Mike Dean, chanteur et bassiste de Corrosion of Conformity

"On n’est jamais démodés, parce qu’on n’a jamais été à la mode."

Avant de remonter sur scène à Paris pour la première fois en 18 ans, Mike Dean bassiste et chanteur de Corrosion of Conformity, a accordé quelques minutes à La Grosse Radio pour évoquer son retour, mais aussi donner quelques renseignements sur le prochain album du groupe, qui est tout juste fini. Il parle également des influences du groupe et de la manière dont il perçoit la musique aujourd’hui, ainsi que la manière dont les auditeurs l’approchent.

Bonjour Mike, merci de nous accorder cette interview. Tu reviens à Paris 18 ans après ta dernière date. Comment te sens-tu ?

J’ai l’impression d’être en retard pour un évènement important, mais ça fait du bien d’être ici. Ca fait trop longtemps qu’on n’est pas venu, il faut dire que le groupe était séparé pendant quelques années. On a fait Hellfest et Motocultor, mais pas grand-chose d’autre en France, je ne sais pas vraiment pourquoi.

Qu’en est-il de votre prochain album ?

On vient de le finir ! On a bossé dessus, fait des tournées entretemps, pris des pauses puis repris le boulot intense pour y arrivé. On a fini de le mixer, John Custer s’en est occupé, il était vraiment impliqué dans le processus de production et la technique. C’était dur de respecter la deadline, mais je crois qu’on y est arrivés.

Que peux-tu nous dire sur la direction musicale de l’album ?

C’est plutôt heavy, il y en a quelques-unes qui sont rapides. On retrouve nos influences habituelles, mais utilisées un peu différemment que d’habitude. On continue d’avancer, mais on prend la musique du passé, mais on la met à notre sauce et on essaie de recréer le feeling qu’elle a, d’une manière à ce que cela ne sonne pas comme un hommage ou retro. C’est un peu ce qu’on a fait dans nos deux précédents disque, avec des styles un peu différents. Je pense que ce disque est plus sombre que Corrosion of Conformity et que c’est une sorte de suite de l’EP Megalodon, plus travaillée et avec un meilleur son. On l’a enregistré au même endroit que Megalodon, mais on a plus pris notre temps cette fois et ça a payé.

Mike Dean Corrosion of Conformity

En quoi ce disque sera-t-il plus sombre ?

Je pense que c’est à peu près la même chose musicalement, mais c’est le sentiment que j’en tire. Il n’y a rien de calculé dans ce disque, j’aimerais que ce soit plus comme ça des fois, histoire qu’on fasse des choses plus cohérentes, mais c’est comme ça qu’on fonctionne, ça fait partie de notre identité, pour le meilleur, comme pour le pire ! [rires]

Comment définis-tu tes influences ?

Elles sont assez diverses. A l’âge de 6 ans, j’ai découvert l’album Paranoid de Black Sabbath par mon frère, j’étais fasciné par la wah-wah dans "Electric Funeral". Il y a aussi le heavy rock qu’on écoutait quand on était plus jeunes, le hardcore dans lequel on était quand on a commencé le groupe, on y revient d’ailleurs, avec les Stooges, de Black Flag, et aussi les trucs comme Jimi Hendrix, Robert Johnson, Lynyrd Skynyrd… Je pense que certains nouveaux groupes plus jeunes que nous nous influencent d’une certaine manière, comme Goatsnake, ou Yob qui est assez complexe en termes de son, ça t’inspire au moins sur les possibilités qui s’offrent à toi ! [rires] Sinon on écoute aussi des trucs plus simples comme Witchcraft ou Kadavar. On s’en tient à ce qu’on fait, on n’est jamais démodés, parce qu’on n’a jamais été à la mode.

Ce prochain album sera le deuxième depuis que vous vous êtes reformés en tant que trio. Comment vois-tu l’état actuel du groupe ?

C’est difficile à dire. Pour certaines chansons, on a besoin de deux guitares, certains riffs sont solidifiés et durs à adapter en trio. Tu verras ce soir, il y aura deux ou trois chansons que je vais foirer [rires], mais sinon on reste pro la plupart du temps. La plupart ! [rires] Au moins, les gens verront qu’on ne fait rien en play-back ! D’un autre côté, ce qu’on faisait dans Animosity, avec nos délires hardcore et les breaks dingues, c’est assez dur à adapter pour quatre musiciens.

Mike Dean

Comment penses-tu que cet album sera accueilli ?

Je ne sais pas, j’espère que ça se passera bien, mais rien ne nous le garanti. De nos jours, il y a plein d’autres informations qui te perturbent quand tu écoutes de la musique. La musique était une partie très importante de notre culture aux Etats-Unis, maintenant, ça a diminué. Surtout pour le rock, mais ce n’est pas ça qui va nous arrêter.

Comment ça se fait ?

C’est ce que j’ai observé. Quand j’étais gamin, il fallait économiser de l’argent pour s’acheter une cassette ou un vinyle. Maintenant, il suffit de télécharger, ça perd de son sens, tu n’as plus cette attente. Maintenant on peut même regarder des films sur son téléphone. Juste s’assoir et écouter de la musique demande de l’imagination et de la patience. Les gens ne prennent plus le temps de faire ça. C’est l’évolution de l’espèce humaine, ou le contraire, tout dépend comment tu l’interprètes ! [rires]

Photos : ©2014 Fanny Storck.
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe. 
 



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