Road Salt One, qui s'apparente comme le 7ème album du groupe prog suédois, sortira ce lundi 17 mai chez InsideOut. Et oui... la bande à Daniel Gildenlöw (entouré rappelons-le de Fredrik Hermansson, Johan Hallgren, et du batteur français Léo Margarit) nous revient pour un ovni musical. Une tentative artistique osée.
Oui, la prise de risque est énorme. Car Pain of Salvation délaisse allègrement son metal progressif "habituel" (bien que ce dernier mot ne semble pas faire partie du vocabulaire de nos suédois) pour emprunter un mix totalement improbable entre rock prog pyschédélique, grunge très américain et blues sudiste désenchanté... Le tout avec cette touche bien particulière (certes légèrement teintée de metal) qui fait du combo scandinave un groupe unique et déjà reconnu sur la scène internationale. Avec un chanteur/leader/compositeur au top de sa forme et de son inspiration...
Enregistré en grande partie dans des conditions live, ce Road Salt One (dont le sous-titres est Ivory) nous fait reprendre là où on s'était arrêté avec l'EP Linoleum"(vous retrouverez d'ailleurs son titre éponyme dans l'album). La production old school et plutôt minimaliste rend le résultat final encore plus surprenant et, disons-le, déroutant... Une route du sel qui déroute, ou toute la contradiction artistique d'une formation qui ne s'impose désormais plus aucune limite.
Dès le premier morceau, "No Way", le ton est donné : on croirait entendre du Queens of the Stone Age mélangé aux vieux succès du blues américain... mais avec cette tonalité prog qui, rassurons les derniers sceptiques, fait tout de même de la résistance sur cet inclassable brûlot. D'un feeling rare, cette impression ne fait qu'être confirmée de piste en piste, et dès lors un questionnement subtil vient s'installer au plus profond de notre âme... Peut-on oui ou non se satisfaire d'un tel album ?
Ceux qui appréciaient Pain of Salvation pour leur côté metal risquent de s'arracher les cheveux. Et de renier un CD diaboliquement différent et très éloigné d'un Scarsick sur-produit ou d'un Remedy Lane plus "prog classique". Non, ne cherchez pas à vous rattacher au passé, ou vous seriez déçus... Attendez-vous à quelque chose d'autre, d'improbable, de culotté, d'incompréhensible peut-être, et ainsi seulement vous saurez être en mesure d'apprécier cette production.
Du feeling, de la folie, de la créativité, mais aussi de l'émotion. Beaucoup d'émotions même. Le titre "Sisters" est absolument magique, gorgé de mélancolie, ébouriffant de frissons, et ce dès la première écoute. Une beauté implacable à en mettre les larmes aux yeux... et dont l'enchaînement avec la courte mais tout aussi délicate "Of Dust" (et son orgue délicat) vient nous achever. Splendide...
Le reste n'est que le miroir de ce que le début nous propose, avec encore plus de mystères ("Sleeping Under the Stars" et son profond côté comico-burlesque risque par exemple de rester dans les annales), des choses qui seraient impossibles à décrire avec des mots tant ce sont les oreilles qui doivent ici s'exprimer. Et pas seulement ! Car cet album s'écoute avec l'âme et le coeur, avant tout... parfois tel un Pink Floyd ressuscité.
Citons malgré tout "Curiosity" qui porte bien son titre et qui constitue un monument de mélodicité, "Road Salt" qui sonne le glas en une ballade où Daniel laisse libre cours à toute sa sensibilité (titre présenté d'ailleurs dans les qualifications suédoises de l'Eurovision 2010) ou encore "Innocence", seul morceau ici dépassant les 7 minutes, qui conclue cette galette en nous laissant un goût de "j'en veux encore" !
Et cela tombe bien, car qui dit Road Salt One dit forcément Road Salt Two. Cet album n'est donc ici pas complet, une deuxième partie nous attend quelque part dans l'année 2010 (probablement en octobre)... Sera-t-il aussi fou, aussi old school, aussi minimalistement génial que ce premier chapitre ? Si oui, Pain of Salvation aura alors réussi son pari. Et nous ne pouvons douter qu'ils parviendront encore à nous éblouir, à nous épater. Même si beaucoup de sceptiques trouveront peut-être (à tort ou à raison ?) beaucoup à redire...
Note : 8.5/10
A revivre pour l'occasion (en Podcast) :