Entretien réalisé le 8 février 2014 à Paris
L’homme est assis dans son canapé, à peine deux heures avant que Monster Magnet ne monte sur scène. Il enchaîne les interviews et parait détendu tout en fumant cigarette sur cigarette.
Lionel / Born 666 : Comment te sens-tu et comment se passe la tournée de Monster Magnet ?
Dave Wyndorf : Vraiment très bien, tu sais je crois que je suis chanceux parce que tout le monde adore le nouvel album, on n’a pas de plainte jusqu’à présent. Jusqu’à là c’est trop bon.
Lionel : On a souvent retrouvé des titres de Monster Magnet sur des jeux vidéo ou sur des BO de film. Comment en êtes vous arrivé là ?
Dave Wyndorf : Non je ne suis pas un accroc des jeux vidéo. Mais j’aime le cinéma. Et quand c’est arrivé ce n’était qu’une opportunité qui s’offrait à moi. Les gens me passaient un coup de fil et moi je leur disais « Ok, faisons-le ! »
Lionel : Je vais te montrer deux places de concert, l’une est peut-être votre premier passage à Paris (le 9 Avril 1995 à l’Arapaho avec Headswin en première partie) et l’autre, le 31 Décembre 1997 au Coney Island à New York. Ça te dit quelque chose ?
Dave : Oh bordel, c’est dingue ça ! Mais je m’en rappelle de ce concert à Paris. Whaou ! Et le Coney Island, mais oui, c’était énorme tu y étais ?
Lionel : Oui bien sûr, j’étais parti à New York pour les vacances et je suis tombé sur une publicité qui parlait de ton concert du jour de l’an… avec deux strip-teaseuses sur les cotés de la scène pendant tout le show…
Dave : Bien sûr, comment pourrais-je l’oublier… Je crois que j’avais fait une grosse fête avec les deux nanas après…
Lionel : Comment c’était les années 90 pour Monster Magnet ?
Dave : (temps de pause, Dave reprend son souffle…) déjà ce jour de l’an en 1997 c’était carrément grave.
Lionel : Mais à cette époque tu jouais plus de guitare, tu en avais une complètement customisé.
Dave : Oui c’est vrai, mais en fait maintenant, je joue encore plus de guitare.
Lionel : Bon revenons aux années 90 alors… c’était comment ?
Dave : Rapide, très, très rapide, on était en tournée tout le temps. J’étais complètement timbré à cette époque, et tu sais, tout ce qui pouvait se passer dans un groupe de Rock, on le faisait. Trop d’argent, trop de sexe, trop de drogue, et les maisons de disque faisaient en sorte qu’on ait tout, qu’on s’éclate, c’était dingue…
Lionel : Et on peut dire que la drogue c’est fini pour toi maintenant ?
Dave : Oui, absolument.
Lionel : Tu es un survivant… Tu t’es dit qu’il fallait arrêter…
Dave : C’est clair, sinon je mourrais. (Rire)
Donc oui, j’ai utilisé mon cerveau. A un moment donné je ne pouvais plus créer et toutes ces drogues que je prenais en même temps me poussaient dans un mauvais processus de créativité.
Lionel : Bon ! Revenons à ton actualité, Last Patrol est un véritable retour aux sources pour Monster Magnet…
Dave : Je ne sais pas mais cet album aurait pu sortir largement avant, si je n’avais pas eu tous ces problèmes avec les drogues. En 2005 j’ai eu un gros problème (il a fait une overdose en 2006). Et quand je suis revenu, mes idées étaient plus claires et j’ai commencé à réfléchir à cet album juste avant Mastermind.
Lionel : Ca a dû changer ta façon d’écrire ?
Dave : C’est à peu près la même chose depuis toujours. Je travaille de mon côté, la musique en premier. Je bosse avec un petit enregistreur, et une batterie électronique ou des bongos. Je travaille ensuite sur une maquette, je réfléchis si je dois y ajouter des bruitages et voir ce que cela apporte au titre. Ensuite je chante par-dessus, mais sans écrire encore une parole. Après j’emmène la musique au groupe, on réalise les parties de la batterie, les parties de basse, on se concerte et seulement après je commence à travailler sur les paroles.
Lionel : Pour Last Patrol, t’es-tu replongé dans tes anciens disques pour trouver l’inspiration ?
Dave : Non, je n’ai pas besoin de les écouter. Je sais les parties de guitare que j’aime, les refrains, les vibrations, l’ambiance que je veux créer. Donc je n’ai pas besoin de revisiter mes anciens titres. Je n’ai seulement à penser à ce que je dois faire pour y arriver.
Lionel : Quand tu aimes un de tes albums désormais tu le joues en entier sur scène. Et ce soir, sur cette tournée tu joues tous les titres un par un et dans l’ordre ?
Dave : Oui absolument…
Lionel : Donc tu apprécies ce format, l’année dernière vous aviez joué pour les 20 ans de Spin of God, l’année précédente c’était Dope to Infinity, donc l’année prochaine tu nous fait quoi ?
Dave : Je ne sais pas encore ! (il allume une cigarette, prend une grande bouffée et réfléchit). Tu sais cet été on va faire des festivals, comme le Hellfest d’ailleurs qui est un endroit que j’apprécie particulièrement. Et là on fait une setlist différente.
Mais l’année prochaine je peux te dire qu’on mettra à l’honneur certainement Superjudge (1993). J’aime cet album. J’adore jouer des albums dans leur intégralité, je trouve ça trop cool ! Ça rend le groupe plus musical. Ça met un chalenge dans le groupe de pousser chacun à jouer dans un style différent qui était celui de l’album. Nous ne sommes pas seulement des musiciens qui jouons des titres comme ça, mais des musiciens qui jouons une pièce de travail, une œuvre.
Lionel : Depuis très longtemps, je me suis posé des questions sur le logo de Monster Magnet. Tu t’es inspiré de celui de Motörhead ?
Dave : Non !! Ce logo était un accident. Au départ j’avais mis un taureau dessus. Parce que le nom du groupe devait être Race of a Bull God alors j’ai demandé à un gars de faire un logo avec parce que ça faisait méchant, ça faisait Rock. Et année après année il est resté et des gens disait « c’est le logo de Motörhead ? - Non je ne sais pas ce que c’est, mais c’est artistique »… (Rire)
Lionel : Comment est la pression en tournée, avec le manque de sommeil ?
Dave : Oui, c’est beaucoup de pression. Parce que je veux qu’on soit dans le meilleur état d’esprit possible avant de monter sur scène sinon ça desservirait au public. Ainsi être prêt pour chanter le mieux possible même si secrètement du détestes ça. (Rire) Tu sais les gens ont payé leur place et il faut donc faire un bon boulot.
Lionel : Hey mais tu as le même T-shirt que tu portais l’année dernière à La Maroquinerie…
Dave : (rire général) je ne le porterai pas sur scène ce soir !
Lionel : Ton line-up parait stable maintenant ?
Dave : Super équipe, nouveau bassiste, Chris Kosnik , absolument excellent, un très grand bassiste. Phil (Caivano) et Garrett (Sweeny) se partagent le boulot au niveau des guitares.
(à ce moment on regarde les pulsation de nos voix qui s’affiche sur le téléphone)
Dave : J’adore ça (faisant le bruit des pulsations du cœur), boum-boum, boum-boum…
Lionel : (rire) Bon maintenant que tu viens tous les ans chez nous tu dois encore mieux nous connaître ?
Dave : Oui j’adore votre pays, en revanche tu sais ce que je n’aime pas (il se met à chuchoter) ce sont les promoteurs qui n’arrivent pas à nous trouver de bons endroits pour jouer, une belle scène avec des chouettes lights pour jouer. Et puis en France c’est Paris, cette grande ville merveilleuse, je pourrai y rester un mois sans problème : manger de bonnes choses et mater les nanas… cela me suffirait pour être heureux.
Merci à Gérald de Speakeasy pour l'organisation de cet entretien
Photo : Lionel / Born 666 / © 2014
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