Death dans ton froc !
Chroniqueuse ignorante ou musiciens inconnus, je vous laisse trancher concernant Helmsplitter, formation américaine dont je n'avais jusqu'alors jamais entendu parler. Toujours est-il que le groupe, composé de cinq membres qui ne sont pas là pour rigoler, est déjà à sa seconde mouture, nommée Enraptured By Suffering. A voir l'apparence qu'ils se donnent, le logo et le design de la pochette, difficile de douter que l'on tombe dans le milieu du death. Voilà donc une belle occasion de faire une découverte et de présenter cette sortie, me semblant suffisamment digne d'intérêt pour vous en parler aujourd'hui dans nos pages. Et qui sait, si vous étiez dans la même posture que moi avant de commencer à écrire ce papier, peut-être aurez-vous l'envie de vous pencher sur le quintette après cela.
Point fort pour nos oreilles : le combo ne se contente pas d'un tabassage intensif sans finesse ni mélodie. Les rythmes sont généralement plus modulés et les musiciens n'hésitent pas à proposer quelques cassures ou breaks bien amenés au sein de la composition, offrant ainsi quelques aérations bien senties, évitant l'effet d'étouffement. Indéniablement, cet aspect combiné à la durée relativement courte d'une paire de pistes est un facteur amenant à l'appréciation des onze morceaux composant la galette. "Burden of Our Existence" est un excellent exemple démontrant l'étendue du talent de ces américains, capable de ralentir le tempo pour lâcher par la suite une cavalcade de riffs et de double pédale qui donnent envie de sévèrement secouer la tête. Rien de bien original, en somme, et cela sonne comme du déjà entendu, mais il y a chez Helmsplitter une qualité d'exécution non-négligeable qui joue en leur faveur.
Cette façon d'aborder l'écriture des titres permet ainsi au groupe de ne pas répéter le même propos trop souvent. Certaines pistes se démarquent de cette manière, telle "Dance of the Heretic" où le jeu de guitare y est réellement intéressant, permettant d'apprécier toute la technique de Ross Mallie et de Jason Grevas. Évidemment, on parle de death metal, donc ça se lâche et ses moments là peuvent, eux, sembler moins inspirés. Heureusement, il n'en est rien, ce qui nous permet de profiter pleinement de l'offrande et de se mettre à secouer la tête dans tous les sens, au risque de se faire surprendre par ses voisins, qui saisiront leur téléphone pour appeler l'hôpital psychiatrique le plus proche, mais ça, en tant que fans de metal, on s'en contrefout.
Le chant y est assuré avec brio. Johnny « Blakk » Baker délivre une performance solide, alternant entre des cris plus inquiétants et des vocaux death caverneux, complétant parfaitement les titres par sa versatilité. "World so Wicked", par exemple, lui offre un terrain de jeu idéal pour alterner entre ces types de growls, et faire preuve de sa technique au point. Que ce soit sur des morceaux plus subtils comme "Dance of the Heretic" ou "The Ground Bleeds Sorrow" ou sur du tabassage comme "Tyrants for Blood" ou "Portrait of Scars", le frontman est à son aise et ne tombe jamais hors de propos !
J'ai ma petite préférence pour les titres "The Ground Bleeds Sorrow" et "Days of Loathing". Le premier est également le plus long de l'album, culminant à plus de six minutes pendant lesquelles on ne voit pas le temps passer ! La structure est variée, proposant des breaks instrumentaux d'excellente qualité, et la construction intelligente du morceau lui confère un charme plus important qu'aux autres pièces. Le second, lui, est un peu plus classique mais les riffs sont très plaisants et bien sentis. La cohésion entre les musiciens est franchement plaisante, transformant cette piste en un atout indispensable. Les autres morceaux ne sont pas en reste, mais sont un peu moins marquants. C'est d'ailleurs le défaut majeur de ce disque, capable de proposer une tripotée de bonnes choses, mais manquant encore d'un titre fédérateur.
Enraptured By Suffering est tout de même une livraison appréciable, capable de tenir la durée et de nous proposer un death metal où l'équilibre entre la technique et la brutalité est respecté. Rien de particulièrement révolutionnaire, mais Helmsplitter fait le travail comme il se doit. Au fond, on ne demande pas forcément plus. On passe ici un bon moment, en dépit de l'absence d'un hymne. A surveiller de près pour les amateurs du genre.
La Folle Fougère
Ma note : 7.5/10