Red Dragon Cartel : un nouveau départ
A l'occasion de son dernier passage en région parisienne, le groupe Red Dragon Cartel, mené par Jake E. Lee (ex-Ozzy Osbourne, ex-Badlands) a donné une conférence de presse improvisée pour évoquer la formation du groupe, la teneur des chansons et revenir sur la riche carrière du leader. Morceaux choisis d'une conférence donnée dans une ambiance décontractée et chaleureuse.
Comment avez-vous décidé de faire un groupe à part entière ?
Jake E. Lee : J’ai fait beaucoup d’albums tribute avant cela, c’était surtout pour payer mes factures, rien de bien sérieux. Quand Ronnie Mancuso et Kevin Churko m’ont approché pour faire un groupe, c’était assez relax, je devais écrire des chansons, aller en studio pour voir ce que ça donnait et aviser. Il n’y avait aucune obligation, ce qui me va bien. La première chanson que j’avais fini d’écrire était Feeder et on essayait de trouver quel chanteur irait le mieux. On a trouvé Robin Zander (Cheap Trick), qui a posé sa voix dessus et ça sonnait vraiment bien, du coup, j’ai décidé de faire un album. Comme ce n’était pas encore vraiment un groupe, on s’est dit qu’on trouverait un chanteur différent pour chaque chanson. C’était amusant à faire, on a employé cette méthode pour quelques-unes, puis on s’est rendu compte que l’étape suivante serait de faire une tournée et que ce serait très difficile à faire avec juste des chanteurs invités. C’est là qu’on a décidé de faire des auditions pour trouver un chanteur permanent. Darren James Smith et Jonas Fairley ont auditionné pour être chanteur, le premier a fini à ce poste et l’autre a fini batteur, même si c’est un bon chanteur à sa manière. Et Darren est un bon batteur à sa manière ! [rires]
Que faisais-tu pendant tout ce temps où on a peu entendu parler de toi, avant de créer Red Dragon Cartel ?
Jake : Je n’ai pas fait grand-chose. J’ai regardé la télé, joué avec mon chat… Je n’ai pas arrêté d’écrire de la musique, j’ai pu continuer à travailler dessus avec mon ordinateur. Je ne cherche pas à ce qu’on me remarque, je n’aime pas être le centre de l’attention. J’ai une vie assez calme, je sors de temps en temps avec des amis, mais en dehors de ça on ne me voit pas beaucoup.
Ronnie Mancuso : Et il a écrit plein de bonne musique, il a amené avec lui tout un tas de disques durs quand il est entré en studio. Il a eu le temps de créer plein de bons trucs qui ont servi de base à notre album. Il y a encore de quoi écrire trois ou quatre albums avec tout ce qu’il a !
Jake : En plus, comme je n’étais pas trop remarqué, j’ai pu rechercher ce qu’on disait sur moi sur internet. Apparemment, on m’a vu fumer du crack dans une allée ou dans un caniveau avec une bouteille à la main… Il y a plein de rumeurs sur toi quand personne ne sait rien de ce que tu fais… Quelques-unes d’entre elles sont fausses… [rires]
Concernant le futur de Red Dragon Cartel, comptez-vous répéter la formule avec Darren au chant plus quelques invités ?
Jake : On va devoir trouver un autre chanteur ! [rires]
Ronnie : On compte se centrer sur le groupe, vu qu’on est formés en tant que tel et qu’on tourne ainsi. Chacun y contribuera.
D’où vient le nom Red Dragon Cartel ?
Jake : J’aimerais bien avoir une anecdote intelligente à raconter à ce sujet, mais je n’en ai pas malheureusement. Il va falloir qu’on en invente une !
Ronnie : Il vient d’une association de mots, c’est une évolution à laquelle on a tous participer. Il n’y a pas de sens spécial derrière.
Darren James Smith : Les dragons sont super cool, le rouge est une belle couleur… [rires]
Jake : Black Dragon Cartel aurait pu être cool, mais la couleur noire est trop souvent utilisée dans le monde du hard rock. On a essayé d’autre couleurs : White Dragon Cartel par exemple, mais fait un peu suprématiste [rires]. Si on fait un album de blues, on pourra s’appeler Blue Dragon Cartel !
Rien à voir avec Hannibal Lecter du coup ?
Jake : Je n’y ai jamais pensé, mais maintenant que j’ai l’idée, j’ai peut-être trouvé mon anecdote sur le nom !
Etait-ce important pour vous d’avoir un album stylistiquement diversifié ?
Ronnie : On a juste pris les meilleures chansons qu’on avait. On les a fait évoluer ensemble. Du coup, même si elles sont diverses, elles forment une unité dans le disque. Cet album est complet, il t’emmène dans plusieurs endroits, mais tu as quand même un fil rouge avec le son et le jeu de Jake et les instruments, qui donnent une impression d’unité.
Est-ce que ta vision de l’industrie de la musique a changé après que tu aies joué avec Ozzy Osbourne ?
Jake : Avant d’entrer dans cette machine, je voyais les musiciens comme des frères, en quelque sorte. Je vois un autre guitariste et je l’apprécie tout de suite, nous avons des choses à partager et chacun prenait soin de l’autre et personne n’arnaquait personne. Quand je suis arrivé chez Ozzy Osbourne, toute cette histoire de business m’est apparue, avec tous les profiteurs et les opportunistes qui vont avec. Cette idée de fraternité entre les musiciens a disparu de mon esprit et je ne voyais que des gens qui voulaient montrer qu’ils étaient meilleurs que les autres. J’ai trouvé et esprit de compétition triste.
Parle-nous de ton expérience avec Sharon Osbourne en tant que manager.
Jake : Je me suis très bien entendu avec elle. Concernant l’aspect business, elle fait les choses à la manière qu’elle jugeait la plus appropriée, mais sur le plan personnel, je m’entendais mieux avec elle qu’avec Ozzy. Pas que je ne m’entendais pas avec Ozzy, mais on n’a jamais développé de relation quelle qu’elle soit une fois descendu de scène. On se saluait, c’est tout. Mais je pense que Sharon est quelqu’un de bien, tant que tu es de son côté.
Est-ce que tu voudrais retourner jouer avec Ozzy ?
Jake : Non. J’ai eu ma période avec Ozzy. Il a une idée restreinte de ce que tu peux écrire pour lui. Je pense que c’est une des raisons pour laquelle ils m’ont remercié. Je voulais étendre les horizons musicaux, jouer autre chose et voir jusqu’où on pouvait aller. Mais il disait "non, je veux un autre "Paranoid", je veux un autre "Crazy Train", écris-moi ça." J’en ai eu assez de devoir réécrire sans arrêt ces deux chansons. Du coup, je proposais autre chose pour le troisième album qu’on préparait et je ne pense pas que ça lui plaisait. Du coup, je me vois mal revenir avec lui.
Un grand merci à Christophe "blaster of muppets" d'Aux Portes du Metal pour la photo live.