Headcharger – Black Diamond Snake


A bout portant !

Le metal 'n' roll, c'est quoi ? Une invention française ? Sous cette appélation en tout cas, Headcharger sembre prêt à frapper un grand coup, reste à savoir si deux ans après un très bon Slow Motion Disease qui avait affolé la presse spécialisée les caennais ont réussi à transformer l'essai avec ce Black Diamond Snake prévu le 28 avril 2014 chez Verycords.

Entre rock et metal donc (que c'est étonnant !), le quintet normand délivre sa musique sans concession avec bonheur, tutoyant forcément bon nombre d'influences sans pour autant frôler quelque plagiat que ce soit, et en ce sens dans le style c'est déjà un bel exploit. On pourrait facilement les qualifier de Thin Lizzy américain à la sauce française, mais cela serait réducteur et ne voudrait rien dire donc on va cesser là toute tentative de comparaison. Headcharger pose son son et sait se faire reconnaître, enchainant les morceaux en l'apparence "faciles" mais que l'on sent fort bien travaillés que ce soit au niveau des structures ou des instruments parfaitement au diapason et au service de lignes vocales à la fois acérées et accrocheuses.

Au-delà de titres bien calibrés rock metal hard cool notamment en début de disque, le groupe se permet quelques accents classieux en tutoyant le blues sur un "Heads-Up" qui sent le méthanol doucement fermenté au soleil de l'Arizona ou ce "Blazing Star" fort réussi qui donne des envies d'escapades sur la Route 66. Si on veut citer d'autres titres qui sortent du lot, prenons par exemple l'arrogant "One Night Stand" bien gras et acidulé comme un bon tube à mi chemin entre le stoner et le grunge. Une belle facette qu'Headcharger nous balance ici en plein milieu de l'opus, histoire de montrer qu'ils en ont là où il faut. On peut aussi y retrouver un côté plus punk comme sur ce "I Wanna See You Die" assez croustillant qui mélange bien les époques (punk stoner blues grungy ? Why not !) et sur lequel les grattes de David Rocha et Antony Josse se marient en parfaite harmonie afin d'alourdir le son.

Headcharger Caen 2014

Un mot sur le chant de Sébastien Pierre, affublé d'un bon accent anglais (pas toujours le cas pour un groupe français, tant mieux ici car ça ne fait qu'accentuer la crédibilité d'Headcharger) et parfaitement en place entre rage et moment plus sombres, probablement influencé par la scène américaine des années 80 et 90. Quant à la section rythmique menée par Rudy Lecocq (batterie) et Romain Neveu (basse), c'est sans conteste l'une des grandes forces du groupe qui enchaîne ainsi les compos à la fois carrées et énergiques sans oublier quelques moments bien groove ("No Fate" en tête, affublé en plus d'un savoureux passage solo en twin guitars).

Au final, Headcharger ne change pas cette formule qui marche depuis le précédent CD (il faut rappeler que le groupe avait une touche plus "metalcore" à ses débuts, ils ont bien fait de se mettre à la vraie bonne musique au final vous croyez pas ? ^^), ne vous attendez pas à une innovation importante ni même à une vraie révolution si vous avez découvert leur musique il y a deux ans : nos frenchies accentuent leur savoir-faire, affinent leur jeu et continuent à agréablement faire profiter nos oreilles de sonorités plutôt rares dans notre pays... à l'opposée de ces "super productions modernes" qui commencent sérieusement à saturer le milieu. Cela fait du bien, et même si ce n'est pas révolutionnaire on ne peut qu'ici saluer l'excellent travail d'un groupe appelé à aller (encore) plus loin, sans prise de tête. Et si on tenait là une sorte de Audrey Horne à la française... avouez que ce serait classe non ? D'autant plus qu'on sent encore une petite marge de progression, ce qui n'en est que rassurant au final pour un combo qui n'est qu'au début de son périple rock 'n' roll.


La Folle Fougère

Note : 7.5/10
 

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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