Pas d’armistice pour Arch Enemy
Après une année 2013 tumultueuse pour le groupe de death mélodique Suédois, au cours de laquelle la chanteuse emblématique Angela Gossow est partie, le futur semblait incertain. Pourtant, c’est avec une énergie nouvelle et des idées fraiches qu’Arch Enemy revient sur le devant de la scène, avec un War Eternal rageur et destructeur, animé par un nouveau guitariste de choc et une chanteuse pleine de bonne volonté. Analyse d’un retour en grâce.
Arch Enemy revient de loin. La mue du groupe s’était déjà opérée en 2012, quand Christopher Amott, guitariste et compositeur important du groupe a laissé son frère Michael comme seul membre fondateur restant dans le groupe, remplacé par le guitariste de death metal moderne Nick Cordle. Si ce remplacement de musicien a fait bien moins de bruit que le départ de la bête de scène Angela Gossow, remplacée par la non moins furieuse Alissa White-Gluz, il est pourtant essentiel dans War Eternal.
En effet, ce petit nouveau apporte un pendant plus moderne que celui de Michael Amott, qui privilégie la mélodie forte dans ses interventions. On retrouve donc un groupe à l’esprit plus jeune, avec des duels de solistes des plus intéressants, comme celui du premier single "War Eternal". Complémentaires dans la composition des titres (plus de la moitié des chansons est le fruit de la collaboration entre les deux guitaristes), les deux guitaristes ont trouvé une flamme nouvelle pour animer War Eternal.
L’album est ainsi le plus sulfureux qu’Arch Enemy avait fait depuis longtemps. La rage éclate partout, lancée à tout berzingue sur "Never Forgive, Never Forget" et "No More Regrets", ou se fait plus vicieuse et sournoise sur l’inquiétante "Time Is Black". Le groupe n’oublie pas de communiquer son émotion, amère et despérée, notamment sur "You Will Know My Name", "Stolen Life" ou l’instrumental final "Not Long for this World".
Comme pour équilibrer cette rage plus présente que jamais, les Suédois ont aussi, pour la première fois de leur carrière, fait appel à un orchestre sur quatre titres (”Tempore Nihil Sanat (Prelude in F minor) ”, ”You Will Know My Name”, ”Time Is Black” et ”Avalanche”), qui permet de renforcer leur aspect mélodique sans adoucir l’odeur de soufre qui s’en dégage.
Au-dessus de ce savant mélange instrumental se dresse Alissa White-Gluz, forte malgré le fait qu’elle doive prendre la suite d’Angela Gossow, qui avait largement aidé à constituer l’identité du groupe depuis son arrivée en 2000. La Canadienne assure bien son rôle, avec un growl maîtrisé et rageur. La nouvelle se permet même d’expérimenter, en ajoutant une touche de chant clair dans ”Avalanche” ou se faisant des plus gutturales sur ”On and On”. A sa manière aussi, elle apporte une touche de modernité à l’ensemble.
Avec War Eternal, Arch Enemy se montre plus fort que jamais. Après avoir frôlé l’enlisement artistique et subi de plein fouet les troubles de changement de personnel, le groupe revient avec la rage au ventre et une sérieuse volonté de montrer qu’il n’a pas dit son dernier mot. De fait, le groupe tape du poing sur la table et se modernise un peu, sans tomber dans le putassier ni dénaturer son style. Le résultat est aussi inattendu qu’exquis.