Avec son neuvième album, celui que l'on surnomme le « Greatest Rock’n’Roll Band in the World » fait honneur à sa réputation de supers rockers. La musique des Supersuckers est intense et chaude, une chaleur infernale bienvenue en cette saison hivernale.
« Si vous n'aimez pas les Supersuckers, vous n'aimez pas le Rock-N-Roll. »
(Lemmy Kilmister)
« Ils ont joué à mon anniversaire, ils rockent ! » (Eddie Vedder)
Pour un groupe qui s'appelle Supers branleurs, nous pouvons affirmer que c'est plutôt une bonne chose d'être cité comme ça par le Godfather of Rock et un des chanteurs les plus emblématiques de ces vingt dernières années. C'est ce qui s'appelle avoir une réputation, une bonne réputation même, et cela depuis 1988 année de la formation des Supersuckers.
C'est simple la troupe menée par le bassiste chanteur Eddie Spaghetti (un des noms les plus incongrus de l'histoire du Rock) s'est autoproclamée « The Greatest Rock’n’Roll Band in the World’s ». Une affirmation prétentieuse ? Pas tant que ça et ce neuvième album intitulé Get The Hell (sortie programmée chez Steamhammer le 27 janvier 2014) est là pour le prouver.
Imaginez le décor du film de Robert Rodriguez Une nuit en enfer, le motel Titty Twister dans lequel viennent se réfugier Quentin Tarantino et Georges Clooney pour échapper à une horde de zombies affamés (oui je sais, je modifie le scénario mais c'est pour coller à la tendance du moment), c'est à ce genre de scène que m'a faite penser la courte intro de Get The Hell avec ce bruit de sirène, cette porte qui claque, cette respiration haletante et cette foule menaçante que l'on entend au loin. Ensuite c'est bienvenue en Enfer (comme le braillait Cronos en 1981), avec dans le rôle de supers vampires assoiffés le groupe originaire de Tucson.
Et vous n'échapperez pas au carnage provoqué par les brûlots Hard Rock'N Roll présent sur ce nouvel album, à commencer par le titre qui donne son nom à l'album « Get The Hell » qui comporte un groove furieux et un refrain prêt à être scandé en choeur, une bière ou un verre de sang à la main.
La musique super énergique du groupe est construite sur des bases Punk mais comporte suffisamment de diversité et de musicalité pour donner envie aux fans de Nashville Pussy ou American Dog de se pencher sur ce nouvel album, et participer à la razzia.
Le bal des vampires est aussi mené par des tempos rapides comme les « ramonants » « Something About You » (au refrain encore efficace et qui comporte un solo supersonique) et « That's What You Get For Thinkin » ou le « stoogien » « Bein' Bad ».
Et les créatures maléfiques savent aussi se confesser parfois, en témoigne ce « Fuck Up » on ne peut plus explicite à la rage évoquant le groupe d'Iggy Pop et de Scott Asheton et qui comporte un solo super expéditif tandis que « Glutonous » aborde ce qui semble être le pêché mignon des Supersuckers : La gourmandise (d'énergie ? De riffs dévastateurs? De houblon fermenté ? De sang ? Ou tout cela à la fois ?), faute qu'ils pourraient partager avec Nashville Pussy tant ce morceau évoque agréablement la bande à Blaine Cartwright et sa femme.
Entre deux supers morsures, la troupe sait aussi respirer comme le prouve le festif « Pushin'Thru », légère incartade dans un registre plus country (genre dans lequel les Supersuckers ont oeuvré sur quelques albums) et sait aussi surprendre. En reprenant un titre, en le faisant sonner comme du Motörhead, du parrain du glam rock Gary Glitter (« Rock On ») en fin d'album par exemple. Ou en livrant une version très surprenante du classique de Depeche Mode « Never Let Me Down Again »-. qui fera headbanguer n'importe quelle Metal Head tellement elle est heavy. Citons aussi les cuivres présents sur « Shut Your Face » qui donnent une agréable touche de légèreté à ce glaviot punk.
Il faut avouer qu'il n'y a aucune baisse de régime, aussi bien au niveau de la super énergie déployée que pour ce qui concerne la qualité d'écriture sur ce Get The Hell et c'est cela qui fait la force du nouvel album des Supersuckers. Ainsi « Disaster Bastard » avec son solo de guitare ravageur et son refrain plein de hargne est loin d'être...Un désastre. De même « High Tonight », titre plus mélodique qui rappelle un peu les Stones (quand ils ne sont pas superstoned) reste très agréable à écouter.
Attardons-nous aussi sur l'artwork de l'album reproduisant la pochette d'un disque vinyl, où l'on distingue les traces d'usure du microsillon, qui est plutôt réussie et donne un agréable cachet vintage à l'oeuvre.
Quels arguments supplémentaires faudrait-il déployer pour vous donner l'envie de vous pencher sur Get The Hell ? Peut-être préciser que ce neuvième album a été enregistré dans le studio du chanteur country « outlaw » Willie Nelson et a été mixé en partie par Blag Dahlia, leader des Dwarves (un vrai groupe de supers tarés qui comme la bande à Eddie Spaghetti à ses débuts a été signé sur Sub Pop, le label grunge). Ou souligner qu'un combo qui a partagé la scène avec des pointures comme Social Distortion, Bad Religion, The Ramones,Motörhead, Butthole Surfers, New York Dolls, White Zombie et Nashville Pussy a plus qu'une super réputation.
Get The Hell est donc une super bonne résolution de début d'année : Celle de taper du pied et de secouer la tête en mangeant des spaghettis (et ceci est une conclusion super pourrie).
Liste des titres :
1. Intro
2. Get The Hell
3. Something About You
4. Fuck Up
5. High Tonight
6. Pushin‘ Thru
7. Never Let Me Down Again
8. Gluttonous
9. Disaster Bastard
10. Bein‘ Bad
11. That’s What You Get For Thinkin‘
12. Shut Your Face
13. Rock On