Infestus – The Reflecting Void

Depuis l’album, E x | I s t sorti en 2011, Andras se charge désormais de tous les instruments ainsi que du chant car en 2008 Dagon s’en occupait encore sur Chroniken des Ablebens

Le One Man Band Infestus sort donc son 4ème album The Reflecting Void chez Debemur Morti Productions, label français connu pour s’occuper de Blut Aus Nord ou de Year Of No Light.

C’est du grand art. Dès les premières notes on se rend compte que rien n’est laissé au hasard, quelques notes, une voix, une batterie qui a du répondant, une montée légère et délicate où la guitare laisse trainer ses accords tout en finesse. Lentement l’atmosphère se dessine d’une façon claire et malicieuse. « A Dying Dream » possède une construction belle et délicate comme un diamant noir tout en gardant ce rythme lent qui parfois nous lâche un blast au détour d’un break.
 

Infestus

« Spiegel der Seele » donne l’impression d’avoir une batterie triggée. La voix fonctionne bien, haineuse, abrasive et parfois malsaine accentuée par la rugosité de la langue allemande à vous susurrer des horreurs au creux de l’oreille. Le son de la guitare est doux, planant ; ambiance inquiétante grâce à l’utilisation d’une guitare acoustique, avec cette capacité à faire monter l’ambiance, cette tension. Ou comme sur « Cortical Spreading Darkness » très autrichien, très Belphegor, très spartiate, plus direct, sans pour autant délaisser les mélodies sous forme d’arpèges et envolées lyriques avec à chaque fois des finitions d’orfèvre.

Le rendu de la fébrilité de la voix est tangible sur « Constant Soul Corrosion », accentué par la guitare acoustique du plus bel effet (on pense à cette instant à du Opeth de belle facture), mais au lieu de tomber dans du prog, ici c’est dans les entrailles d’un monde bien sombre. Il sait jouer sur des ambiances totalement opposées, alternant passages doux et lumineux avec d’autres plus noires et plus violents révélant la bipolarité du musicien. Cette construction, on la retrouve aussi avec « Innere Reflexion » et son départ des plus classieux pour passer à une accélération qui sera stoppée net par des passages où les guitares deviennent planantes. Ici l’influence d’un Mikael Åkerfeldt est suspendue au-dessus de nos têtes comme ses notes qui résonnent longtemps.

« Devouring Darkness » est assez magique : la voix d’Andras est possédée sur des lignes mélodiques que l’on pourrait attribuer à du Post Black Metal, œuvre d’une beauté noire toute en finesse.
 

Infestus


Pour Infestus, un dernier morceau n’est pas synonyme de remplissage, « Origin » lui aussi sera façonné dans des arrangements d’une minutie maladive. Rien n’est laissé au hasard, des roulements de batterie à une voix murmurée en passant pas des arpèges acoustiques et des riffs affutés.

Bref, la meilleure des dictatures musicales est celle où l’on est seul. Sans concertation, sans vote à main levé ; pas de prise de tête de musicien dans un studio. Andras aura quand même dû en passer des nuits blanches à négocier avec son « Moi intérieur » afin de réaliser une œuvre aussi noire.

Lionel / Born 666

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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