Nostalgie, douce nostalgie, quand tu nous reviens et titille ainsi notre âme... Comment résister ? Comment ne pas se laisser aller et entraîner les yeux fermés ?
Derdian et nostalgie ne font ici qu'un. Voilà que, alors que le power/speed/symphonique a tendance à me décevoir depuis 2005, un album de ce style vient enfin me produire un effet que je n'avais plus ressenti depuis des années.
Seul le génialissime "Tarot" des espagnols de Dark Moor avait su, ses 4 dernières années (en 2007), me procurer la même passion dans un style mélodique néo-classico-symphonique. Les italiens de Derdian, en un album, viennent ici réveiller ce qui m'avait attiré chez leurs "ancêtres" tels que Rhapsody, Stratovarius ou Helloween : la joie d'écouter un album direct, mélodique, rapide, puissant, racé et accrocheur !
Mais qui sont ces italiens de Derdian, certains pourraient se demander ? Un combo milanais créé il y a plus de 10 ans par le guitariste leader du groupe (et dernier survivant du line-up originel) Enrico "Henry" Pistolese et qui a réalisé, avant ce nouvel opus, deux albums du nom de "New Era Pt. 1 et "New Era Pt. 2 - War of the Gods".
Aucune surprise ici de voir ce nouveau CD s'intituler "New Era Pt. 3 - The Apocalypse", troisième et dernier volet d'une saga créée écrite par les membres du groupes eux-même, et qui sortira chez Magna Carta le 2 mars 2010. Un petit bijou de metal power/speed/heavy/symphonique à l'italienne, alliant allègrement clichés du genre, mélodies du passé et touche personnelle pour une musique plutôt créative et fort agréable à l'écoute.
Parler de cet opus reviendrait en quelque sorte à ouvrir mon coeur. Au diable l'objectivité ici, car nous sommes en présence d'un pilier du genre comme seuls leurs aînés étaient encore capable de produire il y a de cela une dizaine d'années ! Dans une scène où il est parfois difficile aujourd'hui de trouver une relève digne de ce nom, les petits gars de Derdian s'imposent ici en nouveaux leaders avec un 3ème album venant répondre aux promesses entendues précedemment.
Et si, sur les précédents albums, nous pouvions parler de révélation forte... Ici, avec une production enfin totalement à la hauteur et une maîtrise complète (que ce soit au niveau des compositions, du feeling ou de la technique), on peut définitivement parler de confirmation. L'album de la maturité, de la vitalité, peut-être de la "gloire" allez savoir...
La construction de ce CD est tout simplement parfaite et pensée de manière à tenir l'auditeur en haleine du début à la fin. Classique mais efficace, l'enchaînement introduction + "The Spell" constitue d'emblée une première claque. Hymnesque et tout simplement parfait, on aurait pu s'attendre à une baisse juste derrière... Mais non, Derdian enchaîne avec un "Battleplan" imparable, rythmée et enchanteur dans ses variations, jusqu'au refrain qui prend aux tripes, sans oublier un solo dantesque et "progressif" dans son intensité.
L'album subit ensuite une première pause avec une "Black Rose" plus douce mais si... captivante ! Alors oui, ça se calme, mais le tout reste diablement efficace, avant de repartir de plus belle avec la très positive "Her Spirit Fly Again" et son refrain presque religieux.
Si une légère faiblesse peut être soulignée sur cette galette, c'est peut-être sur les 6ème et 7ème chansons qu'on la marquera. Pas que ces titres soient mauvais en soit, mais probablement apportent-ils un poil moins que les autres. Du moins en ce qui me concerne. Plus académiques et aux refrains un tantinet moins accrocheurs, au moins ont-ils le mérite de prouver que le groupe peut explorer différents univers tout en restant cohérent avec leur style de prédilection. Cependant, "Dreams" ayant des couplets super bien pensés et "Divine Embrace" une aura plus "dark" très intéressante, la nuance reste tout de même de mise...
Par la suite, rien à redire, car l'album se conclut sur un enchaînement de perfections. Car oui, on peut largement supposer que les 5 derniers titres (+ l'interlude instrumental) constituent une fin de CD rêvée. De "The Prophecy" (pur hymne au refrain inoubliable, probablement un des points forts de l'album) à "The Apocalypse" (conclusion magique aux relants Rhapsody old-school et aux soli rappelant les grandes heures de Stratovarius) en passant par les explosifs "Burn" (agressif et survitaminé) ou "Revolt" (avec sa partie de solo "Misirlou" toute droit tirée du film "Pulp Fiction"), sans oublier LA ballade incontournable "Forevermore" où le chanteur Joe Caggianelli affiche un excellent duo avec Lisy Stefanoni (très bonne chanteuse du groupe Evernoire et invitée sur plusieurs titres de l'album)... tous les ingrédients sont réunis ! Fermez le ban, il n'y a plus rien à faire... si ce n'est remettre l'album au début et démarrer ne nouvelle écoute !
Vous l'aurez d'ailleurs compris, en plus des compositions rondement bien léchées, les soli (guitares et claviers) sur cet album rivalisent de technique et de génie. Il se passe définitivement quelque chose sur ce "New Era Pt. 3 - The Apocalypse". Et, si on excepte ces deux chansons sus-mentionnées légèrement plus faibles (et encore, le mot est fort), nous sommes pas loin de l'album parfait.
Alors bien sûr, les détracteurs habituels du power metal vont pouvoir se déchaîner, arguant du fait qu'une nouvelle fois (?) rien ne neuf n'aura été apporté, que les clichés sont usés jusqu'à la corde gnagnagna etc... Oui, sûrement, mais à ce niveau on s'en moque totalement ! C'est tout simplement super bien fait, rempli d'un feeling mélodique rarissime... Emotionnel et entraînant à la fois... En tous ces points ce nouvel album de Derdian s'avère de lui-même original, surnageant et tirant un style (en perte de vitesse ?) vers le haut. Comme au bon vieux temps...
Ma note : 9/10
