C’est le deuxième album des parisiens après 1916 qui était paru en 2009. On y retrouve toujours A.S.A qui passe de la guitare au chant, Zyule et Arkyon mais désormais accompagné de Siiegfried (Valland, Moonreich) à la basse et de Nesh aux guitares (Nydvind, The Negation, ex.Bran Barr…).
Azziard ne change pas son cheval de bataille et nous replonge dans les horreurs de la guerre et les traumatismes qui en découlent et plus particulièrement la folie comme en témoigne l’illustration réalisée par Metastazis (Behemoth, Peste Noire, Laibach, Paradise Lost, Blut aus Nord et tant de pochettes mythiques pour autant de musiciens) où l’on voit deux soldats, les yeux exorbités, complètement perdus dans des souffrances psychologiques et physiques…
Alors que France 2 diffuse actuellement Apocalypse qui nous plonge dans l’horreur des tranchées au travers des témoignages des soldats avec ses 5 documents (Furie, Peur, Enfer, Rage et Délivrance), l’album lui nous propose 8 pistes (Allégorie – Disjonction - De lumière, D'Obscurité - Sur la Toile – Dialyse – Ekphrasys - Dans ma chair –Digression).
Vous avez l’âge de mourir pour votre patrie ? Alors allons-y !
Rythme spartiate, belle intro. On est en attente… les guitares surgissent, c’est parti. Un son plein et entier, une impression de puissance, de force, d’oppression. La batterie blaste, la voix est rugueuse c’est comme cela « Allégorie » sous forme d’intro (« piégé dans ce trou d’obus j’attends la relève »…comme « Dialyse » qui au milieu de l’album n’annonce rien de bon (« Dans cette chambre sale et souillée Le cauchemar ne peut s’arrêter »). A l’écoute et à la compréhension des premières mesures, c’est donc le parcours d’un soldat que l’on va suivre tout au long de Vésanie qui signifie un désordre mental, un affaiblissement psychique. « De lumière, D'Obscurité » ne fait pas dans le détail, la voix accroche, la vitesse d’exécution de la batterie mène un train d’enfer.
Des intonations watainienes nous surprennent dès son entame avec « Sur la Toile », pas le temps de réfléchir, trouver une issue pour ne pas mourir tout de suite, attendre qu’un proche y passe avant. Les riffs vous brulent l’esprit comme du gaz moutarde. Morceau de bravoure, d’une efficacité, tout comme « Disjonction » où la batterie écrase un peu le reste des instruments tellement elle est entière. La voix est en retrait et on a des difficultés à écouter les paroles qu’on imagine en français. Le solo de guitare fait plus dans ceux qu’on retrouve dans du thrash/death. Ça prend rapidement à la gorge mais la production ne nous laisse pas assez entrapercevoir distinctement chaque instrument, avec un très beau break en mid-tempo réalisé dans les règles de l’art avec de grosses accélérations où l’agressivité des guitares se fait bien ressentir.
Le cauchemardesque « Ekphrasys » montre la désillusion des combattants arrivant sur le champ de bataille tout comme « Dans ma chair » et cette phrase « Sentez la bile monter La peur arriver au galop » qui décrit ce qui pouvait se passer dans la tête d’un Poilu.
Morceau de bravoure avec « Digression », speed, thrash, rapide, décrivant la folie de cette guerre qui ne laissait que peu d’espoir à celui qui était au front où la batterie explose comme les obus qui devaient sauter tout autour de ces âmes abandonnées. « Et la terre en sautant sur eux s’est refermée. C’est le 18 juillet 1918, à Villers Cotterets La contre-attaque s’est engagée »
Et si la seule échappatoire n’était peut-être que la folie ?
On retrouvera le groupe au Hellfest sous la Temple le Dimanche 22 Juin afin de juger du talent de ses musiciens.
Lionel / Born 666