Si la vague du revival rétro vous énerve, alors j'ai une très mauvaise nouvelle pour vous : il faudra en bouffer pendant encore quelques temps, avec plus ou moins de qualité par ailleurs. Jackson Firebird, The Oath, Orchid, pour ne citer qu'un nombre infimes de formations s'engouffrant das cette vague, jouent tous avec des recettes héritées des anciens, celles qui ont fait toute la gloire d'un genre il y a de cela fort longtemps. Le mouvement semblant loin de se calmer, d'autres noms viennent se greffer à cette masse et parfois trouvent même un refuge sur des labels réputés dans le monde. On pense notamment à Napalm Records, label autrichien qui semble à présent spécialisé là-dedans, nous offrant encore un groupe : Pet the Preacher, en provenance du Danemark. Seconde offrande par notre combo scandinave, la signature devrait propulser le trio à une exposition bien plus importante. Bonne nouvelle pour eux, mais encore faut-il que la qualité suive et que The Cave & The Sunlight soit digne d'éloges.
Pas besoin d'être un génie pour comprendre dès les premières minutes de ce disque que l'impression d'écouter ''encore une formation honnête / opportuniste qui se la joue 70s'' est très forte, comme pour bien d'autres. Ce qui exclue donc n'importe quel signe d'originalité, que les trois danois ne prétendent pas posséder par ailleurs. Le stoner / heavy rock / metal du groupe reprend les vieilles recettes, remises au goût du jour, et ce n'est pas une piste du calibre de « Fire Baby » qui démentira cette affirmation. Bien écrite, sympathique mais très classique, celle-ci provoquera un moment de plaisir instantané mais pas réellement intemporel. La recette est si bien connue qu'elle ne surprendra pas, mais tout cela est habilement comblé par la dimension prenante des diverses compositions. Du coup, en dépit d'idées novatrices, on se plaira tout de même à écouter une grande majorité des morceaux offerts avec générosité par le combo.
Regard hypnotique : "achète notre album, lecteur!"
Car on ne peut nier un sens de la mélodie qui fait mouche de la part du groupe. Après la courte introduction « The Cave », « Let Your Dragon Fly » débarque en furie et nous assène un refrain d'excellente facture : entraînant à souhait, la mélodie reste gravée en tête très, très facilement. Il faut dire que chaque élément est en place pour arriver à un tel résultat, notamment des riffs percutants qui soutiennent parfaitement la mélodie vocale. Cette formule n'est pas unique, et pour arriver à ses fins, le trio peut prendre des tournures plus doom et lentes avant d'exploser sur un point d'orgue qui fait très, très mal. « Remains », single judicieux, est un exemple impeccable pour illustrer le propos. Tempo lent, mélancolique, tristesse de mise avant d'arriver à une partie centrale des plus convaincantes, ne laissant que peu de place à l'approximation. Même si, encore une fois, la petite ombre au tableau viendra d'influences un peu trop présentes, qui nous font regretter que de telles bonnes idées ne proviennent pas totalement de l'esprit et de la créativité des scandinaves, qui lorgnent ici vers les États-Unis, Clutch en tête.
Doués dans l'art de faire de longs morceaux, « What Now » représente la quintessence du travail de Pet the Preacher. Le morceau se déroule sans heurts et sans accrocs, laissant simplement les musiciens composer à leur guise en occultant presque le chant de cette longue pièce dont la réussite est avant tout instrumentale. Pas que Christian Hede Madsen soit un mauvais chanteur, bien au contraire. Sa voix tient tout à fait la route et reste capable d'évoluer dans divers registres et émotions, que ce soit via des tons plus énervés ou un chant posé, sobre. Seulement, ce titre témoigne de la capacité du trio à se passer de son organe et, malgré tout, de conserver plus d'un atout.
On retiendra de The Cave & The Sunlight un album très bien ficelé, qui laisse une bonne impression mais auquel il manque encore quelque chose pour passer au niveau supérieur. Pet the Preacher compose bien, interprète tout aussi bien mais il est temps de s'émanciper un peu pour réussir à trouver une voie plus personnelle. Espérons pour eux qu'ils réussiront à gagner en identité, tout en conservant leur capacité à écrire des titres de belle facture.
