Ça commence comme un vieux 33 Tours rayé avec beaucoup de poussière dessus. Le passé revient, une voix incompréhensible ressuscite. Une tension, du vécu. Une basse liquide, épaisse, visqueuse et cette voix qui n’est pas là pour nous rassurer. Un peu comme celle sur «Domsavsigelse » qui donnait les peines infligées aux prisonniers sur l’album Konspirasjoner de Lakei. A quelle sauce allons-nous être dévorés ? – puis –
Des riffs chers au Black Metal arrivent, tombant comme des flocons sur une voix tourmentée poussée par des blasts incisifs. C’est carré, bien fait, pas d’originalité flagrante mais un plaisir du travail bien fait. C’est vrai qu’après 5 démos (ils devaient quand même commencer à désespérer avant d’être signés en 2007 chez Twilight Vertrieb) et enfin l’arrivé de leur troisième album, les norvégiens ont acquis de l’expérience depuis 1999. Ils ont quand même tourné avec Mayhem, Ragnarok, 1349 et Aeternus.
La voix d’Hedin Varf possède ce qu’il faut de suffisamment malsain pour nous empêcher d’appuyer sur le bouton « Stop » et de retourner vaquer à nos occupations, c'est-à-dire le crochet et plus particulièrement le point de filet. Tourmentée et apocalyptique comme la pochette de Svik, la voix nous implore de rester.
Les influences se retrouvent plus dans un Black Metal patiné à coup de K7 abimées, mais avec des structures modernes. Il ne faut pas chercher l’originalité comme sur « The Final Holocaust » mais prendre du plaisir à écouter un album bien fait. Ça attaque sec comme sur du Dark Fortress. La maîtrise des riffs dissonants de Gorm et de Ravnsvartr est de mise tout comme les légères interventions de Mjølner sur les cymbales. Le petit reproche que l’on peut faire c’est que les morceaux soient un peu trop linéaires sans trop de prises de risque, ponctués de passages mid-tempos qui servent plus de remplissage qu’à autre chose.
Intro moderne tourmentée avec le titre éponyme avant que les rythmes lents et sirupeux ne fassent leur réapparition.
Thyruz sait jouer sur les ambiances et en fait un peu trop surtout sur un album aussi court (28 minutes). Ce qui nous empêche de décoller, de nous laisser aller et d’être emportés par des effluves Black Metal plus énervés.
Mais comme ils ne sont pas manchots, ils savent nous montrer leur puissance et leur maîtrise sur un titre aussi enlevé et oppressant que « Darkness Illuminates All ».
Un album mature doté d’une belle production bien léchée mais qui pêche par de trop long moment d’égarement.
Lionel / Born 666