*Entretien réalisé par M'sieur Seb*
La saison des festivals commence en avril, les 18, 19 et 20 avril avec le PPM Fest à Mons en Belgique. La Grosse Radio partenaire de l’évènement, donne aujourd’hui la parole à son créateur, Tony le passionné. Un mec sincère avec lequel l’interview a dégénérée en conversation à bâton rompu. Sam du groupe Epysode (grosse exclue du festoche) viendra se divertir en notre compagnie le temps de quelques questions. Nous avons avant tout parlé musique mais promis, la prochaine fois, on abordera des sujets plus éthyliques et graveleux :
Comment a commencé l’aventure du PPM Fest ?
Tony : A l’époque, j’étais en Italie et j’ai assisté au concert de deux groupes qui m’ont beaucoup plu. ADM et Astra. Je rencontre alors les musiciens et je me dis, il faut que je les fasse jouer en Belgique. Dans ma tête, je pensais à une salle dans le fond d’un bistro. Et puis, je me retrouve pour le premier PPM Fest avec Scorpions en tête d’affiche…
C’est super vendeur comme histoire mais il en manque un bout !!
Il se trouve qu’au même moment je rencontre le manager de Scorpions. Je suis super motivé pour faire venir les groupes dont je t’ai parlé alors je prends des infos d’un professionnel du milieu. Qui de mieux que le manager de Scorpions ? De façon amicale, il m’explique tout ce dont j’ai besoin. Il me briefe sur les contraintes etc… Plus nous avancions dans l’idée du projet, plus nous nous rendions compte de son potentiel. En premier lieu, sa place dans le calendrier. Le mois d’avril nous permet de commencer la saison des festivals. La problématique première que nous avons rencontrée concernait la disponibilité des groupes. Entre ceux qui sont en tournée et ceux qui se préparent pour celles de l’été, la place du PPM dans le calendrier n’était pas évidente. Néanmoins, ça nous a permis d’avoir des groupes en exclusivité.
Quel a été ton plus challenge ?
Notre festival se situe en Belgique et comme tu le sais notre Pays est divisé en deux. D’un côté, tu as la Wallonie et de l’autre les Flandres. En Wallonie en matière de métal, je peux t’assurer qu’il n’y a rien. La bonne nouvelle, c’est qu’il y avait tout à faire… Et quelque part c’est le nombre de bénévoles qui a fait la dimension du projet. Aujourd’hui le PPM, c’est 12 membres pour l’organisation et 200 bénévoles. Cette année, nous préparons notre cinquième édition, nous avons une surface de 10 000m2 ce qui correspond à 10 000 festivaliers. C’est une norme de sécurité qui nous est imposée par les pompiers et franchement, il y a de la place, personne ne se marche dessus. Nous avons également une contrainte technique. Les scènes de notre salle sont en vis-à-vis. Le public se déplace de l’une à l’autre. Voilà pourquoi il est important de respecter la jauge pour le confort de tous. Et puis tu dois concevoir une affiche qui tienne la route, nous essayons donc de proposer une affiche originale en évitant les travers des « festivals business ». Nous ne tirons pas sur les prix et misons la dimension conviviale du projet. Le but du jeu étant de ne pas perdre d’argent et de pérenniser le festival.
Quels seront les changements notables de cette nouvelle édition ?
Depuis 2012 notre festival se déroule sur trois jours. Initialement nous étions sur une journée. Cette année, nous avons rajouté une scène uniquement dédiée à l’animation. Ca nous permettra de faire des breaks entre les groupes. Nous avons un musicien avec un violon électrique qui viendra nous régaler ainsi que la fanfare d’Attila et les Huns Deux Trois Quatre qui excellent dans la reprise de standards metal.
Lors d’une récente émission de la Hellfest TV, les intervenants ont évoqués (sans les nommer) des groupes qui refusaient de jouer pour leur festival. Y’a-t-il des groupes qui ont refusés de jouer au PPM ?
Je pense qu’aucun groupe ne refuse de jouer quelques part tant tu alignes les billets. Je ne vois pas pourquoi un groupe refuserait l’opportunité de jouer devant un public nombreux. Il pourrait peut être y avoir des groupes qui se sentent étrangers à ton affiche et ce serait un souci de cohérence ou alors un groupe qui a une exclusivité avec un autre festival. Personnellement nous n’avons jamais été confrontés à un problème de ce genre…
Sinon, tu gagnes beaucoup d’argent avec ton festival ?
(Rires). Clairement, non !!! Les premières années, tu ne gagnes pas du tout d’argent. Forcement quand tu programme Scorpions, ça te coûte un bras. Depuis l’année dernière, la balance s’équilibre et nous espérons le meilleur pour cette année. Tu sais, en Belgique nous n’avons pas de soutien financier de la mairie ou d’une quelconque administration. Tous nos soutiens sont privés. Tout est de notre poche. C’est important que je te dise que nous ne faisons pas ça pour l’argent, nous sommes une structure de passionnés, nous ne sommes pas des producteurs de spectacle, notre but n’est pas tant de faire de l’argent mais de se faire plaisir.
Mine de rien, un tel festival doit faire marcher les commerces locaux, la mairie a quand même des retombées ?
En Belgique, nous avons ce que j’appelle la politique « Jet Set ». Autant te dire que le metal pour eux, ce n’est rien du tout. On a appris à faire sans eux et clairement je n’ai pas de champagne à leur offrir. Nous fonctionnons sans aide ni soutien de leur part. En France, certaines association peuvent prétendre à des aides de la Mairie, chez nous ça ne fonctionne pas comme ça. J’admets que l’on a essayé d’établir le contact pour voir ce qui était envisageable. Au final, ils ont proposés de nous prêter 100 barrières métalliques équivalant à 80 euros de location. On va continuer à faire sans eux (rires).
Comment as-tu élaboré ton affiche 2014 ?
La première opportunité que j’ai eu c’est d’avoir le groupe Epysode. Ils joueront l’intégralité de leur second album « Fantasmagoria » parut cette année. Sam ne sera pas le seul membre présent, il y aura aussi le line up complet avec les grands noms internationaux qui s’illustrent sur son album. Une véritable exclusivité mondiale. Sam étant belge, il fallait que cet évènement soit belge…
Profitons de la présence de Sam avec toi aujourd’hui, pour nous présenter son groupe :
Sam : J’ai la chance d’être un petit belge qui s’exporte un peu. Grâce à la signature de mon disque chez AFM Records en Allemagne mais aussi comme vous l’expliquait Tony grâce aux musiciens de renom qui apparaissent sur mon disque. De Léo Margarit (Pain Of Salvation) à Tom Englund (Evergrey), la liste serait fastidieuse mais je ne peux pas citer tout le monde. Disons que le concept se rapproche un peu de celui d’Avantasia à la différence que nous avons tous enregistré ensemble dans le même studio. Quand nous avons évoqué le projet de participer au PPM avec Tony, il m’a dit tout de suite qu’il voulait Epysode, pas seulement sa musique mais le groupe avec son line-up complet. La gestion des plannings de chacun a vraiment été difficile mais nous sommes en mesure de pouvoir assurer que nous serons tous au PPM et peut être que cette date sera l’unique dans sa formation originale…
Tony : Logistiquement parlant, ça a vraiment été complexe à organiser. Les musiciens habitent ou sont en tournée aux quatre coins du monde, on a bossé dur pour organiser la rencontre sur scène. Extraire dix mecs de leurs emploi du temps respectif, ça a été chaud…
Sam : Grâce à Tony, nous allons aussi bénéficier de la structure pour nous retrouver avant le concert et de travailler pour le mettre en place la performance.
Sous quelle forme envisages-tu l’avenir d’Epysode ?
Sam : Le noyau dur du groupe se compose Léo le batteur (Pain Of Salvation), Julien (Ethernity) et moi. Le concept d’Epysode veut que je raconte une histoire différente à chaque fois et cela nécessitera de nouveaux guests. Mon but n’est pas d’avoir les musiciens les plus prestigieux du moment mais bien ceux qui me semblent être les plus à même de d’apporter la couleur musicale que je recherche. Quitte à re-solliciter des musiciens avec lesquels j’ai déjà travaillé. Mon histoire et ma musique restant ce qui est primordiale à mes yeux. Il est important que les musiciens servent la chanson, pas l’inverse…
Tony, peut-on revenir sur l’affiche du PPM de cette année ?
Pour le reste, l’affiche s’est montée entre les coups de cœur et l’actualité. Nous aurions aimé avoir Motörhead mais comme chacun sait, ce n’est pas envisageable pour Lemmy en ce moment. Etant un fan de Heavy anglais, qui de mieux que Saxon pouvait tenir l’affiche ? Nous avons constaté qu’In Extremo tournait peu, nous nous sommes donc jetés sur l’exclue. Pareil pour Dragonland que l’on n’avait pas vu à l’affiche depuis au moins cinq ans. Quand on a l’opportunité de programmer un groupe « rare », on n’hésite pas… Ca nous permet de proposer des exclues et des découvertes différentes des grands festivals d’été tout en restant de qualité. J’y pense, nous avons aussi un groupe russe qui existe depuis 1992, des petits jeunes quoi (rires)!!! Ils ont déjà enregistrés 8 albums et ils ne sont jamais venus jouer en Europe. Il fallait y remédier. J’aime aussi organiser le PPM à cause de ça, faire découvrir des groupes et leur rendre justice…
Tu as commencé très fort avec Scorpions en 2010, est ce que tu as un groupe de rêve derrière lequel tu cours depuis le début ?
Non, quand tu rentres dans ce système de pensée, il faut te dire que c’est un rêve payant. Si tu as du blé, tu t’offres le groupe que tu veux. Bien sûr que tout le monde voudrait Metallica ou ACDC mais ce que j’aimerais vraiment, ce n’est pas de capitaliser avec leur nom sur mon affiche. Ce serait qu’il me fasse le plaisir de jouer sous un faux nom devant un parterre de gens surpris comme ils peuvent parfois le faire aux Etats-Unis…
Tu parles de Metallica sur le Orion Festival… En plus c’est leur festival !!
(Rires). Tu m’as parlé de rêve, je dis ce que je veux… Maiden ou Metallica qui vient jouer en anonyme, c’est top… Et puis si j’annonce un tel groupe au PPM, je vais être obligé de pousser les murs… Véritablement, je pense que tout est une question de budget.
Tu as eu Scorpions pour rien à l’époque ?
J’estime que j’ai eu un cachet raisonnable. Par contre, les frais que tu as autour sont faramineux. Les billets d’avion, les hôtels, les gardes du corps, le restaurant et j’en passe, la note est salée…
J’ai entendu parler d’1,5 million de cachet pour Maiden au Hellfest, ce qui serait le plus gros cachet jamais enregistré pour un groupe de metal en Europe…
Justement non, je pense qu’à ce tarif là, tu as le cachet et les frais sur la même addition… Mais il faut penser au frais, la première année, j’ai été surpris… Bruce ne vient pas en brouette, faut en foutre du kérosène dans son jet (rires)…
Revenons au PPM, que fais-tu pendant les 3 jours que durent le festival ?
Je suis déjà bien occupé avant et après mais pendant le festival, je ne touche plus terre. Je dois être partout à la fois. Il y a toujours des petits oublis, des ajustements. Je n’ai pas une seconde à moi.
A quoi ça sert de monter son propre festival si on ne peut pas en profiter ?
Non mais c’est clair, tu sais que je n’ai jamais vu un groupe. Ca m’est arrivé de m’arrêter quelques minutes pour profiter d’un peu de musique. Pouvoir assister à un concert complet est impensable. Par contre, c’est une aventure incroyable, tu rencontres des gens fabuleux, tu te retrouves dans des situations nerveuses ou tu passes du rire aux larmes, tellement tu es exténué. C’est pour ça que je remets le couvert tout les ans. Je vais te dire, je mets un an à préparer mon festival et je mets un an à m’en remettre. C’est un cercle vicieux. (rires). C’est clair que je profite plus des festivals des copains que du mien. Vivement le Hellfest. Cette année leur affiche est exceptionnelle. Depuis les années 80, je n’ai pas le souvenir d’avoir vu une association de noms aussi énorme. Au risque de me répéter, l’affiche du Hellfest est exceptionnelle, ce n’est pas normal d’avoir une affiche comme ça… Il faut que les festivaliers s’en rendent compte. Cette année, c’est un cadeau, c’est comme ça qu’il faut voir les choses…
Quand tu cours derrière les têtes d’affiche, je suis d’accord avec toi. Cependant, vu le niveau des groupes de « niche », ils tiennent tout les ans le haut du pavé.
C’est certain, leur équilibre est très bon mais la grande majorité des festivaliers se déplacent pour les têtes d’affiche…
Pour finir, pourrais-tu nous donner des nouvelles de ton groupe Max Pie ?
Nous ne sommes presque pas morts puisque nous prévoyons la sortie de notre troisième album pour septembre. Nous avons déjà quelques morceaux d’avance et nous avons déjà calé quelques dates pour cet été notamment dans des festivals en Croatie, en Hongrie. Sans aller aussi loin, nous jouons en Belgique au festival de Durbuy en compagnie de Sonata et Strato. Mais je dois t’avouer que de janvier à avril, je n’ai pas le temps pour Max Pie avec la préparation du PPM.