Bumblefoot + Mörglbl au Forum de Vauréal (12.01.2014)


Ce dimanche 12 janvier 2014 au Forum de Vauréal était à marquer du signe de la guitare. Car deux guitaristes virtuoses étaient à l’affiche : le légendaire Ron Thal, aka Bumblefoot, qui a maltraité les limites de l’instrument tout au long de sa carrière, et Christophe Godin, un type aussi drôle qu’il est ravageur avec sa Vigier dans les pattes. Et ses deux comparses de Mörglbl sont loin d’être du menu fretin. Vous l’aurez compris, tous les éléments pour passer une bonne soirée étaient présents.

 

Mörglbl
 


Mörglbl est donc un power trio composé d’instrumentistes d’exception, à commencer par Christophe Godin. Dès « Gnocchis On The Block », il met tout le monde à terre avec des solos vertigineux, et un groove surtout, un groove renversant. Les deux autres musiciens ne sont pas en reste, à commencer par Aurélien Ouzoulias à la batterie, avec un jeu qui arrive à mêler puissance et classe avec une maîtrise déconcertante. on est vite pris au jeu du trio, avec des compositions qui arrivent à être catchy et inventives sans avoir ce côté pompeux que peuvent avoir parfois les compositions instrumentales.
 

Christophe Godin, Mörglbl, live report, 2014, Forum, Vauréal,


Chance, le son est très bon, bien équilibré, permettant d’apprécier la performance de chaque musicien avec précision, sauf peut être un peu baveux quand Christophe fait des gros riffs avec sa sept cordes. A la basse, Ivan Rougny est un tueur, et nous gratifiera de nombreuses rythmiques slapées du meilleur aloi, ponctuée de grimaces qui feront rire autant de personnes qu’elles en agaceront d’autres. La musique est bonne et bien jouée, qu’importe, me direz-vous !

 

Mörglbl, live report, 2014, Forum, Vauréal,

Après un solo de basse mystique, avec un son aigüe bluffant (obtenu avec une Whammy ?), Mörglbl nous délivre une version jazzy de « Highway to Hell », exercice très intéressant, mais pas nécessairement le moment le plus mémorable du set. Les solos fusent, Aurélien martyrise sa batterie, et le groupe termine sa prestation avec « Metal Kartoon ». Voilà une formation qui sait mettre ses capacités techniques au service de la musique, ce qui est loin d’être toujours le cas avec ce genre de formation.

 


Bumblefoot
 


C’est avec un air nonchalant que débarque Ron Thal sur la scène du Forum. Il ne faut pas oublier que ça fait des années qu’il n’a pas fait de concerts consacrée à son œuvre solo, trop pris par les Guns n’ Roses. Avant même de commencer le concert, il nous remercie pour notre présence et, ni une ni deux, lance le riff de « Aces High ». Son groupe le suit, et nous interprète le grand classique d’Iron Maiden. On peut remarquer que Ron Thal s’en sort très bien au chant, avec sa voix haut perchée, et sans doute mieux que la plupart de ses collègues virtuoses de la guitare.
 

Ron Thal, Bumblefoot, 2014, live report, Vauréal, Forum,


Très vite, Ron Thal enflamme le forum avec ses chansons catchy teintées de solos ahurissants de vitesse et de maîtrise. Le public reprend à pleine voix les lignes de chant et une ambiance chaleureuse s’installe. Visiblement, beaucoup de vieux fans de Bumblefoot sont là, et ils semblent ravis de revoir ce projet solo sur scène après ces années de silence. Côté guitare, les capacités de Ron sont encore plus « alienesques » que celles de Christophe Godin, car celui-ci a toute une palette de sons qu’il a crées lui-même et qui sont siens, comme l’harmonique suraigüe qu’il crée avec un dès à coudre. 
 

Ron Thal, Bumblefoot, live report, 2014,


Les autre musiciens sont clairement en retrait par rapport à Ron Thal,  et jouent un rôle d’accompagnement discret, qui s’applique aussi au niveau du mixage. Ron serait-il victime du syndrome « Guns n’ Roses », avec une formation où toute l’attention est centrée sur le leader ? Possible, mais comment pourrait-il en être autrement lorsque Bumblefoot joue son célèbre « Guitars Suck », où il déploie toute sa technique, et les  deux manches de sa guitare double, avec et sans frettes.
 

Ron Thal, Bumblefoot, 2014, live,


Entre les chansons, Ron continue le show, et enchaîne les blagues comme un humoriste aguerri : « J’ai le poil de quelqu’un dans la bouche !». Le concert continue de se dérouler sur de bons rails, avec tout de même une certaine lassitude qui peut se ressentir au bout de deux heures d’un rock pêchu sans beaucoup de variations. Et c’est le moment choisi par Ron Thal pour calmer le jeu et lancer un jam sur le thème de la Panthère Rose, excellent ! L’attitude est on ne peut plus rock n’ roll, sans parler du solo, entièrement improvisé, avec plusieurs changements du manche fretté à l’autre dépourvu de frettes.
 

Ron Thal, Bumblefoot, 2014, live,


Soudain, Ron part dans un énième solo endiablé… Il ne s’arrête pas, et quitte la scène tout en jouant… On continue de l’entendre et c’est avec stupeur qu’on voit quelques secondes plus tard un mouvement dans la fosse. Les gens s’écartent, et ce n’est autre que Ron Thal venant jouer dans le public ! Ce joli cadeau, illustrant bien la générosité du musicien, durera pas loin de dix minutes, permettant à tout le monde de prendre sa photo rapprochée avec le guitar hero. Puis, Ron remonte sur scène, et c’est l’heure du bœuf final avec ses amis guitaristes Christope Godin et Youri de Groote. On a l’équivalent d’un G3 sous les yeux, enchaînant chacun leur tour de bons riffs et solos à vous dégouter de jouer de la six cordes pour un bon moment…

Voilà, c’est déjà la fin de ce beau concert. Ron Thal aura été à la hauteur de sa réputation : à la fois normal et anormal, et d’un respect bluffant pour son auditoire. On pourra tout de même regretter que le set ait nettement occulté les premiers albums de Bumblefoot, ceux qui ont pourtant permis de sculpter la légende de ce musicien.

Photos : Ivanhe Martin /  © 2013
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.



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