Deux mois après la sortie de son premier album solo Naked Thoughts from a Silent Chaos chez Lion Music Records, le musicien et chanteur Charly Sahona a parlé de son actualité lors d'une conversation téléphonique avec Ju de Melon.
Ju de Melon : Bonjour Charly ! Première question, comment vas-tu et que fais-tu de beau ces derniers jours ?
Charly Sahona : Bah écoute ça va très bien ! En ce moment, je suis en train de bosser sur le nouvel album de Venturia, mon autre groupe, dont on va enregistrer le troisième album au mois de septembre. Tout est quasiment écrit, je travaille actuellement sur les arrangements clavier. Mais je suis aussi en train de commencer l'écriture de mon deuxième album solo !
Ju de Melon : Ca va très vite dis donc !
Charly Sahona : Oui, j'ai toujours besoin d'activité créatrice musicale !
Ju de Melon : Parlons sans plus tarder de ton premier opus solo Naked Thoughts from a Silent Chaos. Tout d'abord, qu'est-ce qui t'a donné l'envie de faire cet opus en dehors de Venturia ?
Charly Sahona : J'en avais envie depuis le premier album de Venturia. Non pas que je me sente frustré avec mon groupe, bien au contraire, mais tout simplement parce que j'avais envie de faire un peu autre chose. Quand je compose pour Venturia, je le fais en fonction des autres membres du groupe, par rapport à leurs goûts musicaux. Là j'ai essayé de faire quelque chose de plus direct, de plus homogène. Après la sortie de Hybrid, j'ai failli enchaîner avec le troisième opus mais je me suis dit que c'était peut-être un poil trop rapide. D'où cette envie de sortir un album sous le nom de Charly Sahona ! Avec pour challenge ici d'être le chanteur lead, ce qui n'est pas le cas avec Venturia.
Ju de Melon : Le titre de l'album est assez spécial, peux-tu nous expliquer ce choix ?
Charly Sahona : Il est en effet assez spécial et assez long, mais il représente ce qui m'a poussé à réaliser cet album, c'est à dire une envie de raconter ce que peut ressentir un artiste : les tourments, la frustration, des choses qu'on aime bien exprimer avec la musique en plus des mots.
Ju de Melon : Cet album est plus accrocheur et accessible que les deux opus de Venturia selon moi, est-ce que cette orientation musicale a été un choix délibéré de ta part ?
Charly Sahona : En effet, c'était vraiment délibéré ! Au contraire de Venturia où il y a des nombreuses influences d'un titre à l'autre, où il y a beaucoup de choses, j'ai voulu faire quelque chose de plus direct et m'adresser à un public un peu plus large. Puis en même temps écrire des chansons avec des structures un peu plus conventionnelles, c'est plus facile, et c'est quelque chose que j'avais envie d'expérimenter. Sur cet album, les structures sont plus simples avec le schéma classique couplet-refrain-couplet-refrain. Il est plus monochrome disons, il y a moins de couches de synthé ou de choeurs, il est plus branché "rock" en fait... ça sonne comme un trio "power metal" avec riffs de guitare, basse, batterie et chant. Bref, c'est plus spontané !
Ju de Melon : Est-ce que t'entourer de Thomas et Diego, tes collègues de Venturia, pour l'enregistrement a été une décision prise sans hésitation ?
Charly Sahona : En fait j'ai pas trop cherché (rires) ! Je leur ai fait part de ce projet solo et ils m'ont très vite dit oui. C'est vrai que j'aurais pu demander à d'autres personnes avec qui j'ai l'habitude de jouer ou de bosser sur d'autres projets, mais je leur ai d'abord demandé et ils ont répondu présents donc c'était vite réglé !
Ju de Melon : Parles-nous des influences musicales de ce premier album...
Charly Sahona : Alors en fait autant pour Venturia je pourrais facilement te dire d'où viennent mes influences (du classique au rock en passant par la pop et la musique électronique), autant pour cet album j'ai eu une approche assez directe, plus naturelle, vu que j'y assure la guitare et la voix en même temps. J'ai essayé de faire tourner des riffs et des mélodies accrocheuses qui ne poseraient pas de problème à jouer et chanter en même temps. Je ne suis pas parti dans des idées précises d'inspirations musicales... mais, maintenant que l'album est sorti, on me parle souvent d'une influence de Muse mais c'est essentiellement au niveau de la voix. Je ne suis pas un chanteur de metal traditionnel et donc plus à l'aise dans la pop... A part ça, on peut dire que ce projet rentre dans la catégorie power metal mélodique.
Ju de Melon : Au niveau des paroles, est-ce que certaines chansons ont des histoires communes ou sont-elles indépendantes les unes des autres ? Quels thèmes as-tu voulu le plus développer à ce niveau ?
Charly Sahona : En général, notamment avec Venturia, j'aime bien aborder des sujets différents et donner mon opinion sur l'actualité, la sociologie, etc. Par contre pour cet album j'ai voulu faire quelque chose de plus introspectif. Après tout c'est un album solo, je parle donc un peu de moi (rires) ! J'ai essayé de décrire tout au long de ces 8 titres ce qui peut pousser un artiste à consacrer sa vie entière à vouloir concrétiser des projets artistiques. C'est un peu la démarche que chaque personne a lorsqu'elle est complètement investie dans une activité...
Ju de Melon : L'enregistrement s'est-il fait au même endroit et dans les mêmes conditions qu'un album de Venturia ou y a-t-il eu quelques différences ?
Charly Sahona : Il y a eu quelques changements ! Alors pour l'enregistrement effectivement, je suis retourné en Suisse dans les studio ArtSonik à Delémont dans la région du Jura. J'y ai enregistré la batterie et les guitares, car je connais très bien le travail de l'ingénieur du son Carryl Montini avec qui je m'entends très bien. Puis il est toujours plus rassurant de travailler avec gens dont on connaît les qualités professionnelles ! Par contre, je n'ai pas demandé à Kevin Codfert, qui a mixé les deux albums de Venturia... Ici, afin d'avoir une couleur un peu différente, j'ai demandé à un ami qui s'appelle Fabien Paraillac qui travaille pour les studios I-Real. Fabien a été un de ces nouveaux éléments qui a permis la naissance de ce nouvel album !
Ju de Melon : Parmi ces 8 morceaux, quel est celui dont tu es le plus fier ?
Charly Sahona : C'est sûr que je pourrais te répondre plus facilement pour Venturia ! Ces 8 titres sont assez monochromes, ils ont à peu près la même vibe, donc c'est pas évident. Mais je vais quand même dire "Relieved", le morceau qui introduit l'album, qui est aussi le single. C'est le dernier que j'ai écrit pour l'album, et c'est probablement la chanson qui a la mélodie et le riff le plus accrocheurs. J'ai trouvé ce titre assez rapidement donc j'en suis très fier, car c'était vraiment celui qui me manquait quand j'écoutais les 7 autres titres déjà finis ! Il fallait un morceau phare en fait, et c'est lui qui est venu en dernier !
Ju de Melon : Un petit mot sur la pochette quelque peu... spéciale !
Charly Sahona : Ah tu sais j'ai été surpris en la voyant aussi (rires) ! J'ai demandé à Perrine Perez Fuentes, une amie photographe professionnelle qui fait aussi de l'infographie. Elle m'a posé quelques questions sur le contenu, les paroles et le titre... Puis elle a essayé de l'exprimer à sa façon en mélangeant photographie et graphisme. En voyant le résultat j'ai été surpris mais je me suis dit "bon, pourquoi pas après tout !" ... J'ai fait confiance à l'artiste et je me suis dit que si la pochette pouvait un peu faire parler d'elle, ce serait au final un élément de plus à l'album et qu'on verrait bien comment ça serait perçu !
Ju de Melon : Des projets de concerts et de tournées pour défendre cet album solo ?
Charly Sahona : Des projets ça oui on en a toujours, ce qui manque après c'est de pouvoir les réaliser... Dans l'absolu oui, je suis totalement partant pour défendre cet album-là. Mais voilà, on ne vend pas des millions d'albums, donc on a du mal à trouver des tournées... A ce jour, on n'a pas de tourneur avec qui on peut travailler. C'est dommage car on a très envie de faire partager notre musique en live, mais bon on manque de notoriété et de promotion. Ca coûte cher, les organisateurs sont souvent frileux car ils ne veulent pas perdre de l'argent et restent attachés à leur budget... Donc je préfère à ce jour d'assurer la production d'albums, et on verra après avec le temps et les retombées ! C'est un peu le même problème avec Venturia...
Ju de Melon : Déveleppons un peu le sujet Venturia justement... Le troisième album est donc en cours de préparation...
Charly Sahona : Ca fait un petit moins d'un an que j'ai commencé à composer les titres, j'ai déjà réalisé une démo donc tout est fait à part peut-être un ou deux autres titres. On devrait aller en studio bientôt avec mon batteur Diego, on enregistrera très certainement cet été et si tout va bien j'espère le sortir avant la fin de l'année. Après ça dépendra de la maison de disque et des planning de sorties...
Ju de Melon : Ce sera l'occasion d'en reparler avec toi !
Charly Sahona : Ce sera avec grand plaisir ! Sûrement vers fin 2010 et au pire début 2011...
Ju de Melon : Quel a été ton parcours musical en quelques mots ? Et qu'est-ce qui t'a donné envie de devenir un artiste prog rock/metal ?
Charly Sahona : Je viens de la musique classique, vers l'âge de 4 ou 5 ans mon père voulait que je devienne un professionnel du piano. Mais bon forcément à l'adolescence j'ai eu envie d'autres choses et j'ai découvert la guitare électrique ! A cette époque-là j'ai découvert le pop rock, mais niveau guitaristique je voulais un peu me familiariser avec les virtuoses de cet instrument. J'ai donc eu un coup de coeur pour le metal et par extention la vague progressive, étant vite un peu blasé par tout ce qui était hard FM. Ce que j'aime dans le prog c'est la multitude d'influences ! Puis j'ai aussi découvert le metal extrême et ses bons riffs... Donc à force j'ai eu envie de monter mes projets et jouer ma musique, que ce soit avec Venturia ou mon projet solo !
Ju de Melon : Ton point de vue sur la scène metal française... Penses-tu qu'elle est en bonne santé ? Ne manque-t-elle pas un peu trop de reconnaissance selon toi par rapport à certains pays voisins ?
Charly Sahona : C'est une très bonne question ! Il y a quelques années, la scène metal française n'avait pas trop bonne réputation et à juste titre selon moi, je n'étais pas transcendé par ce que j'entendais. Mais depuis quelques temps, il y a une véritable qualité notamment au niveau musical, on a vraiment de très bons musiciens en France et pas mal de groupes ont leur truc. De nombreux efforts ont été faits aussi niveau production, on n'a plus rien à envier aux américains ou aux scandinaves sur ce point. Par contre, là où ça pêche, c'est au niveau de la reconnaissance... Le metal en France est un style trop underground et parfois pas bien vu par le grand public. Du coup, niveau subvention et business, on a du mal... La promotion autour du metal reste très limitée ! Heureusement certains arrivent à s'en sortir, et c'est tant mieux... Je pense que s'il y avait plus d'aides, on aurait une grande émergence de talents et le metal se porterait très bien en France.
Ju de Melon : Justement, je ne sais pas si tu as suivi la récente polémique avec Christine Boutin et Philippe De Villiers qui veulent faire interdire le Hellfest en associant le metal au satanisme... que penses-tu de ces choses qui ternissent l'image du metal ?
Charly Sahona : Bah là c'est pareil, ces gens-là sont limités sur un domaine dont ils ne voient que la partie émergée de l'iceberg. C'est sûr qu'il y a une minorité de groupes avec des propos satanistes et dangereux... mais ce n'est qu'un très faible pourcentage ! Je crois que c'est juste à cause de l'affiche du festival et de son nom, c'est tout. Après bon certains groupes jouent la provoc comme Slipknot par exemple, mais franchement il n'y a rien de sérieux et de condamnable... C'est surtout un manque de culture de la part des gens au pouvoir.
Ju de Melon : Quels sont les albums, groupes et artistes que tu écoutes le plus en ce moment ?
Charly Sahona : Ca varie pas mal, j'aime beaucoup de choses dans différents domaines. Mais en ce moment, ce que j'écoute le plus sur mon i-Pod, c'est le dernier album de Lamb of God, c'est assez extrême. Sinon j'aime beaucoup In Flames, Massive Attack et son dernier opus... Le dernier Richie Kotzen aussi, un super chanteur-guitariste ! Et récemment j'ai découvert un groupe prog anglais du nom de Frost*. Puis là je me suis promis de me mettre un peu à Opeth, je les ai vu en live mais je n'ai écouté que peu de leurs morceaux studio.
Ju de Melon : Merci de nous avoir accordé cette entrevue ! Quelques mots pour les fans et les auditeurs de La Grosse Radio ?
Charly Sahona : Continuez à faire découvrir la musique qui n'est pas servie sur un plateau d'argent ! C'est super d'avoir des gens comme vous qui défendent la musique qu'on aime et qui ne passe pas trop dans les media. Bref, continuez à être passionnés et à vous intéresser à des groupes pas forcément reconnus !
Ju de Melon : Ne t'en fais pas, on n'a pas d'argent mais beaucoup de passion !
Charly Sahona : Oui voilà, et tant que la passion est là, ça nous permet de réaliser de belles choses et les partager avec le public, même avec des moyens limités !
Ju de Melon : On se reparlera sûrement pour Venturia, bonne continuation !
Charly Sahona : Aucun souci, je serai très heureux d'en parler avec mes acolytes fin 2010-début 2011. Bonne continuation et merci à La Grosse Radio !
Ju de Melon : A bientôt !
Charly Sahona : A très bientôt Julien, ciao !
Une entrevue fort sympathique avec un musicien français passionné et de bonne humeur. Nul doute que le prochain album de Venturia sera également d'actualité sur La Grosse Radio Metal !
Chronique de Naked Thoughts from a Silent Chaos de Charly Sahona