Je ne suis pas fou.
Depuis que j'ai écouté l'an passé l'indicible Al Azif, le premier album de The Great Old Ones, je n'ai pas pu m'empêcher de remettre régulièrement le CD dans la platine.
Quand la nuit demandait à montrer sa noirceur, ou quand le jour laissait paraître les ombres qu'il cachait, il fallait que je l'écoute. Juste encore une fois.
Lorsque les mystérieux cultistes des Acteurs de l'Ombre m'ont contacté pour chroniquer la dernière œuvre de Benjamin Guerry, Jeff Grimal, Xavier Godart, Sébastien Lalanne et Léo Isnard, je n'ai évidemment pas pu refuser.
Mon âme attendait déjà avec impatience d'entendre à nouveau les sons étranges d'une autre dimension.
Je ne suis pas fou.
Cette certitude est également partagée par TGOO, puisque l'album débute avec une narration, rassurant l'auditeur (encore innocent) sur ce qui va suivre.
Antartica est une grande réussite. La musique est toujours aussi belle et torturée. Le trio de guitares permet à la fois une lourdeur et des hurlements stridents. Ce morceau est digne de la succession du son si particulier du premier album.
Ce nouvel opus, complètement inspiré par l'excellente nouvelle Les Montagnes Hallucinées de Lovecraft, s'enfonce donc dans l'univers sombre et malsain du maître de Providence. Notez en passant que le 2 mai prochain une version box sortira et inclura une édition de la nouvelle illustrée par Jeff Grimal, qui signe également la pochette.
The Elder Things mène progressivement à la rencontre des Choses Très Anciennes qui peuplent le désert de glace du pôle sud.
A l'occasion d'Awakening, le monologue reprend. Nous sommes là dans une rythmique très lente et très lourde. Les vieux morceaux ultra-doom d'un groupe tel que Cathedral n'auraient pas à rougir de leur lenteur en comparaison. L'ambiance est là. Les guitares se font tour à tour pesantes, claires, stridentes et entraînantes.
The Ascend est le morceau le plus rapide de l'album et le plus "court" également avec "seulement" 7 minutes et 27 secondes au compteur. C'est également un instrumental qui pourrait figurer dans la bande son d'un film d'horreur suédois.
Enfin, nous parvenons à l'ultime vérité. Nous apprenons ce qui se cache Behind The Mountains, à savoir un long morceau que certains groupes n'auraient pas hésité à sortir directement en E.P. Mais non, TGOO se permettent de conclure l'épique aventure qu'est Tekeli-li par un tel titre.
(The Great Old Ones au Hellfest 2013)
En conclusion, Tekeli-li (qui accessoirement est le cri que poussent inlassablement les Shoggoths, une des monstruosités qui peuple l'univers de Lovecraft) est le digne successeur du très prometteur Al Azif.
Le son est très travaillé, et on voit clairement transparaitre le concept et l'importance qui a été mis dans les petits détails d'ambiance, comme l'excellent rendu de la narration à plusieurs reprises à travers l'album.
On reste dans une alchimie réussie entre du black metal ambiant et des sonorités post black, mais contrairement d'autres, jamais il n'y a de répétition. Il est clair que, telle l'expédition Miskatonic, qui se rendit dans l'Antartique en 1930, l'auditeur avance vers quelque chose. Quelque chose d'assez difficile à décrire si ce n'est par le raccourci de concept-album d'excellente facture !
Si on peut tenter de quantifier cet album en le réduisant à une simple note, je ne peux que donner un bon 8,666 / 10 !
Je ne suis pas fou. Mais je vais devoir entendre cette nuit encore les cris des shoggoths...
Tekeli-li - Sortie le 16/04/2014 chez Les Acteurs de l'Ombre
Playlist:
1. Je ne suis pas fou (1:18)
2. Antartica (9:39)
3. The Elder Things (9:13)
4. Awakening (7:49)
5. The Ascend (7:27)
6. Behind The Mountains (17:49)
Total: 62 minutes
Thomas Orlanth