“In our Dreams we may live forever”
Vader est de retour avec son dixième album, Tibi et Igni. Pour l’occasion, le groupe vétéran de death metal polonais a mis les petits plats dans les grands et a décidé d’aller encore plus loin que dans son album précédent. Ainsi, l’aspect épique est renforcé et on retrouve plus d’éléments orchestraux. Cependant, le groupe n’oublie pas ses racines et met toujours en avant le souffre et la puissance dans ses compos, faisant ainsi ressortir sa rage infernale.
Comment oser sans perdre son identité et mettre en avant ses qualités sans stagner ? Après 20 ans de carrière, nombre de groupes ont échoué à trouver l’équilibre pour avancer sans trahir leurs fans. Avec Tibi et Igni, Vader a réussi à trouver l’équilibre parfait en termes de direction artistique. Cet album montre un groupe qui avance, ose changer et presque expérimenter, tout en conservant ce qui fait son charme.
La base des bonnes compos de Vader reste donc la même : des riffs, des riffs, encore des riffs. En bon groupe de death metal old school avec une âme thrash, Vader n’oublie jamais l’essentiel. Les riffs sont pour la plupart inspirés, que ce soit dans la rage pure (“Go to Hell”, “Where Angels Weep”) ou le grandiloquent (“Hexenkessel”, “The Eye of the Abyss”). En plus d’apporter une base solide à ses chansons, le groupe a l’intelligence d’aller à l’essentiel et n’est jamais excessif dans ses solos ou passages plus ambiants, pour mettre toujours la puissance en avant.
Mais Vader se meut. Son évolution est progressive, mais significative. Ainsi, pour accompagner des titres typiquement death old school (“Where Angels Weep”, “Lightreaper”), le groupe tente des choses. On a ainsi un single death n’roll bien ficelé avec Triumph of Death », une structure moins évidente sur “Worms of Eden” et offre un final de toute beauté avec “The End”, à la fois épique, puissante et teinté d’une pointe d’émotion. Et Vader inventa la ballade death metal.
Pour renforcer la puissance de ces morceaux, le groupe interprète tout au poil. La section rythmique, avec James Stewart à la batterie et Tomasz "Hal" Halicki à la basse est carrée, sait accélérer de manière chaotique (“Worms of Eden") aussi bien que groover un peu (“Triumph of Death"). Côté guitares, les riff du leader Piotr "Peter" Wiwczarek sont toujours aussi carrés, et le maître s’autorise même des duels de solos épiques avec Marek "Spider" PajÄ…k, dans des interventions concises, mais variées, allant du très mélodique ("Hexenkessel") à la rage pure ("Armada on Fire"). La production aux petits oignons permet de mettre tout cet enfer en ordre et laisse assez de place à chacun pour s’exprimer, sans saturer.
Côté chant, on retrouve toujours le phrasé typique de Peter, qui colle parfaitement aux compos et qui arrive toujours à s’accélérer sans prévenir. Son timbre est toujours aussi reconnaissable, rageur et vindicatif. Le patron arrive cependant à faire varier les plaisirs, avec un passage narratif bien senti sur "Hexenkessel", et même un discours en voix claire sur "The End".
Tibi et Igni montre à nouveau un Vader qui atteint l’excellence. Si deux titres sont en dessous de l’ensemble ("Armada on Fire" et "Abandon all Hope"), aucun déchet n’est à signaler. Vader avance, lentement, mais sûrement, au courant des tendances orchestrales du moment (un peu comme leurs compatriotes de Behemoth), mais garde son identité et son envie de déverser son souffre sur les tympans de ses fans. Et un groupe qui garde sa rage et son envie après plus de 20 ans de carrière, ça force le respect.