Vulture Industries (+ Orakle) à  la Boule Noire (21.02.2014)


Vulture Industries envoûte la Boule Noire


En ce vendredi 21 février 2014, rien a priori ne lassait présager ce dont nous allions être témoins à La Boule Noire. Enfin si, tout de même, nous savions que Vulture Industries, cet excellent groupe de black métal avant-gardiste, serait à l’affiche pour un concert spécial intitulé Turning Golem en compagnie de la troupe de comédiens et danseurs Happy Gorilla Dance Company.

En guise d’apéritif musical, on nous servait Orakle, un talentueux groupe de black métal francilien. Tous les éléments pour passer une bonne soirée étaient donc présents. Ce fut bien plus que ça !
 


Orakle

 

Dès le début du set d’Orakle, on se rend compte qu’ils ne sont pas un groupe de black lambda. En effet, la formation ne se contente pas d’envoyer le bousin en permanence, ils incorporent des solos endiablés, des changements de rythmes inattendus, et surtout du chant clair, très bien maîtrisé par le vocaliste/bassiste Achernar. Sa basse est d’ailleurs bien mise en valeur dans le mix, ce qui est fort appréciable.
 

Orakle, la Boule Noire, Paris, 2014,


Globalement, nous avons affaire à de très bons musiciens. La paire de guitaristes est bien complémentaire, même si l’un d’eux paraît moins à l’aise en guitare solo que l’autre, mais rien de rédhibitoire. Aux claviers, on peut noter la présence d’Emmanuel Rousseau, qu’on connaît pour son travail dans 6:33. Son apport aide Orakle à avoir son climat musical particulier.
 

Orakle, Paris, 2014, La Boule Noire,


Très vite, on est captivé par le jeu virtuose, subtile et pourtant très puissant de Clevdh, batteur de la formation. En plus de martyriser sa grosse caisse comme tout batteur de black métal qui se respecte, il incorpore dans sa performance de nombreuses nuances plutôt inattendues dans le genre. Il est en osmose avec son instrument, et constitue clairement la clé de voute du groupe.
 

Orakle, Paris, 2014, La Boule Noire,


Orakle a eu la chance d’avoir un bon son pour une première partie, qui aura permis aux spectateurs ne les connaissant pas découvrir le groupe dans de bonnes conditions. Autre qualité, Achernar chante en français, avec des paroles qui arrivent à ne pas tomber dans le cliché. Vous l’aurez compris, les gars d’Orakle ont assuré comme des chefs avec une musique bien mise en place et ambitieuse. Cela ne présage que du bon pour leur nouvel album, actuellement en cours d’enregistrement. Une formation à suivre, de toute évidence !

 

Vulture industries
 


« A quelle sauce allons-nous être mangés ? » Voilà la question qu’on pouvait se poser avant que le combo norvégien ne monte scène. Les comédiens sont en places, le spectacle peut commencer !


Vulture Industries, Turning Golem, 2014, Paris,


Premier constat, Bjørnar Nilsen est très en voix ce soir, et arrive très bien à assurer les parties vocales pourtant épiques de The Tower, dernier album du groupe. Le son manque un peu de précision en début de set, mais celui-ci s’améliorera considérablement en cours de concert. Bien vite, la narration se met en place, et le golem enchaîné entre en scène.

NDLR : certaines photos comme celle ci-dessous contiennent des liens menant à des vidéos de certains moments clés du spectacle.
 

Vulture Industries, 2014, Paris, La Boule Noire,


Vite, on comprend que l’histoire parle de création, de domination, et d’émancipation.  Bjørnar joue visiblement le rôle du créateur du golem, et s’en sert comme d’un esclave. Le golem se met donc au travail, sur les ordres de son maître.
 

Vulture Industries, Paris, 2014,


Pendant ce temps, des images énigmatiques sont projetées sur l’écran de la salle, entrecoupées d’images du concert en temps réel. On découvre maintenant que le personnage drapé de blanc  resté immobile pendant tout le début du spectacle est en fait une femme. Elle se place au milieu de la scène et commence à danser. On devine que le créateur essaye de la transformer en golem. Le nom du spectacle « Turning golem » prend tout son sens !
 

Vulture Industries, Paris, 2014, La Boule Noire,


Au niveau de la performance instrumentale, on constate que les musiciens sont bien en place. On entendra tout de même quelques pains ça et là, en particulier en solo, mais gageons qu’il n’est pas facile d’être parfait quand on joue dans la musique sur une petite scène avec un spectacle qui se déroule sur scène. Lorsque les instrumentistes viennent prêter main forte au chanteur pour les chœurs, on constate avec dépit qu’ils sont quasiment inaudibles ! Dommage, car on trouve de très beaux chœurs sur The Tower. Heureusement, cette bévue sera corrigée en cours de set.
 

Vulture Industries, Paris, 2014, La Boule Noire,


Encore une fois, la basse est bien mise en valeur par le mixage, laissant entendre des lignes de basse énergiques, soutenant parfaitement le rythme battu par la batterie. Au niveau de l’histoire, beaucoup de choses se passent, puisqu’on réalise que la femme est en fait à moitié transformée en golem. Pendant ce temps, un être énigmatique paré d’un masque à gaz et d’une lampe se promène dans la fosse, et scrute les spectateurs avec un air intrigué.
 

Vultures Industries, 2014, Paris,


Mais le véritable moteur du spectacle, c’est Bjørnar, qui insuffle un vent de folie avec ses mimiques de possédé. Toujours très impressionnant à la voix, il se donne à fond et interagit bien avec le public, qui est complètement plongé dans le spectacle.
 

Vulture Industries, 2014, Paris,


L’histoire s’accélère, on sent que le golem se révolte contre son maître et se libère de ses chaînes.
 

Vulture Industries, 2014, Paris,


Pendant ce temps, la femme-golem libère le prisonnier du maître. Et c’est l’intégralité du groupe à l’exception de Bjørnar qui se met à faire la farandole dans le public. On sent que l’histoire arrive à sa conclusion.
 

Paris, Vulture Industries, 2014,


Le maître rappelle tout le monde sur scène, et le groupe termine son spectacle sur un final dantesque. C’est la fin d’un spectacle à la mise en scène excellente, qui force le respect par sa qualité, en dépit du peu de moyens dont dispose le groupe et la troupe de comédiens. La mise en place musicale n’était pas toujours à son meilleur niveau, mais comment leur en vouloir, jouant ce spectacle sur une scène manifestement trop petite pour tant d’ambition ?
 

Vulture Industries, Paris, 2014,


Mais ce n’est pas fini ! En cadeau d’adieu, le groupe conclut avec un mini-concert « classique», sur un rappel avec trois chansons tirées des premiers albums du groupe.  Décidément Vulture Industries gâte son audience, et termine son show dans une ambiance fiévreuse, et une énergie nouvelle. Visiblement assez fatigué, Bjørnar s’écrie « vive la France », félicite le public pour sa participation et remercie Fred Chouesne, patron de Garmonbozia et ami du groupe, sans qui la soirée n’aurait pas eu lieu.
 

Vulture Industries, 2014, Paris,


En conclusion, que dire sur ce spectacle ? Beaucoup de très bonnes choses, qu’il serait difficile de résumer. Vulture Industries force le respect avec cette mise en scène modeste, mais de qualité, et proposée au public à un prix très accessible. A moins de vingt euros, offrir quelque chose d’aussi abouti est rarissime dans le monde du rock/métal, trop rare pour ne pas être souligné ! Nous voici en mars, et nous avons peut être déjà assisté au concert métal de l’année. Une expérience unique, interprétée devant 70 personnes. Les absents auront eu tort. Heureusement pour les fans qui n'ont pas pu être présents, le groupe nous a confié qu'un des concerts de la tournée "Turning Golem" avait été filmé !
 

Vulture Industries, 2014, Paris,

Reportage par Tfaaon

Photos : Arnaud Dionisio / © 2014 Deviantart
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.
 



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