Dur de trouver un groupe de métal à chant féminin français ayant réellement percé. De mémoire, en tout cas, il m'est impossible d'en trouver.
Pourtant, sur cette scène, et dans différents styles, la France compte des groupes de talent (Pin-Up Went Down, Penumbra ou Benighted Soul par exemple).
Et après l'écoute de leur premier EP, « Obsessions », paru en 2007, je voyais déjà en Soulmaker, formation de heavy/thrash/symphonique venue de Belfort, une formation prometteuse.
Le groupe publia son premier album auto-produit, « Discordances », fin février 2010.
Espoirs confirmés ou flop complet ? La réponse dans cette chronique.
Pour une auto-production, le son de cet album est tout simplement excellent !
Pas étonnant, puisque la production est assurée par Yann Klimezyk (MyPollux). L'ensemble est très appréciable et chaque instrument sonne avec puissance et énergie.
Les deux guitares livrent tout un long de l'album un véritable jeu de phrasés où l'une semble répondre à l'autre. Les riffs sont puissants, tranchants, très typés thrash.
Seul léger reproche, une batterie sous-mixée manquant par moment de relief, et parfois légèrement noyée sous cette puissance.
Le style pratiqué est un métal thrash/heavy assez classique mais exécuté de manière magistrale.
Soulmaker impressionne donc par sa technique et sa force, ces riffs énormes nous accompagnant tout au long de l'opus et la force qu'ils donnent au brûlot des français.
Au niveau des compositions, les français jouent encore sur l'efficacité, un choix payant.
La puissance des instruments couplée à des refrains entêtants et efficaces, le tout mélangé à des compos dans l'ensemble très diversifiées, suffisamment en tout cas pour être appréciées à leur juste valeur.
Néanmoins, si chaque titre de cet album pris à part sont de petites bombes, certaines pistes se révèlent bien en dessous des autres lorsque l'on écoute l'album d'une traite. Non pas que ces-dernières soient mauvaises, mais elles paraissent en réalité fade comparées à d'autres, plus que tubesque.
En effet, « Sing » ou « Requiem for a Creep » sont réussies mais un cran en-dessous des sublimes « A Vide », « Les Mouches », « Inch Allah » ou « I Remember ».
D'ailleurs, élément intéressant, le combo arrive à jouer sur les deux langues.
Ainsi, on pourra dénoter 6 titres en anglais pour 6 titres en français. Si cette balance linguistique était mise à mal sur l'EP en nuisant à la cohésion générale, elle ne fait ici que renforcer cette impression de diversité ! Une touche d'originalité très bien exploitée par le groupe, et donc un atout supplémentaire qui démarque Soulmaker de bon nombre de ses concurrents directs.
Maintenant, si vous remarquez bien, j'ai omis de vous parler d'un élément important.
Comme on le dit bien souvent, il faut réserver le meilleur pour la fin, et le meilleur dans cet opus c'est bien sur le chant !
Marina Viotti chante avec une aisance et un charisme qui font plaisir à entendre.
Dans tous les registres, que ce soit dans un chant rock type, un chant plus fragile, ou encore des grunts puissants, la jeune femme excelle.
Et que ce soit en français ou en anglais, sa performance est tout simplement remarquable, de part sa maîtrise technique ou au niveau de son timbre de voix relativement agréable à l'écoute.
Alliant à la fois puissance et émotion, Marina a progressé par rapport à l'EP, une progression qui se sent sur chaque titre de « Discordances », et elle est plus que jamais l'atout majeur du combo français.
En conclusion, Soulmaker ne réinvente pas la roue mais nous délivre un opus de qualité et d'une grande maturité. Et ce n'est qu'un premier album !
Un groupe au potentiel énorme et qui pourrait bien trouver sa place parmi les plus grands.
En tout cas, je souhaite bonne chance à ce groupe prometteur et je vais encore me réécouter ce « Discordances », une des claques de cette année 2010.
Note finale : 8,5/10