Avis aux amateurs de brutalité, de cris de gorets et d’ambiances malsaines, les stéphanois de Benighted sont de retour, un peu plus de deux ans après un Asylum Cave (2011) de très bonne facture. Depuis 2011, Benighted a connu un succès mérité hors de nos frontières, poussant même son batteur Kevin Foley à assurer certains concerts avec Sepultura ou Decapitated. A noter également que Liem N’Guyen (guitare et principal compositeur du groupe) a quitté le bateau, laissant la place à Adrien Guérin au coté d’Olivier Gabriel (guitare).
Le groupe a une fois de plus réussit à composer un album aux thèmes malsains (après Asylum Cave qui contait l’histoire d’un schizophrène passionné par Joseph Fritzl). Cette fois ci, Benighted nous sert une histoire de cannibalisme, sur fond de traumatisme de l’enfance et de trouble de la personnalité. Cela s’entend d’ailleurs bien au niveau du chant de Julien Truchan, qui n’hésite pas à montrer toute l’étendue de son talent vocal, entre chant hurlé et "gruik" profonds (à l’image du premier titre "X2Y" ou encore du refrain de "Noise"). D’ailleurs, l’ambiance malsaine et la dualité des parties de chant sont renforcées sur le titre "Spit", sur lequel Niklas Kvarfoth (leader du Shining suédois) vient prêter main forte. Le suédois vient apporter cette touche black, qui s’éloigne de la musique de Benighted par rapport à leurs premiers travaux, pour un résultat garanti. Cette variété dans le chant est d’ailleurs le point fort du groupe et de l’album.
Si Benighted officie toujours dans un brutal death teinté de grind, les compositions sont somme toute assez progressives (même si elles ne dépassent jamais les 5 minutes), avec de nombreuses cassures rythmiques ("Experience your Flesh") ou encore quelques passages beaucoup plus calmes que le reste (le pont aérien sur "Carnivore Sublime", qui fait froid dans le dos). En raison de ces nombreuses cassures rythmiques, l’auditeur ne s’ennui jamais au long des 37 minutes de l’album.
La production de ce septième album est lourde mais équilibrée. Le son se veut massif, avec des guitares bien présentes, techniquement irréprochables, qui envoient du riff à tout va, tranchant et précis, presque sans concession ("Collection of Dead Portraits" risque de mettre tout le monde d’accord avec des riffs violents mais très accrocheurs). Sur ce Carnivor Sublime même Eric Lombard (basse; qui a depuis quitté le groupe) a son mot à dire ("Carnivore Sublime", "Les morsures du Cerbère", ou encore "Slaugter/Suicide" dont le riff est presque dansant). Et à la batterie, Kevin Foley assure toujours autant, avec un jeu groovy par moments, et beaucoup plus énergique à d’autres, ou blasts et double pédale se répondent dans un martèlement apocalyptique ("June and the Laconic Solstice"). N’y allons pas par quatre chemin, cet album est taillé pour le live et risque de déclencher des mosh pits endiablés dans les fosses ("Defiled Purity" ou encore l’énorme "Jekyll"). On imagine d’ailleurs sans peine le public scander les paroles de certains morceaux (« into Dominate we Trust ! » sur "Jekyll").
Benighted continue son chemin avec ce septième album et il est à parier que sa renommée ne fera que croître suite à ce Carnivore Sublime (qui définitivement porte bien son nom). Cette galette est donc à réserver aux amateurs de brutalité, qui d’ailleurs ne louperons pas les stéphanois lors de leur prochaine tournée en première partie de Loudblast, dont le point d’orgue sera sans doute leur nouvelle participation au Hellfest le 21 Juin prochain.
Note : 9/10