Oruga – Blackened Souls

Et la lumière fut....C'est ce qui me vient à l'esprit à l'issu de la découverte intégrale du premier effort longue durée de ORUGA, intitulé Blackened Souls. Le groupe lillois, composé de Cédric au chant, de Julien et de Fred aux guitares, de Pietro à la basse et de Bruno à la batterie, actif depuis 2010, revient en force après le très bon Ep Oruga, paru 2011 et, toujours sous la houlette de APATHIA RECORDS

Un coup d'oeil à l'artwork, signé Thomas Grosso, nous laisse présager du contenu, il est très obscur, très sombre, orné uniquement de deux couleurs : le noir et le gris. Il représente un enchevêtrement de branches d'arbres dont la vision nous est donnée que dans une seule position...celle couchée au fond de notre lit de mort. Il est à noter que le mixage et le mastering ont été confié à Dimitri Dupire du Studio Mov'bill.

"Ne se revendiquant d'aucune scène en particulier, la musique du groupe marie de manière viscérale, la lourdeur oppressante du doom, à la rage crasse du sludge, s'imprégnant de l'agressivité du métal pour la fondre aux dynamiques hypnotiques du stoner". Ceci est la description que nous donne APATHIA RECORDS dans son kit press, et, il faut bien le reconnaître, le label a parfaitement su resumer l'essence de la musique de ORUGA.

L'attaque sonore débute par le morceau Heretics, qui plante littérallement le décor. La rythmique générale est ultra lourde, la basse est vrombissante, le tout est enrobé de riffs pachydermiques. L'atmosphère y est oppressante, fumeuse, voir, funeste à certains moments et, la mise en son ne fait que renforcer cette impression qu'une enclume de quarante tonnes nous tombe sur la tête. Cette composition est loin d'être orpheline car la lourdeur "doom" est également présente sur We, the darkness (tout est dans le titre...), sur Disciples ou encore sur Ghosts of anneliese, pour ne citer que ces titres. ORUGA excèle aussi dans l'accouchement de riffs massifs, façon jet de parpaings comme sur Heretics mais surtout sur Cursed et Disciples, qui renvoient aux grandes heures de CROWBAR ou EYEHATEGOD. L'ambiance y est étouffante, suffocante mais ORUGA a su aménager des breaks lents, toujours aussi lugubres mais qui donnent à l'auditeur, suffisamment d'air pour éviter l'asphyxie (Heretics, Among the living ou Cursed).

Et comme si cela ne suffisait pas, la formation incorpore au sein de Ghosts of anneliese, des vocaux écorchés de malade mental complètement dérangé, conférant à l'ensemble, une sorte de malaise dérangeant. Mais, selon votre serviteur, le véritable point d'orgue de Blackened Souls, est incontestablement Among the living, qui propose un parfait condensé du savoir-faire de ORUGA. "Eléphantesque?" Cela s'applique à merveille à cette composition où riffs de mammouth, rythmique lourde, pont mélodique rappelant le PARADISE LOST, période Shades of god, accélération à la double (enfin, tout est relatif...), puissance de feu et ambiance poisseuse sont au rendez-vous.

La production "made in France" n'a rien à envier aux grosses écuries américaines et, fait ressortir parfaitement la lourdeur du propos de ORUGA, ainsi que sa noirceur et également une certaine souffrance, le son est "charbonneux" mais très clair, laissant un espace suffisant pour une expression totale de chaque musicien. Ces derniers sont au diapason, les deux guitaristes font office de manfacture à riffs et la section basse/batterie semble tout droit venue d'une  forêt canadienne. Cédric, au chant, éructe toutes tripailles dehors, ses vocaux se trouvant à la frontière du "hardcore" et du "death" avec une pointe de "screamo", le bougre use également de voix claires sur Among the living, Cursed ou Ghosts of anneliese, ce qui confère à l'ensemble une certaine variété.

Si je veux chercher la petite bête, je dirais que quelques longueurs sont à déplorer ici ou là (Heretics, ou We, the darkness), et, qu'une petite accélération de temps à autre aurait renforcé l'impact frontal du rendu.

Vous l'aurez compris, pas grand chose à jeter sur ce Blackened Souls, qui porte très bien son patronyme, où tout n'est qu'obscurité, noirceur, enveloppé d'une atmosphère oppressante et brumeuse, les riffs massifs et pachydermiques se succèdent et sont assénés tels des uppercut d'un Mike Tyson en colère, soutenu par un rythme très lourd. Nous relèverons juste quelques longueurs mais les prochaines prestations live du combo sont déjà allèchantes. Avec Blackened Souls, ORUGA, nous conduit inéxorablement dans les profondeurs abyssales de l'obscurité où la lumière n'est plus...

Attention, formation prometteuse à fort potentiel!!

8.5/10

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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