Haken à  la Boule Noire (08.04.2014)

I Believe Haken fly

Haken, fort de trois albums de grande qualité, est désormais reconnu par l’ensemble de la communauté prog comme la relève du style, n’ayant rien à envier aux ténors du genre comme Dream Theater. Mais aussi étonnant que cela puisse paraître, les anglais n’étaient jusqu’à présent jamais passés par la capitale française pour promouvoir leur musique. Quelques chanceux avaient pu les voir au festival Crescendo, près de Bordeaux, ou à l’étranger. Aujourd’hui, cette omission est réparée et le public français a su faire forte impression au groupe, en espérant que cela suffise pour les revoir prochainement.

La petite salle de la Boule Noire, coincée entre la Cigale et le Divan du Monde, se remplit petit à petit et l’on se dit aisément que celle-ci est presque trop petite pour accueillir le groupe qui désormais possède une impressionnante fan base en France. La première partie est assurée par un one man band, du nom de French Tobacco. Le jeune guitariste (qui n’affiche visiblement pas les 25 printemps) évolue dans un style entre blues et folk, assurant guitare et percussions. Si la musique proposée est sympathique, le choix de cet artiste en ouverture d’Haken est néanmoins peu judicieux, étant donné le nombre de groupes de qualité œuvrant dans le style progressif qui auraient pu être mis en avant.

French Tobacco

La demi heure accordée à French Tobacco voit le musicien assurer des compositions folk, mais sa voix n’est pas inoubliable non plus, assurément trop propre. Le public accueille néanmoins le musicien avec politesse, donnant de la voix sur la reprise de Radiohead, "Creep", et répondant à chacune de ses interventions entre les morceaux, ce qui provoquera de nombreux sourires de sa part.

Haken

Place au plat de résistance désormais. Haken, dont le dernier opus a été largement salué par le public et la critique, monte sur scène au son de "The Path". Cette introduction calme est chantée par un Ross Jennings qui a du mal à atteindre les notes les plus hautes mais qui provoque des frissons à tout l’auditoire présent ce soir. C’est avec "Atlas Stone" que les choses sérieuses débutent. Charlie Griffith et Richard Henshall (la tête pensante du groupe) sont d’une précision sans faille à la guitare, le dernier alternant aisément cet instrument avec des parties de clavier inventives et originales. Le petit nouveau dans le groupe, Conner Green, qui remplace à la basse Tom MacLean, n’a rien à envier à son prédécesseur et fait groover les compositions du groupe au son de sa basse six cordes. "The Path Unbeaten" lui donnera même l’opportunité de s’illustrer avec un solo reprenant la ligne mélodique.

Ray Hearne, un monstre de groove et de technique

Ross Jennings, dont les interventions vocales en live ont été régulièrement décriées pour sa justesse souvent hasardeuse, est très en voix ce soir et lors de "Streams" (issu du premier effort du groupe Aquarius, 2010) se permettra le luxe d’interpréter des parties growlées du plus bel effet.
La force de ce groupe et ce qui fait son originalité, c’est assurément la présence d’harmonies vocales chantées par l’ensemble des membres, qui rappellent l’âge d’or du progressif et des groupes tels que Yes et Gentle Giant. Ces harmonies feront mouche sur le très classe "Cockroach King", que le public reprend en chœur. Le dernier album est d’ailleurs très bien représenté puisqu’outre ce titre, Haken interprète ce soir pas moins de neuf extraits de The Mountain, contre seulement deux extraits de leurs deux autres opus.

Un groupe impérial, à l'image de Ross Jennings son chanteur

Au bout d’une heure et demi, les anglais nous offrent un répit dans le déluge de note présenté au public, avec "Somebody", une ballade sombre qui conclue The Mountain en beauté. Avec ce titre, Haken démontre qu’ils ont su trouver le subtile mélange entre émotion et technique, se montrant inspirés mais communicatifs en live. La communication avec le public sera d’ailleurs le fil rouge de ce concert, malgré le peu d’espace qui est alloué aux six musiciens sur la scène. L’auditoire apprécie cette communication et cette bonne ambiance non feinte, et n’hésite pas à rappeler le groupe vigoureusement, avant que ces derniers ne remontent sur scène pour interpréter le très beau "Because it’s There", avant de finir sur un monument de leur discographie, l’épique "Visions", tiré de l’album du même nom.
Au cours des vingt minutes que dure ce titre, Haken fait voyager le public parisien, entre passages instrumentaux jazzy, thèmes épiques et grandiloquents et émotion juste et non forcée.

 

Avec un concert d’environ deux heures, les anglais ont marqué des points auprès de l’auditoire, prouvant si cela était encore nécessaire son talent et son originalité au sein d’un genre musical qui peine à retrouver un second souffle. La générosité des musiciens ainsi que leur talent mélodique et technique ont su conquérir le public du prog, exigeant, mais qui saura se montrer fidèle envers Haken. Nous attendons maintenant une prochaine date parisienne pour reprendre une nouvelle claque de cette trempe, une de celle que l’on n’oublie pas facilement.

Setlist Haken :

The Path
Atlas Stone
In Memoriam
Insomnia
Aquarium
Falling Back to Earth
The Path Unbeaten (Conner Green solo)
Pareidolia
Streams
Cockroach King
Somebody

Rappel :

Because it’s There
Visions

Photographies : Marjorie Coulin 2014
www.marjoriecoulin.com
Toute reproduction interdite sans l'autorisation écrite du photographe
 



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