Comment commencer une chronique lorsqu’on a entre les mains le nouvel album d’une référence en matière de Metal Symphonique ? Est-ce utile de les présenter ? Afin de respecter un minimum de structure, on va quand même se lancer dans un bref résumé. Epica, c’est maintenant une discographie bien remplie (que je vous laisserai consulter sur Wikipédia), c’est énormément de concerts à travers vents et marées, c’est une frontwoman rousse (précisions au cas-où vous ne verriez toujours pas). Qu’on aime ou pas, on en a forcément entendu parler au moins une fois dans notre vie de chevelu. C’est donc avec beaucoup de réserve que nous recevons aujourd’hui The Quantum Enigma , 6ième album studio du groupe (si on ne compte pas The Score – An Epic Journey), à paraitre chez Nuclear Blast début Mai 2014. Beaucoup de réserves car on se souvient de la déception et de l’avis mitigé qu’avait suscité le précédent album Requiem For The Indifferent, qui avait été chroniqué ici-même par notre comparse Unna. Et bien que la crainte de se retrouver avec une pâle copie d’un album de MaYaN ou encore d’une suite à leur dernier flop soit bien présente, on leur laissera quand même le bénéfice du doute.
Avant même de commencer à écouter la galette, je me suis attardée un instant sur le packaging, à savoir, la tracklist. Pourquoi ? Parce que les titres d’Epica sont toujours révélateurs du contenu de l’album. On pourra alors deviner que le premier titre «Originem» est une intro instrumentale, le morceau «The Quantum Enigma – Kingdom Of Heaven part II» qui conclura l’album pourrait être le plus long, promettant ainsi d’être explosif, comme ils font sur chaque album, pour qu’on reparte sur une note positive. On pourrait laisser deviner une ou deux instrumentales hormis l’introduction. Enfin oui, «The Fifth Guardian», c’est juste écrit en gros. Bref, on retrouve une structure purement Epica-tienne ! Bon et bien, il ne me reste plus qu’à faire chauffer les enceintes de mon pc afin de découvrir cette nouvelle galette, en espérant être plus emballée que leur précédente.
Si vous vous attendez à vous retrouver dans la période The Phantom Agony ou Consign To Oblivion , passez votre chemin. Idem si vous cherchez une continuité Requiem For The Indifferent. Sans parler d’un retour aux sources, cet opus se retrouvera dans la continuité de Design Your Universe, comme le gr oupe l’avait promit.
Et quel bonheur de retrouver dès la fin de l’introduction ces petites sonorités bien propres à Epica. En effet, «The Second Stone» s’introduit d’une façon tout ce qu’il y a de plus logique venant de ce groupe, même si cela reste sans grande surprise, ça nous réconforte sur la façon dont l’album peut être appréhendé. La réelle surprise est l’arrivée de Simone au chant sur ce morceau. Juste parce que la ligne est assez inattendue, Simone opère dans un registre plus grave, avec une voix plus rock. Cela pourrait cependant être approfondi d’avantage donnant une couleur plus homogène à sa voix.
Et justement, parlons-en de notre Simone ! Après la naissance de son fils a-t-elle réussi à remettre son appareil vocal en route ? Rappelons-nous du dernier Sonisphère où elle chantait sur scène enceinte jusqu'aux oreilles, ce qui lui demandait pas mal d'effort pour assurer son show. Aujourd'hui, elle souhaite orienter sa voix vers un registre plus pop/rock. Depuis quelques albums on sentait que la belle délaissait le côté lyrique, quitte à carrément l'abandonner sur une grande partie de Requiem For the Indifferent. Sur The Quantum Enigma, elle saura nous offrir quelques envolées lyriques surtout sur les notes hautes comme sur «The Essence Of Silence» ou «Chemical Insomnia», mais un vrai travail a été réalisé sur sa voix plus rock, nous offrant malgré tout une prestation très correcte. Libre à nos oreilles d'apprécier ou non ce nouveau tournant. On dénotera beaucoup moins de faussetés que sur le précèdent album. Un vrai plaisir de la retrouver plus en forme que jamais. Mais comme dit plus haut, ce travail doit être encore approfondi davantage afin de donner une véritable couleur vocale à la belle aux cheveux colorés et un résultat plus homogène en général. Mais ce n'est pas détestable pour autant. Elle saura faire l'équilibre entre ces deux techniques.
Pour pouvoir écouter l'album, on devra le couper en deux. N'allez pas chercher votre paire de ciseaux, je parle de la partie avant «Chemical Insomnia» (incluse) et celle après. Pourquoi s'amuser à faire ça ? Loin d'être un jeu, mais plutôt un mauvais choix dans l'ordre des chansons. En effet, on dénotera un petit couac sur l'opus : la fin, qui est une véritable déception. Autant on décollera sur «Sense Without Sanity – The Imprevious Code», autant la seconde partie nous fera atterrir aussi sec. Les morceaux manquants de ce je ne sais quoi les rendant inintéressant. Sans dire non plus qu'ils sont plats, on aura tendance à trouver un certain manque d'inspiration sur les deux derniers titres concluant l'album et même quelques restes de MaYaN, par exemple sur le morceau «Reverence - Living in the Heart » avec ses rythmiques marquées d'une double pédale trop soutenue, ne collant ainsi pas du tout avec la mélodie de base, et un solo technique parfaitement inutile. Dommage, la mélodie est pourtant sympa ! On trouvera cependant un petit rayon de soleil avec le titre «Omen - The Goulish Malady» (même si le patronyme-même du morceau n'a rien d'ensoleillant), on appréciera la fraicheur du refrain à la teneur un peu pop assez surprenante, mais très entêtante et la présence des choeurs bien dosés. Dommage que la petite ballade essentielle, «Canvas Of Life», soit un peu linéaire, essayant en vain de décoller, pour un résultat flirtant avec l'ennui.
Les trois derniers morceaux de l'album dénoteront un manque d'inspiration certain de notre formation favorite, montrant quelques fausses prises de risques mais aucun approfondissement comme ils savaient si bien faire avant. On reste beaucoup trop à la surface et sur notre faim. Non pas que nous demandions à Epica de continuellement rester sur la même longueur d’onde, leur musique est bien entendu en droit d’évoluer, mais nous noterons quand même ce manque de conviction notamment sur le morceau éponyme qui se prétend être une suite à « Kingdom Of Heaven » présent sur l'excellent Design Your Universe. Ce titre étant une pièce maîtresse de leur répertoire, bien difficile de faire une suite à la hauteur des attentes de l’auditeur. Sans parler non plus d’une composition casse-figure, «The Quantum Enigma - Kingdom Of Heaven part II», est juste neutre, ce qui nous fait conclure cette galette sur une note mitigée, voir amère. Nous sommes loin des sensations que pouvait nous procurer les anciens albums en fin d’écoute.
On aurait tendance à préférer avoir «Sense Without Sanity – The Imprevious Code» en clôture car ce morceau reste assez entêtant, explosif et nous rassure quant à un avenir radieux des compositions du groupe tant ce titre a été écrit avec les tripes. On y retrouvera un gros travail sur les nuances qu’on aurait pu déjà entendre sur «The Phantom Agony» ou encore sur «Design Your Universe», si bien que l'on pourrait presque se faire notre propre interprétation de la chanson si on n'en connait pas les textes. Cette pièce peut nous faire voyager, nous faire décoller. Conclure avec cette piste nous aurait fait repartir le sourire aux lèvres, malheureusement, il faudra plusieurs écoutes pour réussir à bien apprécier la galette, tant la fin est décevante.
The Quantum Enigma, dénote un tournant musical pour Epica qui saura finalement affirmer avec plus de conviction son style musical. Des influences Death et Progressives bien plus présentes, sans pour autant recouvrir l'espace musical laissant respirer le côté Symphonique qu'ils revendiquent depuis leurs débuts, donnant un mélange pouvant être explosif si cela était plus approfondi. Le disque est bel et bien dans la lignée de Design Your Universe, avec une musique en constante évolution mais toujours avec un style d'écriture qui donne au sextette une patte très reconnaissable. On ne pourra pas écouter des morceaux tels "The Essence Of Silence" ou encore "Victim Of Contigency" sans reconnaitre de qui il s'agit (bien que ce dernier ait une intro aux influences très Death). Néanmoins, le manque d'inspiration cité plus haut pourrait dérouter légèrement l’auditeur, nous faisant ainsi perdre pied sur les réelles motivations des néerlandais. On ressent un certain manque de passion, jusqu'à ce jour jamais mis en avant, tant on perçoit que certains titres ont été composés non pas par envie mais par obligation, ce qui est dommage. Largement moins mauvais que le dernier effort mais bien loin des quatre premiers albums, cette galette n'est ni exceptionnelle, ni à éviter, on va ressentir encore des influences de MaYan sans pour autant qu'elles soient très marquées, ce qui est plutôt un bon point. A chaque groupe sa marque de fabrique.
Au final, Epica marque de plus en plus son territoire avec de belles surprises. Une bonne chose pour les fans qui sauront apprécier cette livraison essuyant toutes les déceptions de son prédécesseur, retrouvant également certains passages de notre rousse préférée en voix lyrique, ce qui est des plus plaisants. Même si le début est prometteur, on aura vraiment beaucoup de mal à réellement accrocher sur la durée, nous laissant partir avec une note amère, un certain goût de trop peu tant certains morceaux auraient pu être approfondis. En revanche, après tout cela, on sera bien plus curieux de les revoir une nouvelle fois en live afin de pouvoir constater cette évolution.
6.5/10
Tracklist
1 - Originem
2 - The Second Stone
3 - The Essence of Silence
4 - Vicitms of Contingency
5 - Sense Without Sanity - The Impervious Code
6 - Unchain Utopia
7 - The Fifth Guardian - Interlude
8 - Chemical Insomnia
9 - Reverence - Living in the Heart
10 - Omen - The Ghoulish Malady
11 - Canvas of Life
12 - Natural Corruption
13 - The Quantum Enigma - Kingdom of Heaven part II
Sortie Européene : 2 Mai 2014
Sortie UK : 5 Mai 2014
SortieUSA : 6 Mai 2014