New old school !
"Anti Mortem combine la puissance percutante du heavy métal américain, la saveur campagnarde du classic southern rock et le blues au milieu duquel ils ont grandi. J'ai observé leur évolution au cours des deux dernières années et maintenant ils sont prêts à montrer au monde comment on met un bon coup de pied au cul."
Dixit le président de Nuclear Blast Entertainment aux Etats-Unis au sujet de ce jeune groupe formé en 2008 dans l'Oklahoma et qui nous offre ici son premier album studio intitulé New Southern et sorti le 28 avril. Si j'étais d'accord avec ces propos, la chronique s'arrêterait net sur cette citation, je collerais un 8 ou 9 avec grande passion et basta ! Mais voilà, il faut remettre certaines choses à leur place.
Alors oui, pourtant, ce premier effort s'avère efficace et s'écoute sans mal. Les deux premières écoutes sont fort agréables et donnent envie de relancer la machine. Le frontman et fondateur Larado Romo a cette voix chaleureuse et éraillée à la Phil Anselmo des grands jours, en plus bluesy cependant avec plus de variations et une douceur à peine contenue, la vraie âme américaine du sud (des Etats-Unis hein, pas plus bas) qui sent bon les racines de la musique rock. L'héritage est là, entre Lynyrd Skynyrd et Pantera en passant par Black Label Society voire Disturbed, ou un côté plus moderne grungy aussi par moments, tout pour que cela marche... La preuve, "100% Pure American Rage" porte bien son nom, flirtant avec le néo ou l'alternatif sans tomber dans ses écueils, Slipknot n'est pas loin mais cela reste audible donc on pardonne. Rajoutez à cela un paquet de titres directs et fort efficaces, avec des refrains "in your face" (citons "I Get Along with the Devil" parmi tant d'autres), et on ne peut que passer un excellent moment.
Cependant, si on creuse un peu et qu'on va plus loin, autant on a hâte de les voir fondre le goudron sur scène, autant on du mal au fil des nombreuses écoutes répétées d'un CD qui s'use au final assez vite. Et là, les qualités d'Anti-Mortem sont aussi leur défaut, à trop vouloir coller aux racines et aux influences on finit un peu par se perdre et se demander pourquoi on écouterait pas plutôt des Down ou Pantera d'antan à la place. De même pour ces refrains très simplistes, idem pour certaines compos un peu bâclées en l'apparence, qui masquent une légère pauvreté de textes ou une prise de risque qu'on sent minimale. "Hate Automatic" en est un peu l'exemple, où comment faire retomber les choses à plat avec un chorus décevant le tout sur un riff assez répétitif. Parlons aussi du titre d'introduction, "Words of Wisdom", qui se veut entraînant mais qui au fil de nos passages entre les oreilles devient un poil lassant. Or, quand ce phénomène concerne plus de la moitié des morceaux présents sur la galette, on peut ressentir une certaine déception... surtout que, lorsqu'Anti-Mortem s'essaye à la ballade comme c'est le cas avec "Black Heartbeat", on est plus proche d'une face B de Nickelback qu'un tube à la Lynyrd Skynyrd.
Sans être méchante, saluons tout de même une production efficace et bien calibrée pour le genre, point trop tape à l'oeil et équilibrée afin que chaque instrument soit bien mis en avant (même si la section rythmique mériterait parfois plus d'ampleur). Ajoutez à cela une très bonne qualité de jeu de la part de chaque musicien, nous avons là un quintet fort talentueux et très prometteur qui ne demande qu'à décoller. Sauf que ce n'est pas encore pour cette (première) fois qui nous laisse (un peu) sur notre faim.
Avec le nom de son album, Anti-Mortem est donc fidèle à une musique résolument old school bien sudiste qui renvoie à pas mal de ses ainés. Trop peut-être, car même si on sent que l'expérience acquise s'est faite avec talent (grâce à de nombreux concerts donnés dans leur coin), il manque encore à ces jeunes hommes une certaine personnalité et une énergie encore plus forte à libérer. On le sent, ils en ont encore sous la carosserie, ce qui a la longue devient un poil frustrant à l'écoute de ce premier opus agréable mais bien trop polissé. Le souci d'être parainné aussi tôt par un gros label ? Peut-être, mais seul l'avenir nous dira ce que vaut vraiment un combo que nous continuerons à suivre de près.
La Folle Fougère
Note : 5.5/10 (on va arrondir à 6 pour le potentiel évident et le fait qu'il s'agisse là d'un premier opus)