C’est avec une joie non feinte que j’ai accueilli en ce mardi 6 avril 2010 la set-box deluxe des opus d’Avantasia, contenant les fameux albums tant attendus The Wicked Symphony et Angel Of Babylon. Deux albums, 120 minutes de son, des guests prestigieux, tout cela grâce à son maître d’œuvre : Tobias Sammet (également frontman d’Edguy).
Rapide flashback : tout commence en 2001, Tobias sort à un an d’intervalle les désormais classiques The Metal Opera, part 1 et part 2. Grand succès, mais Tobias l’avait dit, ce n’était qu’une expérience, tout s’arrêtait là, et il reprenait bien sagement ses activités avec Edguy.
Mais voilà, coquin de sort, en 2006, Tobias remet le couvert avec son désormais ami Sascha Paeth, pour une nouvelle saga d’Avantasia : le phoenyx renaîssait de ses cendres, et l’on avait The Scarecrow qui déboulait dans nos platines. Très différent du monde développé par les Metal Opera, il jouissait néanmoins de solides morceaux (The Scarecrow, The Toy Master, Another Angel Down pour ne citer qu’eux) et de guests là aussi impressionnants.
Ainsi, nous voilà arrivé au terme de cette saga, en cette année 2010. Il sera ici question de la chronique concernant l’album intermédiaire, premier de ce duo : The Wicked Symphony.
Je préfère être d’ors et déjà clair, cet opus est riche, dense, foisonnant d’arrangements, riche en chansons et en invités, mais surtout Mister Sammet réussit à capter notre attention dès les premières notes de la chanson éponyme et l’attention ne retombera pas de tout l’album.
Outre les habituels Jorn Lande (Masterplan), Michael Kiske (ex-Helloween) et Bob Catley, on retrouvera avec plaisir Andre Matos (ex-Angra, ex-Shaman), ou encore Klaus Meine (Scorpions), Russel Allen (Symphony X) et j’en passe pour les chanteurs. Tous présents autour de Tobi pour nous donner The Wicked Symphony.
Ne cherchez toujours pas à rapprocher cet opus (tout comme le second) des Metal Opera, c’est peine perdue et vous ne vous ferez que du mal. En effet ici c’est une suite de l’histoire développée sur The Scarecrow, qui contient son lot de guitares (avec Bruce Kulick ou Oliver Hartmann), de batterie (Felix Bonhke, Eric Singer et le retour d’Alex Holzwarth), de chœurs et d’arrangements orchestraux par le génial Miro Rodenberg.
Jamais un morceau ne m’aura déçu, tout s’imbrique, se complète et forme un ensemble cohérent, des typées speed Wastelands (style Helloween avec Kiske) et States Of Matter, aux classiques heavy hard rock Scales Of Justice et Black Wings, en passant par des atypiques.
Par atypique, j’entends par exemple l’ambiance développée sur Blizzard On A Broken Mirror, avec Andre Matos et Tobias Sammet au chant. Une mélodie entêtante aux claviers au début, reprise par les guitares et la batterie de Mr Bonhke, Tobias entonne le couplet et l’arrivée d’Andre nous procure son lot de frissons, les aigus étant toujours aussi justes, ce duo est diablement efficace et je regretterais le sous-emploi de Matos, puisque ce sera là sa seule apparition au sein de ce dyptique d’Avantasia. A retenir le sympathique break de Sascha à la guitare.
Autre atypique, la sublime Runaway Train, qui joue la carte de la ballade pendant quatres bonnes minutes, débutée au piano, arrivée du chant de Bob Catley, entrée en jeu des guitares (Bruce Kulick et Sascha Paeth) et de la batterie (ici Eric Singer) qui viennent se greffer aux claviers (et non l’inverse), puis chant de Jorn Lande, Tobias Sammet et Michael Kiske. Oui vous l’aurez compris, cette piste regroupe à elle seule quatre chanteurs, des arrangements superbes par Miro Rodenberg. Puis à 4’45, accélération du piano, chœurs grandioses, déchaînement des musiciens puis retour au calme, cette chanson est absolument un pilier central de l’album.
Je ne vous ferais pas toutes les chansons non plus, bien qu’elles le mériterait, je souhaiterais quand même parler de Crestfallen et de son atmosphère très « électro », un refrain lourd (avec ses guitares) et puissant avec deux aspects, un chant typée chœur avec le duo Lande-Sammet, puis un chant de Tobias très poussé, rauque et presque crié, cela lui permet d’élargir un peu plus sa palette en tant qu’artiste, et cela nous permet à nous de renouveler notre attention tant cette chanson est finalement addictive.
Est-il utile de revenir sur Dying For An Angel, son duo Sammet-Meine très convaincant, et si le clip ne vous rassurait pas, sachez que cela s’incorpore là aussi parfaitement dans la continuité de l’album.
Un mot également sur la dynamique et efficace Wastelands, du bon speed-power à la sauce Helloween avec Michael Kiske au chant, rappelant aisément Shelter From The Rain.
Et là, vous vous dites : « mais qu’est-ce qu’il attend, il y a un morceau énorme, éponymique, en tout premier, pourquoi il n’en parle pas ? ».
J’y viens, je voulais la garder un peu au chaud, mais inutile de faire durer le suspens, car si vous devez acheter cet album pour une seule chanson, ce serait celle-là : The Wicked Symphony.
Début très symphonique, pas de vrai orchestre à proprement parler mais l’illusion est là, grâce aux samples de Miro et aux très bons arrangements de Sascha. Près de deux minutes d’intro instrumentale, la pression monte, les violons et la mélodie nous transportent, on se sent revenu au bon temps d’Avantasia et aux compos grandioses, que Tobias maîtrise à présent parfaitement. Ici il partage le micro avec Russel Allen et Jorn Lande. Des couplets très bons pour nous amener à l’explosion du refrain, il reste en tête directement et vous décoiffera assurément (grâce aux chœurs), avant le break et sa reprise transcendante. C’est frais, puissant, épique, voilà pourquoi vous êtes scotchés à vos enceintes et que vous ne verrez pas passer les 9’29 de ce titre, ni les 60 minutes de l’album.
On a, comme je le disais au début de la chronique, des morceaux plus classiques, carrés, et bien faits (tant qu’à faire), comme la puissante et lourde Scales Of Justice (et Tim “Ripper” Owen) ou la rapide et légère Forever Is A Long Time.
Allez, un bémol, je n’arrive toujours pas à accrocher au morceau The Edge, titre très typé fm, relativement mou par rapport au reste de l’album, réservée à Tobias, et qui n’a pas de réel intérêt je trouve.
Les guests sont plutôt bien employés, bien qu’il y ait une écrasante majorité pour Jorn Lande, l’homme à chanter de Tobias. Dommage pour Andre Matos qui méritait au moins un titre de plus. Quand aux musiciens, les batteurs sont plutôt bien répartis, la guitare est dédiée à Sascha Paeth, mais Bruce Kulick, autant qu’Oliver Hartmann, y trouvent sa place.
En conclusion, si vous ne l’avez pas compris, j’ai adoré ce The Wicked Symphony, bien mieux que The Scarecrow aux premières écoutes (et pourtant j’adore The Scarecrow), beaucoup de styles, de belles orchestrations, et surtout une production absolument dantesque, on est à présent habitué au travail parfait de Mr Paeth. Tobias Sammet a fait un travail superbe et abouti sur cet album, et ce n’est pas terminé, la chronique de Angel Of Babylon est à suivre bientôt.
Ma note : 9/10