Of Solitude and Solemn – Starlight’s Guide (EP)

Si vous suivez correctement les aventures de La Grosse Radio, des noms tels Betray-Ed ou Loki ne devraient pas vous être inconnus. Chroniqués ici-même par la plume de votre serviteur, le point commun qui lie ces deux projets est avant tout le fait d'être l’œuvre d'un compositeur unique, se laissant aller au gré de son envie pour accoucher de morceaux qui sont le reflet de leur propre inspiration. Et si vous pensez que le groupe d'aujourd'hui est dans la même veine … alors c'est gagné. Of Solitude and Solemn provient d'Angleterre et se compose de Joe Hawker au chant, et aux instruments. Enfin, à toutes les manettes, en réalité. Et ce à seulement 21 ans, ce qui a un côté tout à fait respectable. Avant un premier vrai album qui ne devrait pas tarder à voir le jour sous peu (productif en plus de cela), le musicien anglais offre un premier aperçu de sa musique avec l'EP Starlight's Guide.

Cependant, le style pratiqué ici n'est ni le plus répandu, ni le plus apprécié ou le plus accessible parmi le monde du metal. Évoluants dans un registre entre le post-rock, le black atmo et le doom, les trois compositions présentes au sein de cet essai se basent avant tout sur leur capacité à emporter l'auditeur grâce à de longues plages atmosphériques. Entendez donc par-là qu'il n'est pas aisé d'assimiler au premier coup d'oreille les pièces proposées par le musicien, tant elles demandent un effort de concentration pour s'y plonger et se laisser emporter par les ambiances. Qui plus est, difficulté supplémentaire, une grande partie de la musique est instrumentale. La guitare est l'outil majoritairement utilisé par Joe pour construire les morceaux et y instaurer tout l'aspect contemplatif et rêveur qui imprègne l'offrande. Par ailleurs, les pistes ne font pas dans la parcimonie quant à leur durée, deux d'entre elles atteignant plus de dix minutes où la musique se développe et s'intensifie, afin de gagner en puissance d'accroche.

"J'adore le violet."

Travail auto-produit oblige, l'EP n'est pas exempt de légers défauts. A commencer par un chant clair bien trop en retrait pour convaincre lors des parties utilisant celui-ci. Difficile de juger de la qualité technique de la voix du musicien sur ce point-là, la faute à un aspect manquant d'impact lors de ses interventions. Il est vrai que la production est très loin d'être parfaite, laissant certains éléments en retrait, la batterie en particulier. Celle-ci, programmée, n'a pas réellement la force d'un véritable instrument mais les conséquences de cette absence d'un batteur réel sont moindres, l'ambiance étant mise en avant par la guitare et le clavier avant tout. En revanche, au niveau vocal, les apparitions de chant extrême font leur effet. Sporadiques mais jamais superflues, elles offrent un peu plus de mélancolie, notamment sur la très réussie « Illuminance ».

En dépit de ces petites choses qui feront sourciller les plus pointilleux, Starlight's Guide est une réussite. Ce qui amène immédiatement un important capital sympathie à ce projet, outre l'aspect one-man band, c'est la densité des ambiances, véritablement envoûtantes. Les mélodies semblent simples au premier abord mais dévoilent une richesse bien plus grande qu'il n'y paraît au fur et à mesure que les minutes défilent. A titre d'exemple, « Guiding Light » continue sur une voie légèrement monolithique mais qui ne cesse de gagner en puissance et à prendre aux tripes au fur et à mesure. Et sur cette base musicale, diverses petites choses continuent à se greffer pour aboutir à un résultat harmonieux. L'ajout de ce chant écorché est un réel atout pour contribuer à la mise en scène de l'atmosphère souhaitée par le compositeur anglais. On regrettera simplement le son de la batterie programmée qui, lors des passages les plus emballés, peut se révéler un tantinet irritant, sa frappe manquant cruellement de subtilité. Si ce titre tient donc sa force par une foison d'éléments, « Illuminance » qui précède nous offre une très belle ligne de guitare, qui réussit à faire son travail comme il se doit : créant une ambiance somptueuse qui n'hésite pas à changer pour éviter l'écueil de la linéarité, l'ensemble garde une cohérence qui permet de maintenir attentif sur toute la durée de la pièce. Ne reste qu'à se laisser transporter … Enfin, « Memories in the Mist » tranche radicalement avec le reste, instaurant une certaine douceur qui offre un beau moment de calme. Une conclusion loin d'être hors-de-propos ou bâclée, fort heureusement. Bien plus centrée sur les parties instrumentales, l'intensité n'est jamais laissée de côté.

Là où l'on aurait pu craindre de se retrouver devant une mouture froide et ennuyeuse, Starlight's Guide est bien loin d'un pareil constat. Œuvre à la fois sincère et exécutée avec talent, ce premier EP de Joe Hawker, alias Of Solitude and Solemn, nous fait ainsi découvrir un artiste avec un grand potentiel, et une maturité qui ne demande qu'à grandir encore pour atteindre des sommets. S'il reste évidemment des améliorations à apporter tant au niveau sonore qu'artistique, nul doute que l'expérience ne pourra qu'être bénéfique pour le musicien anglais et qu'au fil des réalisations, la qualité du projet n'en deviendra que plus importante. Amateurs de post-rock, de doom metal ou curieux, ne boudez pas votre plaisir. Une belle découverte, que je m'empresserai de suivre avec le plus grand intérêt.

Ah, et, pour le bonus, l'EP est en téléchargement gratuit ici. Mais n'hésitez pas à soutenir les artistes et à y laisser la contribution de votre choix.

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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