Le Québec semble avoir une scène "underground" de black et de pagan metal fort garnie.
Valknacht est un exemple de groupe de qualité qui sort ici son troisième album longue durée. Il faut dire que Froidure, Matoleos et Thorleïf pour ne citer que ces membres, cumulent les expériences avec divers formations telles qu'Hiverna, Aurore, Délétère.
L'expérience sert visiblement, si j'en juge le son de ce nouvel album.
Après une long morceau d'introduction, qui plonge dans l'ambiance épique de ces matins calmes qui précèdent l'invasion, la colère des Normands (Normannorum ira) s'annonce à travers les éléments classiques de ce genre de morceau : chœurs, tambours de marche; une bonne musique de générique d'un film avec des vikings donc !
En fait, plus qu'une introduction à l'album, on pourrait croire qu'il s'agit simplement de la mise en bouche pour la seconde piste de l'album, qui me semble en être le meilleur titre.
Le growl puissant et une rythmique lourde et pesante qui accélère jusqu'au mid tempo en cours de morceau est un mélange vraiment bien pensé. Certes, rien d'original, mais pour moi, c'est ça le vrai son du du style pagan metal. Si l'idée était de décrire l'ambiance de la "bataille de Maldon", et bien, c'est une réussite ! Le son déferle sur l'auditeur comme une vague incessante de plus de neuf minutes.
Chants de guerre se structure autour d'une rythmique plus joyeuse, avec des influences folks plus marquées qui poussent le combattant à avancer gaiment vers son destin. Sur les ruines de Rome, une délicate touche féminine fait son apparition. Enfin, délicate comme une furie évidemment ! Cette chanson conte l'histoire de la reine guerrière Boadicée, qui combattit les légions romaines en Bretagne et il fallait donc qu'elle intervienne en personne à travers la voix de Vervandi, l'ancienne flûtiste de Valknacht faisant ici une apparition ponctuelle, et qui exprime à merveille la rage de son illustre ancêtre de coeur, ainsi qu'une froide détermination à travers quelques promesses parlées...
Le titre éponyme de l'album, Le Sacrifice d'Ymir, accélère le tempo à travers le morceau le plus long de l'album (plus de dix minutes !). Ce titre amorce un tournant dans l'album car ici débute une certaine répétitivité dans la musique, et un certain manque d'originalité. Certes, "De murmures et de givre" et "Que le Sang constelle mes mains" sont des morceaux de pagan metal tout à fait honnêtes, mais en rajoutant les dix minutes précédentes, nous en sommes déjà à 25 minutes "honnêtes" auxquels il faut ajouter "Le carmin des anges" qui clôture l'album.
Par contre, si je semble un peu déçu par cette seconde partie de l'album, je pense qu'au contraire, sur scène, ce sont ceux-ci qui donneront le meilleur résultat dans la fosse.
Alors que faut-il penser de ce dernier opus de Valknacht ?
"Le sacrifice d'Ymir" semble regrouper toutes les meilleures chansons, et surtout les plus originales, dans la première moitié du CD. Attention, cela ne veut pas dire pour autant que le reste soit nécessairement mauvais, loin de là, mais avouons que la thématique des guerriers viking sur fond de black/pagan metal n'est pas tout à fait ce qu'on pourrait appeler une innovation. Et bien sûr, comme tout n'est qu'affaire de goût, le mieux est toujours de se faire une idée par soi-même !
Les québecquois de Valknacht nous offrent ici un album bien produit qui devrait ravir les fans du genre avec quelques très beaux passages qui méritent à eux seuls une écoute approfondie !
« Le Sacrifice d'Ymir» - est sorti le 11 mars 2014 (PRC Music).
Tracklist (57 min) ;
01. Normannorum ira (3:08)
02. La bataille de Maldon (9:33)
03. Chants de guerre (6:47)
04. Sur les ruines de Rome (8:39)
05. Le sacrifice d'Ymir (10:08)
06. De murmures et de givre (7:18)
07. Que le sang constelle mes mains (7:25)
08. Le carmin des anges (4:57)
Thomas Orlanth