"Only Death is Real"
Sous l'étrange sobriquet We All Die (Laughing), se cache nouveau projet omposé du chanteur Arno Strobl (Carnival In Coal, 6h33) et du multi-instrumentaliste Déhà (COAG, Yhdarl, Maladie) .
Un duo impressionnant qui a su mettre en boite en ce début d'année un premier opus d'une grande qualité aux touches sombres et accrocheuses.
Une interview des deux hommes s'imposait sur La Grosse Radio, la voici donc...
We All Die (Laughing), l'histoire d'une rencontre entre deux mâles... Pouvez-vous expliquer à nos lecteurs comment tout a commencé ?
Déhà : Arno est une de mes 5 influences en chant. Donc arrivé à un moment, j'ai passé le cap (en profitant du fait qu'il avait humblement besoin de moi concernant mon groupe Maladie) en lui sautant dessus sur un site social. De là, messages, musiques qui passent dedans et ainsi passa dans ses mains la démo de WADL que j'avais faite quelques mois auparavant. De là, il a directement voulu venir chez moi pour qu'on cuisine ensemble. Et faire un peu de musique oui.
Ah, et ce nom de groupe... Une façon de rire face à la mort souvent présentée comme inéluctable et implacable ? Ou de se moquer de la vie ?
D : Les deux. "Only Death is Real" comme on dit, donc pourquoi l'attendre en ayant peur? Autant en rire devant elle, et la faire chier un peu, comme dans une relation sadomasochiste. Tu sais que tu vas prendre cher, donc au moins, marre toi avant. Et la vie, haha. La vie. C'est un peu le gros paradoxe non? On vit pour mourir, vu que la mort est la seule chose certaine. La mort, c'est un peu la base de ma sorte de déisme. Je ne la vois pas réellement mais putain, elle existe bien. Sinon, "We All Die Laughing" vient d'un morceau du (feu) génial groupe "The Angelic Process".
Le premier opus est sorti en ce début d'année 2014 chez Kaotoxin Records. Thoughtscanning, qui est en fait un long titre de 33 minutes sans le -ing à la fin du mot pour le morceau éponyme. C'était prévu à la base ou c'est vraiment venu comme ça, par hasard ?
D : C'était prévu. J'aime les morceaux longs, mais l'exercice est assez complexe : il ne faut pas emmerder l'auditeur. D'où la kyrielle de variations, malgré le fil rouge continu.
Pourquoi ce titre très psychologique ?
Arno : Thoughtscan est un peu une chronique de la dépression et de toutes les émotions par lesquelles elle te fait passer : la tristesse, la peur, l’abattement, le doute, la culpabilité, la colère etc… De par la durée du morceau nous avons réellement pu aborder toutes ces phases, et ainsi « scanner » les différentes pensées de quelqu’un qui traverse ce genre d’épreuve.
Est-ce que les paroles font la part belle à une forte introspection pour l'un d'entre vous ? Ou vous deux ?
D : Nous deux. Nous avons réellement travaillé en tant qu'entité, et pas en tant que "deux mecs qui taffent ensemble". Appelle nous Ardà. Ou Déno. Au choix. Bien que ça pue un peu.
A : Oui, la synergie entre nous était très forte durant les semaines passées tous les deux sur les arrangements et les textes. Nous avons vraiment écrit l’album à quatre mains et étions donc totalement immergés dans ce climat délétère. Ca n’a pas été facile tous les jours, et c’est pour ça que pour compenser nous avons aussi beaucoup ri durant l’enregistrement. Il le fallait, c’était notre soupape de sécurité.
Que se cache-t-il derrière cette idée en l'apparence saugrenue d'incorporer un sample du film "Le Coeur des Hommes" au... coeur du morceau ?
A : Déjà, saugrenu toi-même. Ensuite, la question posée par Darroussin dans le sample (« Qu’est-ce que je ferais si j’étais moins con ? ») est à mon avis une interrogation que toute personne douée de raison se pose un jour ou l’autre dans sa vie, lors des moments de doute. Je trouvais donc que cela cadrait idéalement avec le thème du morceau. Bien mieux en tout cas que la scène de braquage du fast food de Pulp Fiction.
Niveau composition, avez-vous travaillé ensemble en mode réunions intensives ou chacun a plus ou moins proposé ses parties à distance ?
D : Pour la composition du morceau, j'ai fait la totalité seul, avant que je ne rencontre Arno, d'ailleurs. Arno a cependant participé énormément aux arrangements de la composition (à la base, le morceau faisait 7minutes de plus) et donc, non, je ne suis pas seul concernant la composition pour le produit fini, mais plutôt pour la démo, disons. Pour les voix, cependant, on s'est vu à chaque fois dans mon taudis à Mons, en Belgique. C'était bien.
En cadeau, un bonus face B reprise de Amy Winehouse nous est présenté avec le morceau "Back to Black". Est-ce un hommage caché à feu cette grande consommatrice de Xanax et autres produits dérivés ou psychotropes en tous genres ?
D : Disons que nous sommes, malgré nous, appréciateurs d'Amy dans sa musique et dans sa personnalité. Nicolas (Monsieur Kaotoxin) nous a proposé ce morceau comme ça pour rien, et en fait... C'était juste parfait. La correspondance avec la musique que nous faisons, les paroles, l'être même de Winehouse, c'était juste parfait.
On est en droit de se poser cette question mais... un live, un jour, avec des membres invités, cela vous interesserait ? Genre si Ben Barbaud venait se mettre à genoux devant vous pour que veniez jouer au Hellfest...
D : Ouais bah ouais. On est partant. Il nous faut un line up "of steel" pour citer Manowar, alors ça prendra le temps qu'il faut, mais oui, pourquoi pas oui.
A : C’est un peu prématuré cependant. Nous allons attendre de voir comment est reçu Thoughtscanning sur la durée, puis ensuite enregistrer un nouvel album avant de prendre une décision en ce qui concerne le live. Mais il est clair que nous espérons nous produire un jour.
Le projet We All Die (Laughing) est-il promis à une suite ou est-ce pour l'instant un one shot ? Et si suite possible, des idées déjà en tête ?
D : On bosse. Il y a un album sur le feu, comme vient de le dire Arno.
Un petit mot sur Kaotoxin, label underground nordiste qui s'occupe de vous et qui mérite qu'on en parle...
D : Kaotoxin, c'est comme Sega. C'est plus fort que toi. C'est de loin le meilleure label UG en France (et même ailleurs) depuis un moment. Au-delà d'être un ami, le tenancier (oui, j'aime ce mot) est une crème qui sait taper du fouet quand il faut. J'ai personnellement évolué grâce à lui.
A : Bosser avec Nicolas était une évidence absolue pour nous. C’est un ami en plus d’être notre label manager, et surtout c’est quelqu’un en qui nous avons une confiance totale. Il fonctionne encore à la parole donnée, ce qui dans ce milieu de requins a tendance à se faire rare. Personnellement, j’espère avoir l’occasion de continuer à bosser avec lui sur d’autres projets.
A part ça, quels sont vos autres projets à venir pour cette année 2014 ? J'imagine que vous devez être occupés avec pas mal de choses en tête...
A : Je viens juste de former i-GNÔbl avec les membres de Gnô et nous commençons à rassembler des idées qui déboucheront à terme sur un album. A cela s’ajoute l’écriture du deuxième album de WADL, et les dates que je vais effectuer avec quelques amis pour célébrer les 15 ans de « Vivalavida », le premier album de Carnival in Coal.
D : Ah bah de mon côté tu peux compter pas mal de choses : Maladie, Imber Luminis, Merda Mundi, Yhdarl, mon petit nouveau "Sources of I" que je mets en route ici à Sofia, et bon, j'arrête ici.
Arno, revenons un instant sur ta participation au dernier album de 6:33 qui a ma foi rencontré un fort succès d'estime. Quel regard portes-tu sur cette expérience avec le recul ?
A : Je suis très fier de l’album que nous avons fait ensemble. Manu, Nicko et moi retravaillerons un jour tous les trois, c’est certain. Il y a une belle alchimie entre nous. Mais je pense que nous ne le ferons plus dans le cadre de 6 :33, ce sera un vrai projet « à nous ». J’aurais aimé pouvoir défendre l’album davantage sur scène mais les choses se sont présentées autrement… tant pis.
A vous le dernier mot pour les lecteurs et auditeurs de La Grosse Radio Metal !
D : CYFAWS
A : Le mot de la fin sera : « Biniou ».
