Casualties of Cool – Casualties of Cool

Ground control to Major Dev

Que Devin Townsend est un artiste très occupé ce n’est pas nouveau. En quelques années les sorties estampillées « Devin Townsend Project » se sont multipliées sans jamais se ressembler. Étonnant donc que le prolifique Canadien se décide de se lancer dans un tout nouveau projet du nom de Casualties of Cool alors qu’il bénéficie de toute la liberté d’expression qu’il désire dans sa carrière solo. Mais de carrière solo il n’est ici pas question. Townsend est accompagné par Ché Aimee Dorval, chanteuse et guitariste canadienne que les fans de Hevy Devy avaient déjà pu découvrir sur Ki (2009). Ce tout nouveau projet musical, avant même sa sortie, a récolté un très bon accueil du public puisque sa campagne de financement participatif sur la plateforme Pledge Music a dépassé les 400% (fans du côté Metal de Devin Townsend réjouissez-vous, le surplus récolté va servir aux financements du projet Ziltoid 2 et d’un nouvel album du DTP) !

Plantons d’abord le décor. Le chanteur canadien décrit lui-même le concept de Casualties of Cool comme ceci : l’histoire d’un voyageur qui flotte dans le temps et l’espace et qui, en entendant la magnifique voix d’une femme, est attiré sur une planète hostile. Il s’avère que la planète est une entité qui se nourrit des peurs de ses habitants – utilisant une vieille radio pour diffuser une voix de femme et attirer ses victimes. Isolé, le seul réconfort du voyageur est la voix. Mais quand la radio s’éteint, il voit sa fin venir. C’est alors qu’il trouve un vieux phonographe caché sur la planète par la vraie femme à qui appartient la voix et qui lui apprend que pour se libérer, il doit affronter ses peurs. Il décide alors, pour sauver son âme de bâtir un pont avec les os de ceux qui sont passés avant lui sur la planète.

Réjouissant n’est-ce pas ? La vraie originalité de cet album ne vient pas de son histoire pourtant, mais bel et bien de sa musique. Les thèmes et le cadre spatio-temporel pourraient laisser croire à l’auditeur non averti qu’il va avoir affaire à du Rock/Metal Progressif et spatial… Ça serait bien mal connaître l’ami Devin qui nous propose donc un album qu’il décrit comme « Country Rock ». Et pourtant, Casualties of Cool arrive à capter tout le concept de l’histoire dans ses sonorités ! Une musique ambiancée qui rappelle beaucoup les albums Ki ou Ghost (2010) du Devin Townsend Project. En réalité, Casualties of  Cool est un album qui doit se vivre, s’écouter au casque, telle une véritable expérience. Pour peu que vous soyez un peu ouvert d’esprit (musicalement parlant) vous vous laisserez absorber dans cette histoire où les chansons forment un tout. D’ailleurs il n’y pour ainsi dire aucune transition entre celles-ci, la musique s’écoulant en flux continu.

Mais n’allez donc pas en déduire que les titres ne fonctionnent pas indépendamment les uns des autres ! Casualties of Cool contient des morceaux magnifiques, principalement ceux qui sont portés par la voix de Ché Aimee Dorval comme "Flight" et "Bones" dont je suis personnellement tombé amoureux. C’est bien simples, certains titres de cet album rivalisent avec les précédentes plus belles compositions de Devin Townsend. Mention spéciale à "The Bridge", sûrement le titre le plus « townsendien », sonnant par moment comme une compo d’Epicloud (2012) avec ses chœurs et orchestrations massifs avant de revenir à une musique Folk et contemplative.

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Le travail de Ché sur cet album n’est pas innocent quant à la réussite du projet. La chanteuse était déjà impressionnante sur Ki, mais son talent est ici sublimé.  Il n’est pas étonnant que la voix de Devin se fasse plus discrète que celle de sa « compagne ». À tel point que les fans hardcore de la voix du Canadien pourraient être déçus de ne pas l’entendre plus. D’autant plus qu’il nous l’a prouvé à plusieurs reprises dans le passé (et encore sur cet album), son organe est, lui aussi, capable de belles prouesses.

C’est désormais une constante dans les travaux de Devin Townsend, mais la production de l’album est magnifique. Chaque touche d’ambiance, chaque petit détail dans la composition sont mis en avant et permettent d’aider à l’immersion dans ce nouvel univers. Le vent au début de "The Bridge", les grenouilles avant "Moon", les cordes de "Bones",… cela va du petit détail à la partition pour orchestre, mais tout cela permet grandement d’installer l’ambiance.

Casualties of Cool sonne au final comme une synthèse de Ki (pour son côté Country-Rock/Folk) et Ghost (ambiance apaisantes et rêveuses, utilisation d’instruments à vent…). Vous l’avez compris, on est à des années-lumière (pour rester dans le thème spatial) du Metal, mais il n’empêche que cet album est une perle à la beauté indescriptible. Devin Townsend l’avait plus ou moins présenté comme un Ki 2 mais cela va plus loin et son autre description de « chansons hantées de Johnny Cash » se rapproche un peu plus de la vérité, mais pour véritablement vous faire une idée sur cet OMNI (Objet Musical Non Identifié) le mieux est encore vous laisser vous aussi attirer sur la mystérieuse planète par cette douce voix…

9/10
 

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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