultat final.
Ju de Melon : Pour toi, quelle est la différence principale entre "Digital Ghosts" et les précédents albums ? A l'exception du chant bien sûr...
Gary Wehrkamp : Tu fais bien de préciser, car j'aurais justement dit le chanteur (rires) ! Mais en même temps, en parlant du chant, on peut aller plus loin que le simple fait d'avoir un chanteur différent... Car on a eu une approche un peu différente avec cet aspect-là de notre musique. Disons qu'on a plus mixé les différents chants afin qu'ils se complètent entre eux, moins dans un esprit de choeurs groupés... J'adore ça, on a l'impression parfois qu'il y a plusieurs chanteurs différents, ça donne encore plus de couleur à la musique.
Ju de Melon : Il y a justement deux chanteurs invités sur cet album, Ralf Scheepers de Primal Fear et Clay Barton de Suspyre. Comment ont-ils été choisis ?
Gary Wehrkamp : Tu sais, je reçois pas mal de promo et d'albums grâce aux différents manageurs que je rencontre. Il y a deux ans je crois, j'ai reçu un CD de Suspyre et j'ai beaucoup aimé le chant. Après le décès de Mike, je me suis rendu compte que Clay Barton avait une voix très proche de notre ami disparu. Et j'avais beaucoup envie de travailler avec Clay, je me suis dit à l'époque qu'il pourrait être un bon guest voire même un bon chanteur pour Shadow Gallery. Finalement je suis rentré en contact avec lui et je lui ai demandé de bosser sur une chanson, même si on avait déjà pris la décision d'engager Brian en tant que chanteur. Du coup on a bossé sur un guest et il a accepté, il a fait une excellent boulot sur "Venom" et je suis très satisfait de cette collaboration. En ce qui concerne Ralf Scheepers, ça remonte à l'époque de Gamma Ray, Carl était un grand fan à l'époque où Ralf était leur chanteur. Un bon ami à Carl, lui aussi fan de Gamma Ray, est décédé un peu au même moment que Mike, on a donc décidé d'écrire cette chanson intitulée "Strong"... Du coup on a demandé à Ralf de venir faire une apparition, et comme lui et Carl se connaissaient un peu ça n'a pas été difficile de le convaincre.
Ju de Melon : Est-ce que vous prévoyez une grosse tournée notamment en Europe ?
Gary Wehrkamp : Il était en fait prévu qu'on aille tourner en Europe au mois de décembre, mais ça ne s'est pas fait. On a tout envisagé : de gros shows en tête d'affiche, en première partie ou même quelques petits shows acoustiques. Au final, nous n'avons pas pu car notre batteur Joe Nevolo était occupé avec d'autres projets sur cette période, et nous avons donc décidé de poursuivre sur notre tournée américaine afin de rester au pays. Cependant, on espère vraiment venir en Europe aux alentours du printemps-été 2010, nous avons pas mal d'espoirs à ce sujet ! Une annonce sera sûrement faite d'ici janvier...
Ju de Melon : Quelle est la musique que t'écoute le plus en ce moment ? A part Shadow Gallery évidemment...
Gary Wehrkamp : (rires) Bah en fait pas grand chose d'autre, pour être honnête ! Je passe toutes mes journées en studio, je travaille pas mal pour d'autres groupes ou artistes, du coup en dehors de ça je n'écoute que très peu de musique, ça me rappelle trop le boulot (rires) ! Sinon je réécoute pas mal ce que j'ai fait surtout pour voir si certaines choses peuvent être amélioré dans le futur, et à part ça j'écoute un peu toujours les mêmes vieux classiques... Rush par exemple, pas mal de prog mais aussi de la musique classique. Puis tu sais, quand je finis mes journées, il est souvent 2-3h du matin alors ça me laisse peu de temps pour écouter et découvrir d'autres choses en mode détente. Je regarde la TV, parfois quelques comédies musicales, mais c'est tout...
Ju de Melon : Connais-tu et apprécies-tu certains groupes ou artistes français ?
Gary Wehrkamp : Pas vraiment malheureusement. Il y a quelques années quelqu'un m'avait envoyé des K7 de rock progressif italien et français, il y a de bons groupes de ce genre par là-bas, mais je n'ai pas vraiment pu retenir les noms. Par contre j'avais bien aimé...
Ju de Melon : Quelques derniers mots pour les fans français de Shadow Gallery et les auditeurs de La Grosse Radio ?
Gary Wehrkamp : Nous sommes heureux de l'intérêt que vous portez au groupe, c'est toujours sympa de voir que dans d'autres pays on apprécie aussi Shadow Gallery, on a parfois du mal à s'en rendre compte depuis les Etats-Unis. En tout cas on espère vraiment venir en France avant la fin 2010, merci beaucoup et à bientôt !
En espérant donc voir Shadow Gallery en live sur les scènes françaises. Certains auditeurs de La Grosse Radio Metal n'attendent que ça !