Cinq ans après Nueit De Sabbat, Stille Volk revient avec un nouvel opus très attendu.
Ces dernières années, le groupe a fait ce que les troubadours qu'ils sont savent faire le mieux, à savoir parcourir les routes pour présenter leurs œuvres si particulières un peu partout, que ce soit en festival ou ailleurs. Mais pendant ce temps, de nouvelles idées germaient petit à petit. En 2012, à l'occasion du Motocultor, ils disaient déjà avoir écrits de nouveaux morceaux.
Le temps de peaufiner l'album, lentement, comme on laisse vieillir un bon vin, et nous voilà déjà au printemps 2014 !
Alors, le vin a-t-il vieillit comme un Bandol rouge ou bien allons nous devoir nous contenter d'une piquette acide ?
Un groupe qui fait tant de références à Pan, le dieu des festins sauvages, ne peut évidemment pas se permettre de bafouer son esprit.
(photo: (c) Stille Volk)
La malédiction s'est-elle abattue sur le groupe, telle qu'on peut le supposer à entendre les paroles très sombres de Demntis Maudiçon ?
Il faut croire que non, la joie revient rapidement à l'écoute de "Sous l'oeil de la lune", un morceau à la fois léger, mais qui conserve un souffle épique.
Quand arrive "l'éveil du spectre", même le plus sourd des auditeurs sera convaincu que Stille Volk nous a servi là une grande cuvée, et je ne parle même pas du magnifique titre éponyme qui contient tout ce qui fait le charme du groupe. Patrick Lafforgue avec son chant toujours très solennel parvient à merveille à apporter cette ambiance mystique et ancienne, sur fond d'instrument anciens, dont un instrument à vent au son discordant et torturé.
(Patrick Lafforgue / STILLE VOLK au Festival Trolls & Légendes 2013 - photo (c) Thomas Orlanth)
"La litanie du pétrifié" poursuit le chemin vers cette forme d'angoisse, ces connaissances interdites du passé, qui accompagne par sa noirceur le côté festif du son des instruments anciens.
Comme toujours, Stille Volk parvient à démontrer que la puissance d'une mélodie n'est pas forcément proportionnelle à la distorsion des guitares électriques. Le groupe maîtrise à merveille la combinaison entre des airs traditionnels entraînants propices à la danse et le côté lourd présent dans les riffs métal exécutés sur instruments accoustiques. Le chant ici est placé très bas et rend encore plus pesant ce titre pourtant assez rythmé. Ce n'est pas par hasard qu'il recueille toujours un succès sur scène, même devant un public qui n'hésitera pas à aller voir Entombed, Taake ou Krisiun juste après...
"Heaume de lichen" et "En Occulz" reviennent vers plus de légèreté voire de douceur. Nous sommes beaucoup plus proches de l'ambiance d'un groupe de rock celtique par exemple, même si les percussions sont là pour rappeler qu'on est bien dans le sud-ouest.
En ce qui me concerne, ces caractéristiques m'empêchent d'apprécier ces derniers titres autant que le reste de l'album, mais cela n'enlève en rien leurs qualités musicales.
Stille Volk nous a donc concocté un bien bel album, qui sait jongler entre les ambiances mystiques tantôt sombres, tantôt torturées, et même parfois pleines de vie et force.
Sur le plan technique, le groupe fait preuve d'une grande maîtrise, et Patrice Roques, qui a composé tous les titres, nous démontre encore une fois son talent. Peut-on s'étonner qu'en près de 20 ans, entre la démo "Odes aux lointains souverains" datant de 1995 et cette "pierre noire", le vin de Pan est devenu une boisson digne des dieux de la pierre et de la forêt ?
J'allais presque oublié de parler de la dernière piste de l'album. Après l'excellente reprise de "To Tame a Land" d'Iron Maiden, Stille Volk honore ici Mercyful Fate avec son "Come to the Sabbath" qui conclut parfaitement bien la Peira Negra. A croire que le Cornu murmure aux oreilles de tous ses enfants !
La Pèira Negra - Sorti le 12/05/2014 chez Holy Records
Playlist:
1. Dementis Maudiçon (5:18)
2. Sous l'oeil de la lune (5:37)
3. L'éveil du spectre (4:33)
4. La Pèira Negra (5:07)
5. La litanie du pétrifié (5:19)
6. la Forêt Gorgone (4:04)
7. Heaume de lichen (5:41)
8. En occulz (6:14)
9. Come to the Sabbath (7:30)
Total: 49 minutes
Thomas Orlanth