Zebarges – Dirty Rotten Killers (+ rétrospective)

Les pièces 'underground' « premier-choix » du Boucher (part IV) ...
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Retour de cette rubrique qui ne va pas chercher ses 'blasts' chez Nuclear, ni les sessions-photos de ses groupes à la rubrique "Meilleures retouches" de chez Photoshop™... 'True Underground' inside, et retour sur mes terres natales de la Champagne profonde parce que bon. C'est en 'l'eau-cul-rance' à Troyes dans l'Aube que l'OVNI musical ZEBARGES a pris ses marques... Marques de la vie comme marques des rangeos dans nos sales gueules !
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Du « Vlöbeurghhh ».... Voilà le nom que notre duo Troyen donne à son metal/punk minimaliste. Comme pour bien illustrer, avec cette poésie qui leur est propre, les régurgitations alcooliques en deux temps (la bonne vieille remontée sur le "vlöo", avant de tout lâcher sur le "beurghhh"!!!...), qui sont également une bonne image de la dualité de nos compères complémentaires, ainsi que de toute la duplicité de leur musique : on emmagasine pas mal de choses avant de vous les lâcher à la gueule !!!! (les influences au fil des années, de même que les griefs et idées...). Comme une manière enfin de refuser toute autre étiquette, et d'appuyer ainsi fièrement le minimalisme affiché comme mode d'expression naturel de leur philosophie de vie, faite d'insolente liberté, de refus du compromis comme de la compromission, et animée par la bonne vieille démarche "Do it yourself" de la vraie école 'underground' - la volontariste et non l'arriviste !

Il est certain qu'on ne saurait faire plus minimaliste que le line-up de nos gaillards : un bassiste, un chanteur/brailleur et ... c'est tout ! Plus épuré, brut de chez brut, tu meuuuuurhhhhh!! ... Des titres en moyenne très courts (surtout si l'on enlève les divers bruitages et dialogues 'samplés' qui viennent parfois s'y greffer), pas de guitare-reine qui mène la danse comme d'ordinaire ni même de batterie, mais une bonne vieille boîte à rythmes comme au plus fort de la scène alternative/punk française ! Sauf qu'ici et contrairement aux apparences, le ton n'est pas à la simple pantalonnade ni aux vaines dénonciations... Et bien sûr, ce qui justifie sa présence ici, c'est que l'esprit et l'attitude sont résolument et authentiquement 'metal', de la tête (même quand la tignasse dessus se dégarnit ou blanchit chaque jour un peu plus, ce ne sont plus là de jeunes blanc-becs...) aux pieds - campés bien droits dans leurs bottes comme le seront toujours nos 'Barges'.

Cela fera bientôt quinze ans que les Zebarges nous vrillent les esgourdes et les neurones (enfin, pour ceux à qui il en reste encore après). Beau pied de nez à ceux qui, à l'époque de leurs démos, prenaient le projet pour une simple blague qui ne ferait pas long feu (et il y en a eu...) : le 'groupe', à son propre rythme de croisière, publie aujourd'hui son 4ème album, Dirty Rotten Killers (titre qui mélange subtilement le premier EP des thrash/coreux Ricains de D.R.I. et le Eddie sanguinaire de l'emblématique deuxième album de Maiden, dans le nom comme sur la pochette de couverture !).

Revenons pour l'occasion sur le parcours atypique de cette formation pas comme les autres... Heureusement pour les autres !

 


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Les années 'demo' ...

Les premières frasques de nos 'barjots' pas frigides remontent à la fin 99-début 2000... Le bouche-à-oreille rapporte alors des premières apparitions 'live' complètement déjantées, avec pour seul décor des 'lights' aussi minimalistes que leur zik' et comme mise en scène un pauvre drap en arrière-plan, une poupée gonflable appelée Josette (qui succombera au bout de quelques concerts, la "pression" sans doute...) accompagnée d'autres accessoires tout aussi improbables qu'un crâne (qui de la même manière deviendra vite fêlé et irrécupérable, comme pour se mettre au diapason !), ou encore des lunettes noires de 'star' du disco sur la Croisette ! (oui, c'était pour rimer avec Josette...)

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C'est dans ce contexte que verront le jour les deux premières démos De Troyes Rock City (2002) et Diary of a Bargeman (2003), aux titres clins d'oeil à Kiss et Ozzy Osbourne qui ne manqueront pas d'interpeller les métalleux du coin... Le groupe a coutume de dire que la première est plutôt 'métal' et la seconde davantage 'punk' (de vagues et lointaines réminiscences Ludwig von 88, Gogol 1er et Toy Dolls, peut-être...), mais en vérité les deux sont des plus complémentaires et surtout définissent à elles seules la 'patte' Zebarges, cette écriture si particulière qui ne ferait que s'étoffer au fil du temps. Le livret de Diary... arbore fièrement la mention "No prod, no mix, fuck copyright" : on ne saurait être plus clair ! Dans un barouf' des plus chaotique point de vue sonore, le bassiste AC/JC (qui avait à l'époque adopté pour pseudo Enuts, puis Hambourg, en accord avec les sobriquets de son "chanteur" - respectivement Ben et Crone, vous mordez le topo ?...), le premier des deux compères donc, nous délivrait alors déjà une basse distordue à la Motörhead, mais avec des lignes mélodiques volubiles enchevêtrées pour donner le 'la' (enfin, sans savoir quelle note c'était, peut-être...), à mi-chemin entre le punk/post-hardcore de No Means No, le "Anesthesia (Pulling Teeth)" de Cliff Burton et les extravagances d'un Joey DeMaio dans Manowar.
De son côté, Paskiss (autant garder le pseudo actuel de Pascal qui lui va comme un gant !), brailleur à la voix grâââve, sans aucune formation musicale pour sa part et cela s'entend, mais avec en revanche des connaissances et une expérience de vieux hardos qui ne peuvent que forcer le respect, il se contente en grande part de suivre ce que ses tripes et son instinct lui dictent quand vient l'heure de caler ses textes (ou plutôt de les "décaler" comme il le reconnaît lui-même, petit travers que les détracteurs les plus virulents se feront malgré tout un malin plaisir à faire remarquer en concert...). Textes en français d'une grande qualité par ailleurs, brillant aussi bien par leur cynisme que par cet humour tantôt noir, tantôt décalé, parfois d'une teneur vindicative sans appel et qui peuvent tout autant arborer une froideur à se taillader les bras à grands coups de lame de rasoir ...
 

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De prime abord, Zebarges se fait remarquer par son « sens de la formule ». Même si la diction mi-'punk/thrasheux braillard', mi-déclamée 'à la Trustun soir de cuite de Paskiss et les rythmes effrénés de la boîte à rythmes empêchent parfois de bien saisir toutes les paroles, il y a toutes ces petites phrases d'accroche et autres refrains imparables ("Necrofoot" et sa partie de ballon rond bien 'eviiiiiiil' avec des crânes dans un cimetière !), qui donneront aux plus téméraires et aux plus indécrottables une furieuse envie de se plonger dans les livrets, afin de pouvoir par la suite beugler et déconner avec eux aux concerts.
Il est vrai qu'entre odes aux vapeurs éthyliques sur "Le Roi d'la Picole" dont la ligne rappelle de loin le thème de 'Mission Impossible', et avec ses inoubliables « j'suis comme dans un cocon gorgé de houblon, loin d'tous ces cons qui convoitent mon gorgeon » (vous comprendrez mieux maintenant pourquoi j'ai eu tellement de mal avec New Assholes, en comparaison...) - s'achevant notamment sur un «à boire!» scandé hautement contagieux - ou bien encore si l'on parle de ce "Macho Disco" grinçant de cynisme et de moquerie jubilatoire (une histoire de blaireaux/playboys du dimanche qui à force de se faire chier décident d'aller draguer en boîte mais ne finissent que par y serrer des 'travelos', le tout sur fond de 'Boney M' revisité façon 'vlöbeurghhh'!), il y a évidemment de quoi faire !! Le cocktail frivole 'alcool/cul & caca-prout' des Barges (ou bien "trou/bite/poils" si on voulait en faire tout un concept) allait immanquablement porter ses fruits.

Pour autant, cela n'empêche pas le groupe de se faire plus sérieux cinq minutes, au détours de titres à la musique souvent radicalement plus connotée 'hardcore' ou 'grind', et dans lesquels la dénonciation se fait plus virulente et frontale envers une société  de consommateurs abrutis par le travail, la perspective des vacances (!), le foot, la télé, et trouvant encore le moyen  de se comporter comme de braves toutous dociles (vision parfaitement résumée sur le titre "Les Mange Merde" de la deuxième démo...). Le ton se noircit encore davantage sur "Prière", titre bien plus long, lent et saccadé que la moyenne (cf notamment le 'chant' lancinant de Paskiss), et aux tonalités carrément 'doom' à vous glacer le sang (les Troyens rappelleraient ponctuellement à notre bon souvenir qu'ils sont également de grands fans de Reverend Bizarre et autres joyeux drilles...), se parant volontiers de black occulte dans les 'lyrics', là où son faux-jumeau stylistique et voisin-de-démo "Sublimental" viendrait quant à lui dépeindre une société futuriste totalement 'sous influence', certes fictive et dystopique mais pas forcément irréaliste pour autant, malheureusement pour nous... (ou « bien fait pour nos gueules », diraient les 'Barges' !) 
A noter que Diary... inclue la toute première reprise (d'une longue série !) enregistrée par le groupe, en l'occurrence le "Ausgebombt" de Sodom, dans une version sans guitare donc, mais très fidèle ... si ce n'est l'accent anglais très « franchouillard » de Paskiss ! (l'allemand serait peut-être mieux passé, héhé) ... Bref, si la prod' de ces deux démos dessert un peu l'ensemble, par ailleurs bien trop court, cet amuse-gueule donne déjà à la fois très faim et un bon avant-goût de la suite !

6/10

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Putain d'Métal (2004) ...


Autant dire que le premier vrai album serait accueilli avec beaucoup de surprise l'année suivante (certains s'attendaient peut-être à une succession de 'démos' captées à la va-vite) ... et rabattrait bien des caquets ! Cette fois enregistré dans de vraies conditions de studio et avec un mixage enfin digne de ce nom (comme quoi tout arrive, et ce n'est que le début...), Putain d'Métal, c'est son nom, allait asseoir tout le potentiel "tubesque" de Zebarges (pas au sens 'FM' ou 'commercial', vous m'aurez compris...). C'est bien simple, il n'y a que des hymnes sur ce disque (même si les deux titres de fin sentent plus l'impro 'loufoque' qu'autre chose, précédés d'une reprise relativement dispensable du "John Wayne was a Nazi" des keupons Texans de MDC...), d'une longueur enfin idéale et tout à fait appropriée de 12 titres pour ... 26 minutes de musique ! Mais croyez-moi, ça suffit amplement et vous n'aurez qu'une envie après, ce sera à coup sûr de vous le repasser en boucle directement !! 

Le groupe se fait plus précis dans ses cibles de prédilection et dans ses thèmes favoris qu'il approfondit allègrement, alors autant vous dire que nos acolytes se sont fait plaisir et que les jeux de mots fusent de toute part ! D'histoires salaces mêlant sexe & religion sur la paillarde et sensuelle "Soeur Agnès de Saint Phallus" (ce couvent où « il s'en passe de belles, même les pucelles y sont plus d'l'anus » et où « les godemichets remplacent les chapelets : vibre, ô ma soeur, l'extase du Seigneuuuuuuaâârrr » !), en petits taillages en règle des gonzes s'abrutissant devant le petit écran ("Spectateur Télécommandé", dans lequel Paskiss prend des intonations débilitantes bien à propos !) ou encore sur le châssis de leurs tires 'customisées' ("King Tuning", avec ses klaxons horripilants et son générique d'Eurovision joué à la basse pour couronner le 'kitsch' !), sans oublier le traditionnel morceau 'doomy/occulte' qui vient "aérer" le milieu de l'album (enfin, sur un "Portes du Paradis" disons plus étouffant qu'autre chose avec ses voix doublées d'outre-tombe), succédant à l'inévitable titre 'pipi-caca' de l'album, sobrement intitulé "Vorasso Gogues (le chieur en série)" et ponctué du doux refrain « Attila de la chiasse, on m'suit à la trace, dans l'cul la balayette pour la propreté des toilettes !!! ». Vous comprendrez maintenant pourquoi il a fallu aérer !

 


Zebarges prend également position (pas assise, cette fois...) sur des sujets déjà autrement plus sensibles, en témoigne l'hymne anti-militariste et anti-patriotisme "Pour le Drapeau", au titre encore une fois bien trompeur et qui ferait blêmir plus d'un natio (« j'pisse sur la République, les enjeux politiques, la Constitution, la souveraineté d'la nation ! La marque des coups, BLEU,  le vin pour tenir le coup, BLANC, mon sang dans la boue, ROUGE, bleu-blanc-rouge, beuuuaârk!! »).

L'album rend hommage - vous l'aurez compris - à notre musique bien-aimée jusque dans son titre, sans compter les nombreuses icônes légendaires ornant la pochette et sa quatrième de couverture, mais pas seulement ! ... Le morceau "Putain d'Métal" éponyme  ouvre ainsi les hostilités sur l'intro du "For Whom the Bell Tolls" de Metallica jouée sur deux basses, avant de se poursuivre en ode à toute cette scène et à ses fans dévoués, que Paskiss rassemble sous la même bannière : « communauté d'esprit pour individus en quête d'absolu, sans l'crucifix »... Snif, on en verserait presque une petite larme fraternelle... Plus loin,  le groupe nous gratifie d'une fidèle reprise du "Detroit Rock City" de Kiss (même sans les guitares, la basse se chargeant de taper les solos, annoncés d'ailleurs en grandes pompes par le chanteur !), en remplaçant simplement les paroles d'origine par une histoire bien tordante et tout à fait plausible dans laquelle un gamin préfèrerait aller à un concert de Gene Simmons & co plutôt que de se retrouver avec sa famille sur la route bouchonnée des vacances (Paskiss ne portant décidément guère les vacanciers-moutons dans son coeur, on le vérifierait encore à maintes reprises par la suite...).
On note que la basse, toujours aussi véloce, a largement étoffé son champ d'expression, AC/JC n'hésitant plus désormais à broder autour des lignes principales pour partir par instants dans de véritables mini-solos (cette "Sainte-Agnès" ferait même bander plus d'un bluesman, en fait !) qui font pourtant office d'assise rythmique dans l'accompagnement... Une performance ! Mais le plus grand coup d'éclat de Zebarges à ce stade réside peut-être dans cette "Chanson d'amour (ou presque)"... «Ou presque» puisqu'il s'agit en fait d'un éloge du sexe en solo (« depuis qu't'es partie, j'ai toujours envie », les 'barges' savent quand même rajouter la petite touche de tragique et une morale à l'histoire quand il le faut...). Hymne à l'amour, donc, que ce «J'me braaâaanle» fièrement entonné que le groupe ne manquera pas de faire reprendre à pleins poumons par la foule lors de ses concerts (parmi laquelle campe toujours  une bonne dizaine de pères de famille bien rangés, et qui redeviennent alors pour l'occasion de bons gros pervers la bave aux lèvres!), culminant pour son final sur un passage où basse et voix s'emportent, et l'auditeur avec, dans une apothéose orgasmique, sur un thème tragi-comique entraînant et d'ailleurs pas si éloigné que ça de "L'Empereur Tomato-Ketchup" des Bérus... Ou quand l'onanisme devient fête en place publique !! 

8/10

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zebarges, too big for love, album

Too Big for Love (2007) ...

Après une telle consécration, il faudra un peu de temps au groupe pour franchir la prochaine grosse étape, celle du deuxième album. Zebarges ne reste pas inactif pour autant et multiplie les concerts et autres participations à des 'splits', aux côtés de groupes tout aussi singuliers que lui, notamment par le biais du mythique et inénarrable label D.U.K.E Productions, lequel a offert au titre "Le Roi d'la Picole" - issu de la première démo - la meilleure deuxième jeunesse qui soit  : sous forme de BO d'accompagnement d'une séquence "porn/alcoolique" dans un film de boules 'underground' ! Le groupe souhaite élargir encore son champ d'expression et 'teste' en concert un batteur surnommé "Poils", avant de revenir à la formule en duo qui semble être la seule à pouvoir leur convenir. Mais ils n'ont pas dit leur dernier mot ! Et toutes ces expérimentations et ces vélléités de diversification allaient se ressentir sur l'opus à venir...

Too Big for Love (et sa pochette clin d'oeil à Mötley Crüe sous forme de gag graphique en deux séquences...) est un peu l'album de la rupture. Chargé au ras de la gueule (21 titres pour près de 40 minutes de musique ininterrompue), avec tout ce que cela comporte en renforts de bruitages et autres dialogues samplés (les maîtres Coluche et Desproges en tête !) qui prennent de plus en plus de place sur leurs disques : l'ensemble pourra ainsi sembler indigeste à beaucoup, surtout à s'enquiller en une seule écoute. L'ironie de la chose est qu'il renferme pourtant les titres les plus travaillés de Zebarges à ce jour. Mis en boîte aux studios PNF de Fred Rochette (Fifty One's), il dispose également d'une meilleure prod', notamment au niveau du rendu des voix et de la boîte à rythmes, sans compter un AC/JC qui se lâche littéralement sur ses parties de basse, de plus en plus inventives et échevelées (avec une percée notables d'influences plus modernes et dissonantes de la scène bruyante et chaotique des Dillinger Escape Plan et consorts). Mais il compte également son lot de titres plus anecdotiques qu'à l'ordinaire : une nouvelle version - moins percutante que la première - de leur tube "Macho Disco", "Un vrai métier" (comprendre : 'clodo alcoolo'...) même si l'idée de départ était prometteuse, ou bien "Une dernière quoi ?" (la réponse est 'bière' si vous voulez tout savoir, mais le mot est tellement répétée dans la chanson que le titre était en effet tout trouvé !). Dommage, car la plume toujours aussi brillante et acérée de Pascal ne cesse dans le même temps de se peaufiner elle aussi ("Autoportrait") ...


C'est en fait un disque assez 'schizo', qui alterne les moments les plus 'légers', pour ainsi dire (était-il vraiment utile de rendre hommage à cette vieille tradition hypocrite bien de chez nous et aujourd'hui plus récupérée et 'branchouille' qu'autre chose - l'infâme 'Beaujolais Nouveau' - sur ce "Vivement Novembre" à la limite du publicitaire?!), le "scato" cette fois bien à l'honneur (colique victorieuse sur "L'Toubib m'a dit", reprise au ralenti de la "P'tite pluie dorée" du précédent album et ce "Transit Intestinal Blues" qui a au moins eu le mérite de voir les 'barges' s'essayer à ce registre avec brio!), avec ceux dont la noirceur est au contraire à son paroxysme, via trois morceaux parmi les plus frissonnants qui soient : l'excellent "Rédemption" (cousin de "Prière" avec son riff tout aussi inquiétant et une tonalité de couplets un peu à la "De Mysteriis..." de Mayhem avant de partir dans des parties plus post-hardcore), un "Misanthrope Ultime" sans appel où par intégrité le suicidaire abhorrant l'humanité tout entière en finit enfin avec lui-même (un petit message en direction de Shining ou de Forgotten Tomb peut-être ?!...), et enfin "The Splendour of Betrayer's Death", reprise contractée de deux morceaux du groupe de black Aubois Sahar (qui de son côté reprendrait "Prière" en vue d'un split LP qui ne verra hélas jamais le jour...), agrémentée sur son final plus 'Vlöbeuurghien' de petits «be-bop-a-lula» du plus bel effet (une manière pour Paskiss de nous dire que l'anglais et lui, heuu?!...), histoire peut-être aussi de dédramatiser un peu l'ensemble (rappelons ici que l'opus s'ouvre sur un "Fait divers en été" lui aussi assez impitoyable dans la progression inexorable de l'histoire contée, vers le meurtre collectif et le suicide conquérant).

A l'inverse, même les séquences les plus innocentes en apparence ("Bucolique Valse" et son clip hilarant) se parent d'un arrière-goût de malsain si l'on creuse un peu. Le ton de Pascal se teinte alors étrangement d'amertume, sur ce texte pourtant humoristique dans lequel la Noiraude (célèbre vache télévisée de l'enfance des quadras...) téléphone comme à l'accoutumée à son célèbre psy, mais cette fois-ci pour cracher son dégoût de la race humaine dans son ensemble et de ses travers non moins bovins (sentiment que semble ainsi partager Paskiss, si on lit entre ses lignes...). Là s'arrête ainsi définitivement le parallèle que certains petits malins à côté de la plaque auraient pu encore établir à ce stade avec des groupes plus foncièrement "parodiques" tels Ultra Vomit ou Gronibard, sans parler des futurs Andreas et Nicolas... Il ne s'agit pas avec les 'barges' de redevenir des gamins et de faire vibrer l'auditoire sur la fibre de l'innocence et de la nostalgie... Que nenni !! Ici, même la figure de Bugs Bunny qui vient faire une furtive apparition se fait directement rembarrer, comme si le but était davantage de piétiner les idéaux et illusions de l'inconscient collectif, avec cette fois la froide et cynique lucidité du regard adulte résigné (poil au nez !).
D'ailleurs, même ceux qui auraient voulu pouvoir encore étiqueter - voire 'récupérer' à leur compte - la dimension frondeuse et revendicatrice du groupe allaient en être aussi pour leurs frais ! Les Zebarges ne sont pas une formation "engagée" au sens où l'entend généralement la masse (à tous ceux-là, nos Troyens auraient plutôt une étiquette "dégagez!" à leur retourner à la tronche, en même temps qu'une floppée de majeurs tendus type «bougez pas, il y en aura pour tout le monde»...). Et c'est bien à partir de ce disque qu'ils allaient le faire savoir, des fois que certains oseraient s'y risquer encore ...

 

paskiss 51, pascal from zebarges, rehersal

Ains, c'est le morceau "Fafanarcho vs anarfacho (même combat)" - au titre on ne peut plus explicite et sans équivoque - qui s'impose comme un des sommets de virulence 'punk' du disque, renvoyant dos à dos les extrémistes de gauche comme de droite sur leurs méthodes, leur dogmatisme et leurs contradictions... Avec le renfort inattendu d'une guitare électrique pour JC !!! Et il fallait bien ça pour marquer le 'coup'... Il faut dire qu'on le sentait venir celui-là, après la première invective en guise d'avertissement sur le titre "Putain d'Métal" du précédent album : « le hardcore qu'est pourtant fort, mais question mentalité ça sent l'fumier !! »... Il est certain que les Zebarges ont dû côtoyer leur lot de salopards chez les 'donneuses de leçons' politisées telles qu'il en fourmille chez les radicaux de cette scène pas toujours aussi ouverte, quoi qu'on en dise, que le métal au sens large - moins sectaire et qui aurait davantage vocation à l'universalisme, faisant appel à la métaphore et au bon sens, ou à défaut au renforcement individuel des personnes avant de daigner penser à la collectivité. Un appel peut-être à balayer devant sa porte avant de bien vouloir la ramener...
Le gros changement initié sur ce disque (une vraie révolution pour les 'barges' !) est donc l'apparition de la guitare sur deux titres (bien 'rock n' roll' et électrisée comme il se doit sur l'hymne "anti-fa"/"anti-antifa" précité...). Mais c'est bel et bien le versant acoustique qui se révèlerait le plus surprenant et le plus réussi, conduisant d'ailleurs le groupe à réitérer l'expérience par la suite. Avec "La police des rêves", texte brillant et inventif où même les rêves sont 'fliqués' par notre subconscient, Pascal révèle ainsi une facette insoupçonnée de son répertoire (des faux airs de Brassens...), sur une fort belle instru de JC à la gratte sèche. Enfin, le groupe n'allait pas non plus laisser passer la mort du Pape de l'époque (en attendant l'hommage à sa canonisation aujourd'hui !) sans nous livrer une superbe reprise surboostée du "Bob Pap Labidou" (« Jean-Paul II, Jean-Paul II, Jean-Paul de mes deux ! ») des Collabos - groupe punk/oï français des 80's -, ainsi que "La véritable histoire de Jésus Cultosaure", relecture toute personnelle des origines du christianisme et prétexte en concert à des farandoles spontanées non moins enjouées ! Sans oublier également de déterrer un autre titre assez ancien, "Fils de Pub" (sur lequel nos Troyens continuent leur croisade anti-TV, tout en vouant un culte tout particulier à la défunte émission 'Culture Pub'...), qu'on connaissait seulement en tant que bonus-track 'live' sur la démo Diary of a Bargeman, ainsi qu'un nouvel hymne des plus efficaces (comme ils commençaient à se faire un peu rares sur cet album...) sur un thème cher au coeur de Paskiss : "Les vacances à la mer : non merci" !

6,5/10
 

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zebarges, stay barges or die, album 2011

Stay Barges or die (2011) ...


Quatre années plus tard (lesquelles ont été consacrées comme à l'accoutumée aux splits récréatifs et aux concerts quand ils se présentaient), voilà nos 'barges' de retour avec un album au titre aux allures de véritable profession de foi (et également clin d'oeil au Speak English or Die de S.O.D., sauf que l'entonnoir a ici remplacé le casque de combat sur le crâne de Pascal dans la peau du Sargent D. !). Comment les Troyens allaient-ils gérer le cap du troisième album et surtout parvenir à se renouveler encore ?

C'est bien simple, ayant montré tous ses visages possibles sur un Too big for love un brin surproduit (même si j'ai bien conscience de l'aspect un brin surréaliste d'employer ce mot pour un disque de Zebarges!), et ne pouvant plus aller au-delà sans risquer à la longue de lasser, le groupe revient à des standards un peu plus raisonnables : 36 minutes de musique, mais cette fois pour seulement 15 titres, ce qui porte la moyenne des titres à près de 2 minutes et demi (« garçon, un autre ! »), bref une prouesse historique !!... Une poignée de morceaux-clé qui prennent donc le temps de laisser s'installer l'esprit qui leur est propre, une certaine atmosphère, et même quelques émotions bien senties !
Car en effet, si jamais on n'a pu douter de l'intégrité de nos deux gaillards du pays des bulles, l'on aurait pu penser à la longue que ces derniers se planquaient peut-être derrière leur tartine de fiel et leur côté déconne pour ne pas laisser entrevoir au fond leur vraie personnalité. Et si les textes de Pascal ont toujours eu une part de véracité et d'autobiographie, cachées derrière une grande part de dérision et de fiction, jamais ils n'auront été aussi personnels qu'aujourd'hui... Sous forme parfois de 'témoignage-confession', brisant le mythe si besoin en était (de "Gueule cassée" où Paskiss  brosse de lui-même un portrait d'écorché vif au vitriol, jusqu'au bouillonnant "Testament" qui le voit méditer sur sa propre mortalité et le legs qu'il laissera notamment à l'occasion de ses funérailles, en passant par "Zebarges II (le début de la fin du retour)" où les gaillards nous dévoilent l'envers du décor que constitue le quotidien du groupe), ils voient aussi le chanteur/parolier relater les affres et les douces joies de la paternité le temps d'un tordant "Promets-moi Nina" (assez proche dans le texte de l'esprit d'un Renaud...), où il en vient à espérer que sa fille lui ramènera « un p'tit thrash métalleux et pas un p'tit merdeux » (notamment parce qu'il en a « [sa] claque que [ses] frangins écoutent du rap » !), enchaîné au poignant "Partager quelques bières avec toi" dans lequel il s'adresse directement à son fils, lui faisant part de son parcours chaotique avec comme seule leçon à en tirer : « le tourment et la fierté qu'impose la liberté » (et croyez-moi, on sent bien tout le vécu derrière ça !) . Un autre grand moment de ce disque reste "La java triste mais jolie quand même", qui ravive à la fois Brassens, Brel et le chanteur belge Arno (pas Strobl, hein...), le temps d'une chouette compo sur la vie, l'amitié et débordante de sincérité, la guitare sèche de nouveau de sortie, le type-même que l'on se chanterait entre potes autour d'un feu, d'un barbec' et de quelques 48 canettes de bière au bas mot.
 


 

Mais le groupe n'en devient pas gâteux et ramolli pour autant, et en a toujours sous le coude ainsi que du monde dans le nez ! Il faut dire qu'ils ont entre-temps eu affaire à des énergumènes 'dernière génération' des plus gratinés, que ce soit les "Traîtres et menteurs" qui les ont « poignardés dans l'dos comme des salauds » (comprendre : répandu à leur sujet un lit de conneries sur Internet, alors qu'il s'agissait de personnes de leurs connaissances ou même ayant joué avec eux !) et qu'ils invitent ainsi à venir régler leurs comptes à la loyale et non planqués derrière l'anonymat de leur écran de PC (le sort qui les attend sera alors sûrement à la hauteur du death/doom menaçant venant clôturer le morceau...), ou bien qu'il s'agisse des petits cons "à pics" et autres "gothopouffes" qui viennent danser et s'amuser comme des petits fous sur des musiques extrêmes, gâchant ainsi l'esprit des concerts en s'exhibant dans leurs accoutrements de carnaval, et gare aux pleurs s'ils viennent à tomber dans un pogo trop violent (bref, tous ces 'poseurs' de pacotille que Zebarges réunit donc sous la même bannière "Samba 666" - une jolie trouvaille, au passage !).
Ce disque est à ce point personnel que les sujets plus « sociétaux » sont finalement aux abonnés absents, réduits à leur plus simple expression sur un expéditif "Bienvenue en France" mi-thrash/mi-grind... En revanche, le groupe s'est trouvé une nouvelle cible, toujours chez les "poseurs" : les black-métalleux de 'folklore', qui adoptent telle apparence et tel comportement pour se donner un semblant de personnalité autrement inexistante ! C'est à tous ceux-là que Zebarges dédie "Heureux comme un funeral black métalleux" où, reprenant les sonorités enjouées de "Samba 666" (percussions exotiques et autres sifflets sont au programme !), Pascal - fan de métal extrême dans l'éternel - revendique aimer être assis à la terrasse d'un café ensoleillé en sirotant un bon demi bien frais et en matant les nénettes de passage, tout en écoutant au walkman le 'black' le plus funèbre qui soit, « fier de ne pas être un poseur qui veut paraître un corbac mal à l'aise, une tapette Finlandaise » ou encore une « omelette norvégienne ou suédoise qui va se taillader les veines » ! Quand on vous dit que l'intégrité et l'authenticité de nos 'barges', tout autant que leur humour, ne seront jamais à remettre en question...

 

AC/JC, jc zebarges, rehearsal guitare

La sincérité est donc la clé de voûte de ce disque, et cela se ressent également dans la production, bien plus 'chaude' aujourd'hui au niveau du son de basse, dont on ressent désormais bien le souffle des lampes, ainsi que de l'habillage sonore de la nouvelle boîte à rythmes, un brin plus 'industrielle' mais également plus percutante. Plus encore, c'est l'enregistrement tout entier qui donne l'impression - encore plus présente qu'auparavant - que les deux gaillards ont mis en boîte leurs parties en une ou deux prises et dans des conditions plus 'live' et détendues qu'autre chose. Et ce n'est pas ce "Barbarella's Desire" (reprise semi-acoustique du "Orgasmatron" de Motörhead, aux allures de grand 'western', toutes cowbells dehors !), sur lequel Paskiss ne cesse d'interrompre son charabia en "franglais" approximatif pour y aller de son petit commentaire à l'adresse de l'auditeur, qui va venir me contredire ! Même si les petites faussetés et imprécisions métriques qu'on leur connaît habituellement en concert sont aujourd'hui plus prononcées sur ce disque (petits soucis de placements de basse ou de voix de-ci, de-là...), elles contrebalancent complètement le côté un brin poussif et surchargé de Too Big for Love et apportent encore une fois une touche autrement plus authentique et obsédante à ce Stay barges or die !!! ...

Musicalement, AC/JC ne pouvant guère aller plus loin que les plans sinueux et alambiqués du précédent album, revient à ses fondamentaux, et à un jeu plus 'rock n' woll' et davantage basé sur les riffs, dans lequel une influence plus foncièrement "metal" refait donc également surface (cf "Gueule cassée" et son jeu en palm-mute...). Toutefois, le musicien, qui vient tout juste de faire une formation de guitare sur Paris afin de pouvoir plus facilement exprimer ses idées créatives, n'en oublie pas pour autant son goût pour l'expérimentation technique et celui de varier les plaisirs, dégaînant ainsi le 'tapping' sur "Promets-moi Nina", le 'bottleneck' Southern/stoner sur "Les Fils de la Bière" (enfin le retour des titres 'éthyliques' inspirés!) ou "Gueule Cassée" toujours, les arpèges à-la-Manowar-mais-en-mieux sur "Zebarges II (le début de la fin du retour)" (d'habitude, il en fait plutôt sur les titres les plus sombres...) et la pédale de 'flanger' sur "Le Lumineux Silence de l'indifférence"...
Alors, ma foi tant pis pour les bien plus dispensables "Merci de Patienter quelques Instants" (l'idée de départ - les interminables musiques d'attente téléphoniques - était pourtant bonne...) et le "Stay Barges or Die !!!" éponyme, un brin précipité... Remarquez, sur le précédent skeud', le morceau-titre n'était rien d'autre qu'une impro, c'est vous dire l'intérêt que porte Zebarges à cette tradition et à l'exercice en général... Un comble peut-être, mais au final on aurait envie de dire qu'on s'en fout pas mal vu le niveau et le caractère vicieusement insidieux du reste ! Stay baaaaaaaarges !!!

7,5/10

 


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zebarges, dirty rotten killers, album 2014

Dirty Rotten Killers (2014) ...

On en vient maintenant à la sortie du moment... Zebarges a opéré ici comme une sorte de retour aux sources, sans non plus pour autant amorcer un virage à 180°, on se doute bien ! Disons que ce disque entérine bien le retour à l'esprit "métal" que l'on devinait réamorcé sur Stay Barges... (qui nous renvoie directement à leur premier, Putain d'Métal, et sa prédominance du 'riff' !), tout en conservant la chaleur, la proximité et l'authenticité de la précédente galette. Les textes ne se font plus aussi intimistes mais reviennent eux aussi à l'esprit des débuts du groupe : ainsi, "Les Bâtard Bourrés", hommage à une certaine frange de leurs fans, est un digne successeur du titre "Putain d'Métal", quand "Les Gros Beaufs" s'inscrit dans la même lignée qu'un bon vieux "Les Mange-Merde" issue de la deuxième démo, que "Anti" joint de nouveau la parole au doigt d'honneur et que "Rot n' Roll" se pose en propre hommage à eux-même ! On sent vraiment encore une fois la volonté chez les 'Barges' de conserver les derniers acquis en matière de morceaux travaillés et aboutis (cf les contrastes au sein-même de chaque titre...), tout en revenant à une formule plus épurée.

L'entame du disque nous replonge vraiment dans les tonalités 'heavy' et réveille même les influences 'thrash' chères au groupe (Slayer et le 'crossover' de S.O.D. en tête !) : les 'tchouka-tchouka' sont donc de la partie sur le final d'"Antechrist" (curieux morceau qui débute limite 'bluesy' avec un Pascal allumé et hypnotique façon Bashung qui aurait bouffé Gogol 1er !), quand "La Nuit du Thrasher" y va de son  petit clin d'oeil à "Raining Blood" et que "La Marche des Zombies" renvoie plutôt sur sa deuxième moitié au Slayer plus lourd de "South of Heaven", "Seasons in the Abyss" ou de l'intro de "Hell Awaits"... La basse saturée de JC a conservé toute sa chaleur depuis le dernier album, mais cette nouvelle orientation réaffirmée de l'écriture lui confère plus que jamais une résonance 'Manowarienne'... La boîte à rythmes a quant à elle subi encore un nouveau traitement et n'a jamais paru aussi proche d'une vraie batterie dans ses sonorités (c'est particulièrement frappant sur les deux caisses et les cymbales...). Si la production s'en ressent et perd hélas un peu en clarté, jamais elle n'aura eu autant d'impact ! Puisqu'on vous parlait des voix, notez que Pascal retrouve un peu de sa verve 'extrême', comprenez par là qu'on retrouve moins de titres rapides vraiment « chantés », et que la partie lente de "La Marche des Zombies" introduit notamment de chouettes growls gutturaux 'death' obtenus via de judicieux effets de 'pitch' sur la voix. Effet garanti !

 

Zebarges, live, booklet, photo livret, dirty rotten killers, 2014

La suite est plus 'rock n' roll' et détendue... Ambiance limite 'défonce et feu de camp' sur un "Cognac et Cigare" acoustique et épicurien aux relents de Thiéfaine (mais n'allez pas pour autant leur parler de 'hippies', quoique JC a toujours une bonne vanne ou deux sur eux en réserve !...). "Me, myself and my microphone", prestation narcissique de Paskiss seulement accompagné de la boîte à rythmes, à priori bancale sur le papier, se révèle une franche réussite de pur délire égocentrique, et introduit une "Chanson sans paroles" tout aussi déjantée, qui arrive à faire un hymne d'un morceau qui se targue de ne parler de rien si ce n'est du fait de ne pas avoir de texte ni même besoin d'en avoir ! Suit une chouette reprise du "I Can't Hardly Stand It" des Cramps - écrite à la base par Charlie Feather (votre serviteur avait cru au départ à du Johnny Cash...), où JC nous sort le banjo quand Pascal adopte, lui, des tonalités de vieux 'crooner' destroy ou bien carrément proches du Gainsbourg dernière époque (cf son dernier Zénith) ! Comme on le voit, si Zebarges retrouve un peu de sa verve et de sa fougue initiale, il renoue également avec une bonne dose de dérision loufoque et de clins d'oeil explicites vers ses influences : en témoigne ce curieux "J'enrage" dans lequel JC recycle quelques célèbres riffs venus d'ailleurs (on reconnaît notamment "War Pigs" de Black Sabbath ou encore "Tonight I'm Gonna Rock You Tonight " de Spinal Tap...). Une dimension parfois un peu plus « parodique », donc, et peut-être trop 'légère' dans laquelle le groupe devra tâcher de ne pas trop s'empêtrer...

Un versant plus visuel et « cinématographique » aussi... Quand ce n'est pas carrément le petit écran qui fait son grand retour sur les disques de Zebarges ! Et les images défilent alors : après Pierre Richard sur le précédent album, c'est désormais au dialogue de la célèbre « scène de la cuite » des 'Tontons Flingueurs' du regretté Lautner que l'on a droit en ouverture du disque ! Un autre extrait de ce film-culte ressurgira en intro de "T Haine T", titre désopilant avec un excellent 'swing' dans lequel Pascal parle plus qu'il ne chante (rappelant un peu les couplets du "Père Noël Noir" et de "J'ai raté Télé-Foot" par Renaud...), se foutant de la gueule de la « révolution TNT » - qui se réduit en définitive à des rediffusions de vieilles séries ringardes - pendant que JC se lance dans une reprise ébouriffante  de 'Hawai Police d'Etat' !!! On ne le dira jamais assez : « Boyco-T la T-Haine-T !!! » ... Nous ne reviendrons pas sur "La Marche des Zombies", qui prend vraiment le temps sur sa seconde moitié de laisser s'instaurer une ambiance apocalyptique illustrant bien la démarche chancelante de morts-vivants, mais nous arrêterons sur un autre film-culte, la saga "Fantomas" et son fameux thème musical auquel JC rend un bref hommage en clôture du CD. Entre-temps, ce sont des extraits des 'Vieux de la Vieille' (d'après René Fallet) et des 'Valseuses' de Blier qui feront irruption, preuve encore une fois si besoin en était que nous avons affaire à des hommes de goût... A tel point que le "Vlöbeurghhh" primal par lequel tout commença se voit enfin aujourd'hui immortalisé sur une piste de 7 secondes à son nom ! La boucle est bouclée...
Mais je ne pouvais pas achever cette rétrospective sans vous toucher un mot sur leur reprise appelée à devenir culte du célèbre "Still Loving You" de Scorpions : appelée également à déclencher les foudres des puristes qui crieront au blasphème, cette relecture baptisée pour l'occasion "Still Fucking You" est en quelque sorte le summum de la chanson de cul, tout autant que l'originale était celui de la chanson d'amour (ou presque... ah non, pardon !). Attention : sans sacrifier pour autant la poésie, hein, bien au contraire ! (même si dans le texte, il est plutôt question de "prose", ahem... Bon, bref !!)...  Il est temps je crois de rendre l'antenne...

7/10

Ainsi se termine donc notre grande saga Zebarges... Gageons que les quelques téméraires qui seront parvenus au bout de cette lecture-fleuve digne des meilleurs Barbara Cartland (pouaâarrh... Vlöbeuuuurghhh, même !!!) auront, j'ose espérer, une furieuse envie de se plonger dans la discographie de ce groupe hors-normes. Les autres, plus exigeants (ou parfois moins d'ailleurs), auront déjà passé leur chemin depuis bien longtemps ! Mais c'est justement aussi ça, Zebarges, et ma foi (foi de cirrhose, ou l'inverse, je sais plus...), ce n'est pas prêt de changer et tant mieux !
 


LeBoucherSlave

Cette chronique est dédiée à Yannick. Stay And Have A Rest, honey...

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Zebarges, promo band pic

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Myspace du groupe 

(on reste 'old-school', même dans la modernité !.... 😉


Page Facebook de leur
label/distro maison

 (pour tout contact directement à la source, mieux vaut passer par là... )

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aczebarges.dk@wanadoo.fr


ortsidlatemprod@gmail.com

 

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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