At the Soundawn – Shifting

*La chronique qui suit a été réalisée par Nathan, nouvelle recrue du blog LGR Metal*

C’est quoi pour vous l’Italie?

Bon rapidement? Le soleil? Les ruines romantiques de Rome et Naples? Les cités aquatiques inéluctablement submersibles? La pizza aussi...et les pâtes...ouais les pâtes!

 

Bon bah c’est sûr de ce coté pour le nouvel album de At The Soundawn, Shifting (sorti le 15 mars chez Lifeforce Records), vous allez êtres déçus parce que ce n’est pas nécessairement le genre d’ambiances que ce second opus «Longueur Pleine» (LP ha ha ha!) retranscrit.

 

Mais bon si on s'arrêtait à cela en musique, on irais pas loin et donc on ne pourrait écouter ce fabuleux album qui nous est donné ici par ce quintette de joyeux latins.

 

Fabuleux, le mot peut paraître fort mais, dans ce paysage musical déprimant où la seule occupation des gens est de faire, à la note et à la fréquence prêt, la même chose que le voisin tout en sonnant plus fort que lui; ce disque est une bouffée d’air frais.

 

Certes ils restent dans le style post-rock/post-hardcore, dans lequel ils excellent, mais s’ils rappellent dans certains passages autant Envy que Sígur Rós (notamment avec l’utilisation de l’archet sur la guitare) dans d’autres, ils y apportent des influences et expérimentations inattendues qui renouvellent le genre avec bonheur. Autant du coté des rythmes orientaux (7th Moon et Drifting Lights), du jazz (chanté et instrumental), que des expérimentations types Sonic Youth ou Lou Reed (larsens et compagnie).

Sans compter qu’ils se laissent aller à des originalités timbales et harmoniques tout à fait intéressantes (le choeur mêlé à la trompette de la fin de «7th moon»).

 

Mais c’est que la soupe est servie par des gens qui connaissent leur affaire. Le rapport entre les instruments est parfait, jamais aucun ne prend le pas sur l’autre et l’esprit de groupe reste présent du début à la fin. La présence de cette magnifique trompette (qui est à ma connaissance la meilleure utilisation de cet instrument en contexte de guitares saturées et compagnie) et de l’alternance chant hurlé/clair tous les deux maîtrisés, assurent un intérêt toujours renouvelé dans les morceaux qui peut-être auraient pu paraître longuets au bout des 45,7 minutes de l’album (on ne m’enlèvera pas l’idée que le solo de trompette de la fin de Hades est incommensurablement plus beau et intéressant que le solo de saxophone de Another Day (Dream Theater)...).

 At the Soundawn

Mais ce qui m’a le plus frappé, et assez fort je dois le dire, c’est la qualité et l’originalité de la production. C’est là que réside la grande force de cet album et peut-être aussi l’une de ses seules faiblesses.

ENFIN UN ALBUM QUI NE SONNE PAS ÉNÔOOOORMISSIME!

Cet album est l’antithèse d’un Dark Passion Play (Nightwish) qui m’avait laissé la désagréable impression d’être étouffé par la puissance constante des sons et de l’orchestration.

 

At The Soundawn fait dans la nuance, dans l’épure souvent (de longs passages de un à trois instruments) dans la puissance ensuite mais sans tomber dans l’excès. Tous les instruments sont toujours discernables (mêmes les couches de percussions passés en «reverse») et bien souvent des ambiances crées à même le studio (par guitares pédales, amplis et ingé son interposés). L’équilibre reste constant, dans la composition comme dans la mise en place sonore, on voit ici la marque d’un groupe qui, connaissant son matériel et les possibilités que pouvait lui offrir un studio professionnel et un ingénieur du son TRÈS talentueux, a écrit son album en fonction de tous ces paramètres.

En somme toute, un album exemplaire tant du coté de l’équilibre d’un groupe, de la qualité des compositions, de la production. Reste qu’il pourra déplaire par le parti pris de ne vouloir pas sonner comme un disque gros comme les autres, un disque moins compressé, un disque qui offre enfin une dynamique de plus de 1dB entre le niveau le plus fort et le moins fort. À découvrir absolument pour tout les amateurs d'expérimentations musicales et sonores, les amateurs de Post-Hardcore plus «classique» passeront peut-être leur chemin; mais j’en doute.

 

18/20



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