Timo Tolkki’s Avalon – Angels of the Apocalypse


L'apocalypse ?

Tout d'abord, il faut savoir que j'ai longuement hésité avant d'entreprendre la rédaction de cette chronique, un véritable crève-coeur tant je respecte cet artiste qui a apporté toute sa science mélodique et speed à la musique dite "power metal" et grâce auquel (entre autres) j'ai pu véritablement me passionner pour ce genre. Si les propos du papier qui suit vous paraissent parfois durs, sachez que cela ne m'a pas enchanté d'en arriver là. 

Pourtant le casting de ce nouveau disque était alléchant, et sans pour autant être convaincant le premier volet de ce projet Timo Tolkki's Avalon avait le mérite de proposer quelques bons moments qui laissaient présager du mieux pour la suite. Mais là, il faut avouer que cette seconde partie Angels of the Apocalypse à paraitre mi-mai chez Frontiers Records fait mal, très mal. Les inconditionnels de Stratovarius et du bonhomme ne vont pas en revenir, mais les fans des chanteuses et chanteurs présents sur ce CD non plus.

De ce casting, émerge en tête les éminents Floor Jansen (Nightwish, ReVamp, ex-After Forever) et Fabio Lione (Rhapsody of Fire, Angra), secondés par les reconnus Simone Simons (Epica), Elize Ryd (Amaranthe), David DeFeis (Virgin Steele) ou encore Zack Stevens (Ex-Savatage, Circle II Circle), et soutenus par l'illustre inconnue Caterina Nix (qui sortira un premier album cette année prdouit par... Tolkki). Et autant le dire de suite, aucun d'entre eux n'y livre sa meilleure performance vocale, bien au contraire... sauvons Simone, Elize et Zack du marasme à la rigueur, mais pour le reste nous sommes en droit de nous poser des questions.

Dès la révélation du single "Design the Century" par le biais d'une vidéo... fort poussive disons, on ne semble pas reconnaître la pauvre Floor Jansen que l'on croirait ici remplacée par une imitatrice ratée. Quelle désillusion, surtout comparé au merveilleux live sorti l'an passé par Nightwish qu'elle domine par son excellence ! A qui la faute ? Très certainement pas à la dame dont on semble avoir pris ici le premier essai vocal, texte des paroles à la main : aucune conviction et même quelques légères imprecisions de justesse sur les couplets sans oublier ce refrain "rehaussé" de choeurs on ne peut plus approximatif (mixés, si mix il y a eu, avec les pieds). Rajoutez à cela des orchestrations miteuses téléguidées via un clavier playschool qui feront notre malheur sur une grande partie de l'album et un solo totalement imprécis qui n'aurait même pas trouvé sa place sur le dernier Malmsteen, et on tient là un morceau qui donne un sentiment fort négatif de démo mal maîtrisée. Et pourtant, ce n'est pas là le pire, bien au contraire...

Parlons ensuite du (normalement) génial Fabio Lione, totalement méconnaissable sur cet album. Passons le côté ultra forcé de son chant sur un "Jerusalem Is Falling" à peine passable sur son côté mécanique et aux riffs plats, après tout ce n'est pas la plus grande catastrophe de l'opus malgré un jeu de batterie improbable (on y reviendra) et ces claviers/arrangements affreux (on y est déjà venu et on y reviendra aussi), mais attardons-nous par contre sur ce "Stargate Atantis" au titre pourtant prometteur. Alors c'est ballot, car ce morceau un peu plus travaillé aurait pu être un hymne sympatoche bien que très (trop ?) proche d'un "Galaxies" ou d'un "Hunting High and Low" du Strato d'antan, mais en plus d'une prod molle à souhait nous retrouvons là un Fabio... quasi faux ! Notamment sur le refrain, plus précisément le dernier et ce "wohooooo" cataclysmique qui nous recouvre de honte pour lui. Ahurissant que ce soit passé et laissé ainsi sans retouche. Le foirage d'un mix final n'explique cependant pas tout, on peut aussi se questionner sur les guests de plus en plus récurrents d'un Fabio que l'on sent assez fatigué...

Vous pensiez que ce serait là le sommet de l'infamie ? Que nenni, parlons de ce "Rise of the 4th Reich" désormais affublée du titre de pire chanson de l'année, voire de la décénnie. Improbable... David DeFeis se voit forcé d'un cri épouvantable à son début (qui sera répété plus tard) digne d'un passage sur les chiottes un matin après une nuit blanche de gastro. Les échos ajoutés renforçant un sentiment profondément désagréable façon "aaaaouuuh" d'un spartiate bourré à l'agonie. Peut-être était-ce l'idée après tout ? Sur le reste du morceau, on reconnait le timbre habituel du chanteur de Virgin Steele, mais la catastrophe s'avère absolue entre guitare mécanique faussement indus, batterie cataclysmique, bourrage d'orchestrations imbuvables et narration de George W. Bush qui déborde sur le refrain final dans un tumulte insupportable. Odieux.

Tout ceci donnerait presque envie de pleurer, rajoutons à cette série de désagréments un "The Paradise Lost" aux choeurs que même sur le Hammerheart de Bathory ça sonne mixé avec plus de moyens et à la structure totalement irrespirable une nouvelle fois perturbée par un solo qui réalise l'exploit de baver sur le refrain final à la tierse (cacaphonie infâme assurée) sur lequel Floor s'égosille comme elle peut, mais surtout ce "You'll Bleed Forever" en mode ballade clichée où la basse sonne aussi synthétique que la supposée batterie avec quelques réverb dégueulassed et surtout un dernier chorus inoui habillé de back vocals inutiles ou de "aaaaaaaaaaaah" plus que crispants. Comme quoi il aurait fallu rester plus "simple" sur le coup... cela nous permettra plus tard de sauver l'autre ballade "High Above of Me" où toutes les demoiselles semblent se donner le change avec une certaine cohérence et sur laquelle Tolkki réalisera le seul bon passage guitare de l'album en son final. Dommage là encore que les orchestrations gâchent absolument le tout.

Rien à sauver ou presque donc, hormis peut-être cette ballade (pourtant bien lambada) ainsi que l'outro finale qui mérite d'avoir un bon feeling en plus d'être instrumentale... On aurait bien fait un effort pour "Neon Sirens" qui ne propose aucune véritable agonie auditive et sur laquelle Zack Stevens réalise un travail sobre, mais la platitude du tout ne nous réjouit pas vraiment. Reste à causer du "grand final" éponyme... 9 minutes de bazar où on n'arrive plus trop à suivre ce qui se passe, si ce n'est ce refrain hyper répétitif avec absolument aucune accroche où Catarina semble montrer ses habilités en tant que chanteuse opera lyrique (mais vaut mieux pas juger la demoiselle sur cette première participation, où les dés seraient pipés pour sa carrière). Bref...

Tolkki Floor Jansen Avalon

Au-delà donc de cette souffrance continue où chaque morceau ou presque rivalise de médiocrité, outre les arrangements et la production d'un amateurisme abérrant, posons-nous aussi la question du choix de Timo Tolkki que de s'entourer de ses vieux compères des premiers Stratovarius : Tuomo Lassila (batterie) et Antti Ikonen (clavier). Tout d'abord, si ce dernier est responsable de l'orientation de ces fameuses couches synthés guignolesques, il mérite un vrai carton rouge... alors oui on les reconnait ses sons analogiques de l'époque Fourth Dimension ou Dreamscape, mais aussi mal dégrossis et totalement surannés ça ne peut plus fonctionner en 2014. Quant au premier, après 20 ans de silence musical, on peut se demander s'il n'a tout simplement pas perdu son niveau. Pire, est-ce vraiment lui qui joue toutes les parties batteries sur l'album ? Le côté très électronique boite à rythme de certains passages laissent perplexes, quand aux moments où il s'emballe... no comment.

Alors, voici venu le temps de la note... J'aurais pu laisser un "non noté" qui aurait tout dit, ou planter un 1/10 bien mérité, mais j'opte finalement pour 1.5 car un doute m'habite concernant le mixage et mastering visiblement fort bâclé ou carrément absent de cet opus. Une question de temps ? Tolkki aurait-il été contraint de rendre sa copie plus tôt que prévu ou suite à quelques déboires l'ayant retardé ? Ou le label s'est trompé de version lors de ses envois promos ? Nous ne le saurons certainement jamais, mais cela ne pardonne en rien la piètre qualité de l'ensemble et des compos bien décevantes au-delà de ce qu'on aurait pu imaginer même si on savait l'homme sur le déclin. J'ai voulu y croire, mal m'en a pris... La suite ? Que dire à part espérer que l'ami Timo se ressource un bon moment à l'écart des média, car il y a fort à parier que plus d'une chronique sera assassine, bien plus encore que celle-ci.

Note : 1.5/10 (arrondi à 2, dans un élan de clémence absolu... pour ce que l'homme a su nous apporter par le passé, rien d'autre)
 

NOTE DE L'AUTEUR : 2 / 10



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