Moins d’un an après la sortie de The Headless Ritual, la bande de Chris Reifert est de retour avec un album qui sent bon le death old School. Tourniquets Hacksaws and Graves, au titre assez évocateur, est donc le troisième album à sortir depuis la reformation du combo avec Macabre Eternal. Autopsy a jusqu’ici toujours évolué dans un death typé 90’s, où le gore est au centre du visuel et des paroles, et il n’y a pas de raison pour que cela change.
Cette fois ci, ce sont 12 morceaux que le groupe présente. Le lecteur averti pourrait se poser légitimement la question suivante : « quoi ? Déjà ? ». Effectivement, un retour discographique aussi rapide peut être sujet à inquiétude, même si le précédent album des américains était de qualité.
Autopsy ouvre le bal avec "Savagery". La simplicité des riffs marque les esprits dans un premier temps, tout comme la voix du batteur/hurleur Chris Reifert, toujours aussi crade. Après les influences doom présentes sur le précédent opus, Autopsy démarre l’album en trombe, avec une urgence rock n’ roll et un esprit emprunté au punk. Les soli de Danny Coralles et Eric Cutler évoquent le dernier opus de Massacre sorti récemment, notamment dans leur côté Slayerien ("After the Cutting"), mais savent par moment se faire plus mélodiques, rappelant le Black Sabbath de la grande époque ("Parasitic Eye", "Deep Crimson Dreaming").
En maître de cérémonie, Chris Reifert joue avec sa voix, tantôt grave et d’outre tombe (illustrant ainsi à merveille les textes aux ambiances glauques et gores, comme sur le bien nommé "Burial"), tantôt hurlées ("Deep Crimson Dreaming"), tout en assurant encore une fois ses parties de batteries, qui sonnent simplistes mais sont néanmoins pleines d’énergie, à la manière de Exhumed, autre rescapé de cette époque.
L’instrumental "All Shall Bleed" évoque à nouveau les influences doom du groupe, déjà présentes sur The Headless Ritual et fait figure de pause bien méritée dans le déluge de riffs.
La force de cet album est de varier le tempo, proposant une musique tantôt lourde et pesante (la fin de "Deep Crimson Dreaming" est glauque à souhait), tantôt directe, In your face ("Tourniquets Hacksaws and Grave").
La production rappelle également celle de l’opus précédent, grasse et chaude, à la manière de ce qu’il se faisait aux Morrisound Studios dans les années 1990. Joe Trevisiano (basse) le dernier arrivé au sein du combo est cependant légèrement mis à l’arrière plan, ne s’illustrant finalement que peu sur les parties rapides des compositions, contrairement aux ralentissements de tempi.
S’il ne révolutionnera pas le style, (les détracteurs évoqueront un énième album de death old school) ce Tourniquet propose des titres qui s’inséreront à merveille dans les futurs setlist du combo ("Savagery", "The Howling Dead"). D’autres, à l’inverse, risqueront de faire retomber l’ambiance ("Forever Hungry"). Cet album est un bon album de death old school, mais qui a peut être été sorti trop vite et souffre de la comparaison avec ses deux prédécesseurs (pour ne parler que des galettes sorties après la reformation). Certains titres dispensables semblent avoir été rajoutés afin de remplir l’album et n’apportent pas grand-chose à la discographie du groupe ("Forever Hungry", "Autopsy"). Il est de plus dommage que le groupe termine l’album sur le morceau éponyme "Autopsy". Le message semble clair : voila un condensé de ce qu’est le groupe en 2014. Or, avec ce titre, les américains tombent dans l’auto-plagiat et présentent plutôt mal ce qu’est l’essence d’Autopsy, avec un titre de clôture assurément trop long.
Avec ce Tourniquet Hacksaws and Graves, les fans d’Autopsy ne seront pas dépaysés et retrouveront l’imagerie et le son cher au groupe depuis ses débuts. Si les plus exigeants auront l’impression d’un album qui ne se démarque pas, les néophytes pourront découvrir l’univers de ce groupe avec un cd qui, s’il ne révolutionnera pas le genre, restera plaisant à écouter avant de découvrir le groupe sur scène.
Note : 6,5/10