Malgré un début de carrière explosif grâce à deux très bons albums, Mechanical Resonance et The Great Radio Controversy, Tesla n'a jamais atteint le succès qu'il méritait. Groupe de hard rock fondé en 1984 à Sacramento, Tesla se démarquait à l'époque des autres groupes grâce à son coté bluesy, et son style vestimentaire plutôt sobre. Mais contrairement à bon nombre de groupes à succès des années 80, la carrière de Tesla elle, n'aura pas été éphémère puisqu'en 2014, ils sont toujours là, toujours prêts à en découdre.
Après quelques opus plus que moyens courant 2000 et une baisse d'inspiration ne laissant place qu'à des albums de reprises, Tesla n'avait plus vraiment donné de nouvelles. 2014 signe donc le retour de la fibre créative des cinq américains, qui reviennent enfin avec du nouveau, un album intitulé Simplicity et signé chez Frontiers Records.
On ne va pas se mentir : on ne retrouvera plus la puissance et la fougue de compositions telles que « Modern Day Cowboy » ou « Little Suzi », qui figuraient sur leur premier et excellent album de 1986 ! Il serait tout de même difficile de revenir aux bases, 28 ans après, mais on peut toujours garder une once d'espoir... La voix emblématique de Jeff Keith, bluesy et éraillée, a certes bien changé depuis ses débuts, mais, à l'image du groupe, continue tout de même de nous offrir quelques bons frissons. Quant à Frank Hannon, ses parties de guitares sont égales à elles-mêmes, toujours aussi savoureuses.
Craquements de vinyle, guitares qui s'embrasent, « MP3 » ouvre la marche avec un riff bien lourd. Tesla clame sur ce premier morceau la perte des vraies valeurs, le manque de simplicité de notre époque envahie par les nouvelles technologies. La simplicité, voilà ce à quoi aspirent ces papas de la scène hard rock. Comme la plupart des groupes des années 80, la peur de prendre un coup de vieux pousse alors à opter pour une touche plus moderne. Une modernité qui, malheureusement, gomme quelque peu l'identité du Tesla d'origine, brut et énergique. Comme en témoignent les deux derniers albums du groupe, Into The Now et Forever More, qui s'éloignaient dangereusement des origines de Tesla avec une production beaucoup trop moderne. Aussi, après Reel To Reel, un double album de reprises rock'n'roll qui dévoilait déjà l'envie d'un retour aux sources, Tesla se tourne sans surprise vers la simplicité d'un rock que l'on sent sans prise de tête, et c'est plutôt bien vu.
« Ricochet » est assez classique, entrainant et nous rappelle un peu les débuts du groupe. Le refrain est énergique et porté par un riff de guitare des plus solides. « Flip side ! » a un côté clairement 70's, un peu bluesy grâce à l'usage du bottleneck et serait presque LE morceau à retenir de Simplicity. Il semblerait que l'on retrouve bien dans ces deux morceaux l'esprit authentique de Tesla.
Le groupe arbore toujours un arsenal de ballades sur ses albums, et Twisted Wires en 2011 nous confirmait déjà leur attrait particulier pour les morceaux acoustiques puisqu'il s'agissait d'un opus exclusivement composé d'anciens morceaux revisités en version acoustique. Malheureusement, il ne faut pas abuser des bonnes choses. Simplicity nous offre quelques ballades, plates, niaises et lassantes comme « Other Than Me » ou « Life's a River ». On peut se prendre au jeu, et commencer à dodeliner sa tête sur « Burnout To Fade », si l'on ne s'endort pas. On ne retrouvera donc plus la qualité de ballades comme « Love Song ». Seule « Cross My Heart » sort vraiment du lot avec son alliance de piano, guitare acoustique et électrique, faisant ressortir des sonorités plus profondes et poussiéreuses, avec un petit coté plus southern rock.
Mais ce n'est pas tout, puisqu'entre deux ballades, Jeff Keith et ses copains ont décidé de se caler de petits intermèdes un peu plus metal pour se défouler, avec « Break Of Dawn » et « Time Bomb » par exemple. De toute façon, ils font ce qu'ils veulent, et ce n'est pas désagréable, puisque c'est évidement bien fait. « Break Of Dawn » envoie tout particulièrement la sauce, tout en gardant une petite touche acoustique, puisqu'on a bien compris à ce stade de l'album qu'on ne pouvait plus y échapper. « Rise and Fall » est à l'image de son titre, les refrains sont lumineux et explosifs, et le tout retombe sur les couplets plutôt ténébreux et tourmentés grâce à la lourdeur de la partie de basse. Le morceau « Sympathy », met particulièrement bien en valeur la voix envoutante de Jeff Keith, encore une fois fermement soutenue par la basse de Brian Wheat durant les couplets.
Tesla n'en est pas à son coup d'essai et n'a désormais plus rien à prouver. Simplicity n'est pas le meilleur opus du groupe, mais a le mérite de se détacher des quelques précédents albums, assez décevants. Le Tesla des années 80 a bel et bien disparu, laissant la place à un Tesla 2.0 qui n'est visiblement pas prêt de raccrocher. Simplicity ne contient pas de tubes susceptibles d'enfin hisser Tesla au rang qu'il mérite, mais son écoute reste malgré tout des plus agréables. On retiendra surtout la performance vocale du fabuleux Jeff Keith, véritable marque de fabrique du groupe. Tesla semble enfin remis sur le droit chemin, on attend impatiemment la suite, et avec, on l'espère, un peu (beaucoup) moins de ballades.