Deux choses l'une : tout d'abord je vous renvois à la superbe chronique de cette galette par Cyrod. Ca y'est, vous l'avez lue ? Bon, l'idée était de proposer une double étude qui impliquerait, de fait, des avis différents. Mais vous risquez d'être déçus car, chez moi autant que chez mon collègue, le charme de cet entité a opéré.
Au delà des sons, cette étrangeté nous ouvre les portes d'un monde, d'un espace qui met mal à l'aise. Il y a des oeuvres qu'on aime ou qu'on déteste, mais avec Pensées Nocturnes ça ne marche pas comme ça. On peut y être sensible ou pas, on peut comprendre ou pas, mais peu seront ceux qui resteront indifférents.
L'écoute de Grotesque demande une grande disponibilité. Il faut écarquiller ses oreilles et son imagination car, dans le cas contraire, on risque de se faire chier ferme. Nous n'avons pas à faire à une musique accrocheuse et entraînante. Avec quantité de ternaires lents et monotones, Pensées Nocturnes donne plutôt dans le déséquilibre. Les sons sont malades, désabusés et difficilement qualifiables. Même la tristesse est encore trop chaleureuse pour cette ambiance aussi lancinante qu'une douleur.
Les nombreux cris sont distants, profonds et écorchés. Le clavier, le violon ou l'accordéon passent au loin à la façon de l'ombre d'une grandeur passée dans un déluge de disharmonies glauques.
Le son est bon, la technique est irréprochable, les soli sont inspirés... en fait tout est réuni pour que ces Pensées Nocturnes s'élèvent, mais elles semblent avoir fait le choix de se vautrer dans la fange. Voilà peut être pourquoi tout sonne à la fois creux (désespérément vide comme ces blasts rapides mais sans entrain) et fantastique. Au sens premier du terme.
Décrire cet album est impossible tant il fait appel à la subjectivité. Grotesque est une oeuvre qu'on ressent plus qu'on ne l'écoute. Le grotesque y est partout. On rit parfois mais on rit jaune dans cet espace où tout frotte et grince comme dans un vieux manoir.