Les viking français au grand coeur !
Irminsul, Irminsul... encore un groupe de metal viking venu du nord ? Et bien pas du tout ma bonne dame, car ce Irminsul là nous vient tout droit de France, des bords verdâtres de l'Oise, pour un deuxième opus paru chez Brennus au mois de janvier et intitulé Geist. Du heavy hard rock bien old school chanté dans la langue de Molière qui plus est, quelque chose de fort rare parmi nos groupes actuels qui prennent un risque minimum à ne chanter qu'en anglais (souvent avec un accent déplorable mais bon passons, c'est ça la French Touch... merci Air... !). Certes le côté guerrier est là mais c'est aussi un combo qui sait mettre de l'émotion dans sa musique dont nous allons parler ici.
Avec son chanteur Guillaume alias Goyon en tête, récemment reconnu sur une émission française nommée La Nouvelle Star. S'il a su aller loin et donner la chair de poule au jury, il n'a pu progresser jusqu'aux finales notamment à cause d'un Sinclair plus fermé d'esprit que jamais (pourtant lorsqu'on écoute ses "oeuvres", il ferait mieux de se taire...) et ce même si André Manoukian (déjà chroniqueur sur nos pages) a eu plus d'une érection capillaire au son de la voix de notre frontman. Capable d'aigus fort bien maîtrisés fleurant bon le old school à la King Diamond ou Rob Halford, mais doté aussi d'une vraie conviction digne d'un acteur, Guillaume porte l'opus de bout en bout par une performance vocale exceptionnelle, LE point fort de l'opus. Ecoutez donc "Sage" par exemple, d'emblée après une ouverture sympho-filmique des plus envoûtante, ça calme direct.
Bon après niveau progression dans la tracklist de l'opus, nous ne sommes pas non plus en présence d'un chef d'oeuvre musical absolu, même si chaque musicos se débrouille très bien avec quelques fortes tonalités Iron Maiden ("Je ne te dois rien" en tête) et une production brute de décoffrage très autoprod mais intéressante à l'oreille, ce qui a le don au moins de faire entendre la basse. Petit bémol cependant sur la batterie peut-être parfois sous mixée, mais bon... ça prend plutôt bien et c'est du bon son maison sans chichi qui devrait bien plaire aux puristes !
Cependant, malgré de bons morceaux, nous sommes parfois en présence de quelques longueurs qui suintent certes l'émotion mais souvent un poil trop. "Le monstre" aurait pu moins se traîner par exemple, même si tout ceci n'est pas sans rappeler Sortilège ("Les oublis des dieux" aussi, pas loin d'ailleurs d'un bon vieux High Power ou H-Bomb) jusque dans le thème des paroles abordées. Sur 42 minutes, il n'y a peut-être pas suffisamment de pêche globale même si l'écriture est globalement très soignée, on peut rester sur notre faim et se poser la question parfois de cette mise en avant d'un côté trop technique aux dépends d'une accroche plus globale.
Maintenant, Irminsul a plusieurs points d'originalité qui font de ce groupe un cas rare sur nos terres : outre le chant en français, qui sera honni par certains, il y a cette théâtralité certaine et une petite complexité d'approche qui permet de les remarquer plus facilement que d'autres, ainsi ce Geist nécessite plusieurs écoutes pour bien être assimilé - ce qui est rare dans le genre. Entre heavy (Maiden et Manowar en tête), hard plus cool, passages plus rock/pop aussi, moments plus épiques à la Bathory ou speederies à la Malmsteen et Cacophony, on ne se repose jamais. Alors certes, comme dit plus tôt, ça manque d'accroche globale, mais on sent que l'histoire racontée est prenante, ce qui rend le tout très visuel.
Un opus à écouter donc les yeux fermés, en imaginant quelques paysages ou autres scènes épiques/historiques à foison. Quelque chose qui manquait en France depuis les années 80 où Sortilège régnait en mettre, car plus subtil qu'un ADX ou un Killers par exemple dans la famille "heavy français dans sa langue natale". On en vient presque à regretter que le groupe ait mis en avant la ballade power éponyme pour son clip officiel ("Rumeurs" aurait mérité cette place selon moi, petite bombe tout en groove que ce morceau)... il y avait peut-être plus puissant à proposer. M'enfin c'est déjà pas mal.
Alors, faites le bon Geist (oui elle était facile) et procurez-vous ce second album studio, en plus de passer un bon moment musical pas forcément de tout repos et qui dopera votre imagination, vous soutiendrez une scène française qui en a grand besoin. N'en déplaise à Sinclair !
La Folle Fougère