L'ultime atome ?
ADX a bien failli ne pas se relever d'une pénible année 2012, mais il en fallait plus pour faire baisser les bras à Betov et ses amis. La sortie du précédent album Immortel fin 2011 n'ayant pas eu le retentissement espéré trois années après le comeback fracassant que fut Division Blindée, le groupe entama une petite traversée du désert désormais terminée. Avec un nouveau bassiste plus jeune (Julien Rousseau, qui remplace Klod), ADX nous revient avec son huitème opus studio intitulé Ultimatum, disponible le 24 février 2014 chez Verycords.
Retour aux sources ? Cela ne fait aucun doute. Si le précédent disque s'était paré de quelques éléments modernes et différents, celui-ci revient aux racines même qui fit le succès du quintet francilien : un heavy speed old school des familles qui sent bon la nostalgie. Peu de surprises, si ce n'est une introduction éponyme frôlant le symphonique et l'ambiant ou un "Les coeurs éteints" en mode fausse ballade acoustique qui progresse habilement vers un metal à peine retenu ; ainsi le morceau d'entame "Commando suicide" ne laisse aucun doute : la vieille école du bon heavy triomphe ! Véritable tube au refrain qui ne peut que s'inscrire durablement en tête, ce morceau fut sans surprise le premier titre révélé aux fans chez nos confrères radio du Rock Fort Show.
Niveau refrain accrocheur, cet Ultimatum ne fait pas dans la dentelle. "Le dernier carré" sera fabriqué sur le même moule de phrases répétées en mode quasi martial où Phil excelle de sa voix sans concession, tandis que ceux de "La caresse du tyran" (et son début d'intro presque digne de Death) ou de "Red Cap" pulseront avec une mélodie imparable dans vos esgourdes. En parlant de cette dernière, nous sommes en présence d'un monstre de composition mené d'ailleurs par le nouveau venu, comme quoi ADX sait intégrer les jeunes...
Au-delà de mélodies simples qui coulent paisiblement comme un ruisseau de montagne, nous avons aussi notre bon lot de titres riffés et techniques qui prouvent que des musiciens d'expériences savent mettre leur talent au service d'une musique à la fois simple et travaillée. En tête, outre "La caresse du tyran" (qui vous l'aurez compris est une des meilleures chansons de l'album avec un Phil au top de sa forme derrière le micro), citons "Paracelse" aux tourments sombres (paroles mystiques oblige) qui propose l'un des meilleur jeu de guitares de l'opus jusqu'à ce solo harmonisé de façon subtile et un final break groovy. Sur ce dernier aspect, "Le brave des braves" se pose également en valeure sûre, avant un "1572" inquisiteur à la basse prédominante mais manquant peut-être un peu de pêche.
Tout se déroule donc sans accroc ou presque, on peut éventuellement poser quelques réserves sur "Les coeurs éteints" qui pourrait à la longue lasser l'auditoire, ce n'est pas sur le final qu'on trouvera quelque chose à redire. Après un "Divine menace" des plus alléchants en mode quasi thrash dark par instants, ADX a même la bonne idée de ressusciter le titre "King of Pain" paru il y a 14 ans sur le seul album en anglais du groupe... titre réécrit en français pour l'occasion, et qui ne perd pas de sa magie au passage - bien au contraire !
ADX réussit son pari avec un nouvel album réussi qui touchera les fans de la première tout en intéressant les plus jeunes. On peut toujours regretter une prise de risque moindre et un abandon d'innovations tentées (avec un brio certain) sur Immortel, mais l'important n'est-il pas de revoir un groupe libéré et heureux de jouer la musique qu'il aime ? C'est bien là l'essentiel, et avec cette nouvelle offrande pas besoin d'ultimatum ou de couteau sous la gorge pour se laisser aller au plaisir de multiples écoutes agréables.
Note : 7.5/10