Pensées Nocturnes – Grotesque

Essayez d'attraper cet ovni métallique qui glisse entre les doigts, pour voir !
On appellera ça de l'avant-garde même si ça n'a aucun sens. Puisqu'on vous dit que c'est grotesque !
L'univers sonore de cet album oscille principalement entre Black-metal aventureux et symphonies classiques. Jusqu'ici, tout va bien.

Est-ce que le metal peut participer des aventures expérimentales ?
Rien ne l'en empêche, et s'il un terrain sur lequel les expérimentations de tout genre foisonnent, c'est bien chez les métalleux. Et comme chaque style de métal a des codes bien précis, c'est souvent un plaisir que de les mélanger, les retourner, les mutiler.

Derrière le projet Pensées Nocturnes, il y a un homme qui se nomme Vaerohn. Son premier album "Vacuum" est sorti l'année dernière chez Les Acteurs de l'Ombre.
Voici donc le petit second : "Grotesque".

je prendrai la définition artistique du terme "grotesque" : Ornement des monuments antiques représentant des sujets fantastiques, figurant des personnages, des animaux, des plantes étranges.
L'univers sonore de cet album semble plutôt bien aller avec cette définition. On y côtoie toutes sortes de bestioles rampantes, ricanantes, pleurnichantes. Il y a un côté cabaret indéniable, comme si Kurt Weill revenait d'entre les morts armé d'une Gibson et d'un pentacle au cul. On trébuche, on s'égare dans les loges mortuaires d'un schizophrène, on se berce de lyrisme et de violence.

Une des réussites de cet album, c'est sa singularité, sa personnalité. Vaerohn fait comme bon lui semble, du moins c'est ce qui me paraît à moi, simple auditeur attentif.
Du coup, on a parfois du mal à suivre le fil de l'histoire. Chaque morceau ressemble à un tableau, et certains m'ont un peu laissé sur ma faim. "Eros" me semble être une esquisse poussive qui, malgré le plaisir que procure la tristesse mimée, tourneboule et se fait un crochepied. Quant à "suivant" qui cloture l'album, le côté "vampire au piano" ne m'a pas non plus emballé plus que ça.

Mais le reste a de la substance, et "Paria" est une déferlante radioactive qui laisse des séquelles. Le côté metal extrême est ici digéré, sublimé, et donne un résultat plus que bluffant.
Il y a des orchestrations que l'on qualifiera de baroques, notamment ce "Hel" très cinématographique, et très réussi, malgré le chant assez déroutant, entre la plainte et la farce malsaine, qui sied à merveille aux déambulations démoniaques.
Je dirai même que ce morceau est la pièce centrale de l'album. On y trouve des ingrédients dada que certains Residents n'auraient pas dénigrés.

Mais chaque écoute réserve des surprises, et s'adapte à l'humeur du moment avec une force déconcertante. Prenez le final de "Thokk" : parfois il m'exaspère, parfois il me séduit.

Je ne peux que m'incliner.

ma note : 9/10.
 



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