The Frozen Tears of Angels, le tant attendu nouvel opus des italiens de Rhapsody of Fire après 4 ans de silence forcé, sortira le 30 avril 2010 chez Nuclear Blast. La Grosse Radio Metal vous propose un avant-goût papier à ce CD évènement le temps de quelques lignes... Alors, espoirs anéantis ou mission accomplie ? Soyez patients, la réponse arrive à la lecture de ces quelques paragraphes...
"Nekron's dark pages proclamed the worst of all the known prophecies..."
Ainsi s'ouvre l'album avec la voix caverneuse d'un Christopher Lee toujours aussi majestueux dans son rôle de narrateur. Car oui, si vous avez lu l'interview du claviériste Alex Staropoli postée ici il y a quelques jours, vous le saviez déjà : le vénérable acteur britannique est de retour pour nous conter cette épique aventure.
L'introduction "Dark Frozen World" qui s'en suit offre un Rhapsody (of Fire) classique, mais avec une tonalité mélancolique voire apocalyptique ainsi que quelques choeurs à la fois froids et majestueux.
Et nous voici partis...
"Sea of Fate", son riff direct et speed, quelque peu nuancé par une bonne ligne de basse mais point trop novateur il faut l'avouer. La chanson offre une mélodie correcte mais qui ne transcende pas pour autant les esprits. Fabio Lione s'égosille avec talent sur un titre qui a du mal à décoller jusqu'à son refrain assez typique et ma foi accrocheur. Un bon titre de départ, qui aurait certainement pu être meilleur, plus abouti, mais qui donne le ton d'un album à la construction réussie, autant ne pas le cacher plus longtemps.
Le reste de la galette s'imbrique parfaitement entre émotion, frissons, puissance, rapidité, grandiloquence et teintes atmosphériques idéalement intégrées à une musique à nouveau inspirée, bien loin des tourments quelque peu ennuyeux d'un Triumph or Agony qui nous avait laissé avec un goût très amer dans la bouche.
D'ailleurs, ne cherchez pas trop de points de commun entre The Frozen Tears of Angels et ce précédent brûlot quelque peu raté, autant dire la vérité. Tout comme il n'a que peu à voir avec un Symphony of Enchanted Lands Part II qui s'était déjà légèrement éloigné des rivages metal. Non, fans de la première heure, soyez rassurés, cette nouvelle production de vos héros italiens sonne presque comme à la grande époque ! Entre fraîcheur et nostalgie, on pourrait d'ailleurs rapprocher cette offrande des brillants Dawn of Victory et Power of the Dragonflame, même si l'ambiance s'avère parfois plus complexe entre éléments légèrement proggy, nouveaux arrangements claviers ou autres guitares acoustiques.
Dawn of Victory, parlons-en, tant certains morceaux ici pourraient trouver leurs grands-frères sur cet album sorti en 2000. Ainsi "Danza Di Fuoco E Ghiaccio" s'apparenterait presque à un "The Village of Dwarves", certes en plus long, moins folk déluré, moins passionnant, et chanté en italien. Pour ce qui constitue très certainement l'une des chansons les moins convaincantes de ce nouvel album, désarçonnant souvent l'auditeur par sa structure spéciale et souvent mal adaptée. Diamétralement opposée à cette légère déception, le titre "On the Way to Ainor" brille quant à lui d'une grandeur de composition imparable, ponctuée par un solo à la "Trolls in the Dark", de plus de 2 minutes s'il vous plait, nous rappelant que Luca Turilli sait toujours manier son manche à 6 cordes avec brio et folie. Titre grandiose donc et très riche car ne se limitant pas à cette partie instrumentale venue d'ailleurs... Son introduction style "Holy Thunderforce" cloue sur place, son refrain accroche, ses variations sont splendides, parfois dignes d'un "The Bloody Rage of the Titans"... Un tube, en d'autres termes.
Glissons quelques mots au sujet de "Crystal Moonlight", l'une des chansons les plus étonnantes de l'opus dans un sens avec son refrain unique pour un Rhapsody of Fire, lorgnant du côté des confrères Labyrinth ou Vision Divine, groupes qu'a d'ailleurs fréquenté le chanteur Fabio Lione. Ce clair de lune cristallin surprend et détonne sans pour autant oublier d'étonner, et ce de manière plutôt positive. Nul doute que pas mal de spécialistes du genre auront du mal avec sa structure chaloupée, mais là encore fait-elle la preuve d'un renouveau artistique pour un quintet italien retrouvé ! Même remarque pour le titre éponyme et conclusif du LP... 11 minutes qui laissent de glace à la première écoute avant de révéler leur saveur, leur force, au fil des tentatives suivantes, pour au final transformer cette longue chanson en quasi-chef d'oeuvre du genre. Ne vous laissez pas tromper et persistez bien, voici un titre qui ne se laisse pas déshabiller des oreilles le premier soir...
Une seconde jeunesse donc pour une formation qu'on avait presque oublié, dont on attendait peut-être plus grand chose. Comme si cette pause forcée avait eu un effet bénéfique sur leur envie et leur talent. Des morceaux comme "Reign of Terror" (où Fabio se lâche en voix extrême comme au bon vieux temps d'un "When Demons Awake" mais avec bien plus de maîtrise) ou "Raging Starfire" (très proche de l'album Power of the Dragonflame dans son ambiance, ne faiblissant jamais et nous offrant une richesse d'écoute plutôt jouissive) en sont la preuve ultime... Il est si bon de retomber plusieurs années en arrière, parfois, tout en sentant l'évolution positive d'un groupe qui renait de ses cendres après un long passage à vide !
La question posée en introduction vous offre donc ici une réponse claire et nette. Mission accomplie ! Et ce ne sont pas les deux chansons plus faibles de l'opus (outre la mélopée en italien, "Lost in Cold Dreams" peut être classée dans la catégorie "power ballades qui n'apportent pas grand chose" malgré une belle émotion musicale et vocale) qui suffiront à faire pencher la balance du mauvais côté...
Rhapsody of Fire a encore son mot à dire. Soyez-en avertis, sonnez trompettes et hautbois, car le leader du power metal épique symphonique vient de reprendre place sur son trône !
Ma note : 8.5/10