Metal héroïque
Les guerriers du metal sont de retour, avec un nouvel album, Heroes. Loin des concepts historiques et des relents symphoniques qui alourdissaient le propos, les metalleux suédois offrent ici un album direct et puissant. Le groupe va droit au but tout en restant inspiré et en s’amusant même à distiller quelques micro-nouveautés dans sa musique a l’identité bien marquée. Une nouvelle réussite de la part d’un groupe qui n’en finit pas de monter.
Un poing dans la gueule. Le violent qui fait sauter le dentier. Pas besoin de poing américain ou d’autre artifice pour que Sabaton défigure son auditeur avec Heroes. Un crochet du gauche avec "Night Witches", un uppercut avec "No Bullets Fly" et ainsi de suite. Sabaton est direct et sans équivoque avec un disque puissant, sans pour autant révolutionner le heavy metal, mais à communiquer des idées toujours bien exploitées.
En effet, Sabaton a ajouté à sa formule habituelle quelques petites idées bien trouvées. Les fans ont pu le voir avec cette mélodie bien américaine savamment reprise à deux guitares sur le single "To Hell and Back", une nouvelle utilisation des claviers dans "Inmate 4859", une ballade au piano inhabituelle avec "The Ballad of Bull" et un nouveau groove insufflé dans "No Bullets Fly" et surtout "Far from the Fame".
Attention, Sabaton ne change pas pour autant sa formule. Les structures sont toujours aussi classiques et les titres directs. Cependant, on voit que l’interprétation du nouveau line-up est plus fraiche, notamment avec le batteur Hannes Van Dahl qui apporte une nouvelle frappe groovy à l’ensemble. Les solos de Tobbe Englund et Chris Rörland sont aussi plus inspirés et bénéficient d’un son moderne appréciable. On remarque que ces derniers sont plus mis en avant dans les compos et que le clavier se fait plus discret. Cet ensemble est sublimé par la production de Peter Tägtgren, toujours aussi puissante et précise.
Chez les vieux de la vieille, le frontman Joakim Broden n’a pas étendu ses capacités de chanteur et reste sur les médiums et les graves, mais a, en revanche, gagné en interprétation. Il avait déclaré à La Grosse Radio que Heroes est "l’album le plus émotionnel" du groupe, ce qui se ressent à son interprétation soignée, tantôt tragique sur "Inmate 4859", en détresse sur "To Hell and Back" ou solennel sur "The Ballad of Bull".
Mais ce que Sabaton a réussi à comprimer sur Heroes, c’est sa capacité à accrocher l’auditeur. Dans chaque chanson, il y a au moins une partie qui donne envie de furieusement taper du pied. Encore plus direct, dans l’esprit de Primo Victoria, ce nouveau disque est taillé pour le live. Sa durée relativement courte (moins de quarante minutes) lui permet d’être encore plus intense, avec des morceaux qui vont à chaque fois droit au but, sans étalage inutile (aucun n’atteint les cinq minutes).
Sabaton a donc retrouvé sa formule purement heavy metal, avec très peu de concessions et réussit à plaire, en servant constamment son propos. Il ne reste plus maintenant qu’à voir ce si cet ensemble tient ses promesses sur scène.