Le premier album pour un groupe est toujours un évènement délicat. Originalité ou déjà vu ? Les groupes de heavy metal ne manquent pas et les disques bons à finir accrochés dans les arbres pour effrayer les moineaux sont légion. Eh bien pour un premier essai, le pari est plutôt réussi pour la formation Américaine Skyliner avec leur premier opus studio Outsiders (label Limb Music GmbH). Prenez une base heavy metal, ajoutez un peu de speed, une goutte de progressif, un soupçon de hard rock et voilà une bien belle galette présentée aujourd'hui.
Ça commence pourtant assez mal avec une intro d'album franchement déroutante. Une espèce de mise en bouche futuriste, qui se résume par quelques nappes de clavier banales, sans aucune rythmique en soutien. Pas de quoi provoquer l'hystérie collective en début d'album, et ce n'est pas l'arrivée tardive du chant qui change la donne. En revanche, le premier vrai morceau "Symphony Of Black" annonce directement la couleur. Riff de guitare simple mais qu'on peut qualifier de parpaing lancé à pleine vitesse, appuyé par un duo basse / batterie parfaitement en place, et du clavier pour compléter et renforcer l'ensemble. Le morceau en lui même est d'un schéma plutôt classique mais efficace, refrain accrocheur, couplets énergiques, passage instrumental agréable et varié, pour tout dire ça sent très bon. Ce même schéma peut s'appliquer sur la quasi-totalité des titres de l'album sans vraiment gêner en quoi que ce soit, la durée moyenne d'un morceau étant de 7 minutes.
Les deux morceaux suivants achèvent de nous convaincre, et forment le trio parfait de l'album. "Undying Wings" nous scie les cervicales grâce à une rythmique puissamment heavy du début à la fin. "Forever Young" continue sur la même lancée, le groupe alternant rythmiques heavy et speed sans aucun problème de cohérence. "The Human Residue" pourrait faire partie du groupe de tête, encore un morceau efficace, malgré un refrain un peu brouillon.
La production est agréable, les instruments sont à leur place, la puissance est de mise, et ce n'est pas une surprise en sachant que c'est Jamie King qui s'occupe de la production (Between the Buried and Me, Devin Townsend...). L'impression d'espace est développée par la section rythmique, et non pas comme le plus souvent par les distorsions écrasantes des guitares. Chaque note de basse se ressent comme jamais, et vu le niveau du bassiste (David Lee Redding) c'est un pur bonheur. Côté batterie (Ben Brenner) c'est propre, carré et puissant, tout ce qu'on attend dans ce style. La guitare n'est pas à la traîne non plus avec un son net et précis souvent placé au milieu du mixage global. Les soli sont originaux et maîtrisés, les rythmiques parfaites, rien à dire non plus de ce côté là.
Désolé, j'ai pas trouvé d'autre photo mieux que celle là en fait...
Et la voix dans tout ça ? Et bien c'est la petite déception de l'album. Le guitariste-chanteur Jake Becker chante certes bien, mais manque légèrement de coffre pour ce style. Sa voix n'entoure pas l'auditeur et reste cantonnée dans un registre assez simple, le mixage n’étant pas en sa faveur non plus. Mis en cause également quelques doublages de voix plutôt inutiles, des growls faiblards et des envolées très en retrait.
De même, concernant le titre "Dawn of The Dead", démarrant plutôt bien la sauce ne prend pas. La faute à un refrain passable, des nappes de claviers qui ne collent pas à l'ensemble, et un break dispensable. "Aria of the Waters" ne convainc pas totalement non plus malgré une ligne de chant originale, le morceau parait un peu long au démarrage et ne prend son envol qu'au bout de 4 longues minutes.
L'album se termine sur une pièce de 21 minutes : "Worlds of Conflict" et le constat est partagé. Les deux premiers tiers du morceau sont un condensé de riffs majestueux et d'ambiances totalement opposées, les différents rythmes partent dans tous les sens, les parties chant collent parfaitement, un groove indéniable... Si le morceau s'était arrêté là il n'y avait rien à redire. Qui a eu l'idée d'ajouter une dernière partie réellement interminable ? Et ce dernier solo de guitare totalement dispensable en guise de final ? Dommage...
Au final on retiendra un premier album dans lequel tout n'est pas parfait, mais d'où se détachent de réelles bonnes idées. Skyliner possède un potentiel certain et un univers cohérent, mais doit gommer quelques imperfections pour devenir vraiment incontournable.